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  Delphin Martin et Pierre Martin sont cousins germains.
   
  Louis Gorin et François Roy sont élus.
   
  Le conseil municipal comprend alors 12 membres. Lorsqu'un vote partage également les voix, ce qui arrive assez souvent
dans cette municipalité divisée en deux groupes antagonistes de même importance, celle du maire est prépondérante. A partir de 1947, le nombre de conseillers municipaux deviendra impair dans toutes les communes de France et passera ainsi à 11 à Maisonneuve.
   
  Tout au long de ce mandat, des dissensions profondes séparent les membres du Conseil, et à la fin, seulement quatre
élus assistent régulièrement le maire dans les réunions. Ils ne sont même que trois le 23 mars 1884. Le Conseil est convoqué à nouveau le 25 : quatre présents. A la troisième réunion, le 1er avril, il peut valablement délibérer, mais avec 5 membres seulement.
   
  Que se passe-t-il alors ? Le Conseil démissionne-t-il ou bien est-il dissous ? Toujours est-il que des élections par
anticipation ont lieu en 1884. L'apaisement semble revenu, car un seul tour suffit pour élire les 12 conseillers. Et pourtant les quatre membres évoqués ci-dessus, qui ont été réélus, sont absents pour l'élection du maire Delphin Martin (8 voix) et de l'adjoint Pierre Gaucher (8 voix). Il semble y avoir eu des modifications dans la composition de la majorité, puisque le maire est un ancien opposant de Texereau en 1881, alors que l'adjoint n'a pas changé. De sérieux désaccords persistent parmi les conseillers dont trois refusent de voter le budget en 1885. Les élections normales ont lieu cette année-là les 6 et 23 août et Delphin Martin et Pierre Gaucher sont réélus avec chacun 10 voix.
   
  La sérénité semble alors revenue au conseil municipal, car ils sont à nouveau réélus en 1888 avec chacun 8 voix. Il
semble que Delphin Martin ait été élu en même temps conseiller à Vouzailles, où il s'était marié précédemment et où il va habiter, y faisant construire le "château" qui deviendra plus tard, et est toujours, l'école primaire. Il démissionne donc à Montgauguier en 1889 et devient aussitôt maire de Vouzailles. Il le restera jusqu'en 1896.
   
  Pour le remplacer, Louis Réau est élu conseiller après deux tours de scrutin. Le Conseil se réunit le 30 juin pour choisir
son maire, mais seulement cinq membres sont présents, dont l'adjoint Pierre Gaucher; impossible de procéder au vote. Une deuxième convocation ne permet de réunir que les cinq mêmes personnes, mais à la troisième, tout le monde est présent. Jean Thiollet est élu au premier tour avec 8 voix, Pierre Gaucher conservant son poste d'adjoint.
   
 
En 1892, un seul tour permet d'élire les douze conseillers qui choisissent Pierre Guyot et Pierre Guillon (chacun 9 voix).
Ce tandem est réélu en 1896 (chacun 11 voix), en 1900 (chacun 10 voix), en 1904 (chacun 10 voix) et en 1908 (chacun 11 voix), année où il préside le premier conseil de la nouvelle commune de Maisonneuve.
   
  La loi de séparation des Eglises et de l'Etat,qui déchaîne en France de violentes passions, n'épargne pas Montgauguier.
   
  Déjà, en 1890, des conseillers ont refusé d'approuver le budget de la fabrique, arguant qu'ils n'avaient pas pu prendre
connaissance des comptes de 1889 et des pièces justificatives des dépenses "qu'on ne leur a pas présentées". Raisons valables peut-être, mais traditionnellement ce budget était jusque-là voté sans discussion, sur proposition du maire membre de droit du conseil de fabrique.
   
  Et le 30 septembre 1900, le secrétaire de mairie écrit dans le registre :
   
    "Le conseil municipal, après avoir entendu le compte-rendu de la grande manifestation républicaine
  du 22 septembre, fait par Monsieur Guyot, maire, qui a assisté au banquet des maires et aux diverses réceptions officielles, adresse à Monsieur Emile Loubet, Président de la République française, et à Monsieur Waldeck Rousseau, Président du Conseil des ministres, l'expression de son adhésion unanime aux sentiments d'attachement à la République, et de sa profonde reconnaissance au gouvernement qui lutte avec tant d'énergie contre le cléricalisme et toutes les réactions coalisées pour détruire les institutions établies, puis décide que la présente délibération sera transmise à Monsieur le Préfet de la Vienne, pour être portée à la connaissance du gouvernement."
   
 

Le texte se suffit à lui-même et n'a pas besoin de commentaires ! Précisons que les neuf conseillers présents l'ont

signé en bloc.
   
  A la clôture de la Grande Exposition Universelle de 1900, le président de la République Emile Loubet et le
gouvernement avaient organisé à Paris le 22 septembre, jour anniversaire de la proclamation de la République du 22 septembre 1792, un gigantesque banquet auquel ils avaient convié tous les maires de France. Ce fut un grand succès, puisque près de 21 000 maires, sur 35 000 environ, y participèrent, acclamant chaleureusement la République et ses représentants. Remarquons que le conseil municipal de Montgauguier y avait délégué son maire, alors qu'en avril, il avait refusé d'envoyer un groupe d'ouvriers et d'agriculteurs à l'Exposition Universelle par "manque de moyens pécuniaires" (voir chapitre 34). A moins que Pierre Guyot n'ait couvert lui-même de ses propres deniers les frais de son voyage.
   
  Donc la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, votée en décembre 1905, est difficile à faire appliquer à
Montgauguier. Le curé Etienne Renaudin se barricade dans l'église et maintient la porte avec l'aide de Hubert Cointre, futur maire, alors jeune homme. Pour l'enfoncer, les assaillants s'arment d'une poutre utilisée comme bélier. Ils peuvent ensuite effectuer l'inventaire exigé par la loi. Léa Métais se souvient de Firmin Gorin avec sa hache et de Pierre Sauzeau armé d'un pic, jusqu'à ce que sa mère interrompe brusquement le spectacle en venant vivement la chercher. Un enfant de choeur est ébahi de voir son grand-père briser la porte de l'église.
   
  La commune se partage en deux camps : l'un derrière le curé, intransigeant, passionné, violent, l'autre derrière le
conseil municipal tout aussi intraitable., avec un maire, Pierre Guyot, qui a cette particularité de se trouver dans un parti après avoir, plus jeune, milité dans l'autre, ce qui lui vaudra le surnom de "Bazaine". Avant 1906, il était membre de droit du conseil de fabrique de la paroisse présidé par Pierre Martin, le candidat malheureux aux postes de maire et d'adjoint en 1881, et y siégeait donc en compagnie du curé Renaudin.
   
  Le 22 janvier 1907 :
   
    "Monsieur le maire expose au Conseil que Monsieur Renaudin Etienne, desservant de Montgauguier,
  n'a pas encore évacué le presbytère de la commune, malgré l'injonction qui lui en a été faite a la date du 7 du présent mois... Le Conseil autorise le maire, à l'unanimité des présents [10 sur 12] à procéder par tous les moyens légaux, et notamment par voie judiciaire, à l'évacuation complète du presbytère. Le conseil municipal désigne ensuite Messieurs Gorin Firmin, Boulin François et Gorin Augustin, conseillers municipaux, pour visiter avec Monsieur le maire, le presbytère et ses dépendances... afin de reconnaître l'état dans lequel cet immeuble aura été laissé par son occupant..."
   
  Le 19 mars 1907, les quatre contrôleurs rendent compte au Conseil de leur mission exécutée le 10 mars. Ils ont
constaté :
   
    1. Des dégradations aux tapisseries et au plafond de plusieurs pièces.
   
    2. Le rocher dans la cour, sur le bord du bassin, est démoli.
   
    3. Les massifs sont sérieusement endommagés, surtout par le passage des charrettes, ce qui aurait pu être
  évité.
   
   

"Monsieur le maire expose au Conseil qu'il a été obligé, pour obtenir l'évacuation du presbytère,

  d'envoyer par huissier au sieur Renaudin Etienne, une sommation d'avoir à lui remettre les clefs du presbytère et de ses dépendances dans les 24 heures et à laisser l'immeuble en bon état... L'assemblée... donne à Monsieur le maire l'autorisation de poursuivre Monsieur Renaudin Etienne devant les tribunaux compétents pour l'obliger :
    1) A payer les frais de la sommation
    2) A réparer les dégradations... ou à payer une indemnité à la commune..."
   
  Finalement le 20 avril, le maire déclare que les deux experts désignés par lui-même et le curé, se sont mis d'accord sur
une somme de 30 F que celui-ci s'engage à payer.
   
  Le curé Renaudin va habiter avec sa nièce en bas de l'impasse de la Dive, dans la maison de Gustave Gaucher
(actuellement celle de Gilles Rougeon), lequel entrera quelques années plus tard au conseil municipal et deviendra pour longtemps adjoint au maire Pierre Boulin.
   
  Dans cette crise, Pierre Guyot semble avoir été soutenu par la majorité de la population, puisqu'il est réélu, avec son
adjoint Pierre Guillon, en 1908.
   
  C'est alors le curé de Massognes qui dessert l'église de Maisonneuve et un violent incident l'oppose au Conseil en
1909.
   
  Séance du 20 novembre 1909 :
 
    "Monsieur le maire expose au Conseil : le culte ayant été supprimé dans la commune à partir du 12
  septembre dernier et les portes de l'église étant restées fermées, à dater de cette époque, empêchant les habitants d'utiliser l'église pour l'exercice de leur religion, j'ai fait remettre par notre garde-champêtre à Monsieur le curé de Massognes, détenteur des clefs de l'église de Maisonneuve, une invitation à les déposer immédiatement à la mairie. Monsieur le curé n'ayant pas obéi... j'ai dû lui faire donner sommation par huissier, mais Monsieur le curé s'est refusé à remettre les clefs... J'ai fait assigner Monsieur le curé de Massognes... à comparaître devant le tribunal de la justice de paix de Mirebeau où il a été condamné :
   
    1. A déposer les clefs à la mairie dans un délai de 48 heures
   
    2. A payer à la commune 50 F de dommages et intérêts
   
    3. A payer tous les frais
   
    Monsieur le curé a fait opposition... et il m'a cité comme maire... à comparaître devant le tribunal de
  première instance de Poitiers..."
   
  Le conseil municipal donne alors pouvoir au maire pour défendre les intérêts de la commune.
   
  Nous ne pouvons donner ici qu'une seule version, en l'occurence celle de la municipalité., connue grâce au registre des
délibérations municipales. Mais selon le proverbe, "qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son".
 
  L'orage se calme peu à peu et, en 1911, le Conseil loue le presbytère, moins la buanderie réservée aux habitants (elle se
trouvait à la place des WC actuels) au nouveau curé Gaufreteau par un bail de 9 ans, moyennant un loyer annuel de 150 F. Il faut préciser que, si une partie du presbytère avait été utilisée comme bureau de poste depuis 1908, l'autre partie n'avait jamais pu être louée, malgré les recherches assidues d'un occupant par la municipalité.
   
  De nouvelles dissensions se font jour à la mairie à la fin de 1911. Sept conseillers seulement assistent aux délibérations
jusqu'en mai 1912, où sont élus au premier tour, comme maire et adjoint, Pierre Boulin et Gustave Gaucher (chacun 9 voix). Mais dans les jours qui suivent, on découvre qu'il y a eu fraude au dépouillement de la part, semble-t-il, de certains membres de l'ancienne équipe municipale (des Anciens affirment que l'urne contenait plus de bulletins que de votants). Les élections sont donc annulées et le 22 septembre 1912, six nouveaux conseillers (par rapport aux élus de mai précédent) entrent au conseil municipal. Pierre Boulin et Gustave Gaucher sont réélus maire et adjoint avec 11 voix chacun. Ce dernier est le fils de Pierre Gaucher, ancien adjoint de Jean Texereau, Delphin Martin et Jean Thiollet. Le secrétaire de mairie est alors l'instituteur Emile Texereau, ancien compagnon d'études de Pierre Boulin. Comme celui-ci, à cause de sa profession d'inspecteur de l'Enseignement primaire, est souvent absent, c'est Gustave Gaucher qui va, pendant très longtemps, exercer effectivement les fonctions de premier magistrat municipal.
   
  Cette nouvelle municipalité de 1912 n'est manifestement pas du même bord que la précédente, car le 1er juin 1913 :
   
    "Le maire soumet à l'assemblée deux notes, dont l'une de 59,50 F produite par Monsieur Valade, huissier,
  l'autre de 12,50 F de Monsieur Petit, greffier de la justice de paix de Mirebeau, notes relatives au procès intenté en octobre 1909 par la commune au curé de Massognes, alors desservant provisoire de la paroisse...
    Considérant... que la commune s'expose, si elle reprend la procédure, à être condamnée, le Conseil déplore
  que cette affaire ait été si légèrement et si témérairement engagée, regrette que la municipalité précédente, qui l'a mise en train, ne l'ait pas elle-même liquidée... dégage sa responsabilité au sujet des charges qui en résultent pour la commune... et décide... de solder les mémoires présentés..."
   
  Cette municipalité va rester en place pendant toute la durée de la Première guerre mondiale. Comme six conseillers, dont
le maire et l'adjoint, sont mobilisés, les six autres administrent la commune, avec seulement quatre présences nécessaires pour délibérer valablement. Ce sont alors les plus âgés, François Laurentin et Louis Huet, qui président, cédant leur place à l'un ou l'autre des deux militaires quand il revient en permission.
   
  L'armistice du 11 novembre 1918 est célébré avec tant d'enthousiasme à Maisonneuve que Emile Besson, dit Pieu, et
Hilaire Ridouard, tous deux militaires en congé, cassent la fixation d'une cloche; celle-ci tombe à leurs pieds sans les blesser.
   
  Des élections ont lieu en 1919. Pierre Boulin et Gustave Gaucher conservent leur poste, mais curieusement le compte-
rendu de la délibération n'est pas porté dans le registre. On remarque simplement par la comparaison des présents aux réunions, que la composition du conseil a changé entre le 22 novembre et le 18 décembre 1919.
   
  Une vive controverse va encore diviser la commune en 1920. Elle est suffisamment importante pour qu'elle soit signalée
dans plusieurs journaux et qu'il en soit fait mention dans un livre d'histoire : "La Vienne de la préhistoire à nos jours", déjà cité au premier chapitre. On y lit :
    "Dès 1920, la construction des monuments aux morts de la Première guerre mondiale dans chaque
  commune divisera la population... A Maisonneuve, deux monuments sont simultanément inaugurés... Le matin, on dévoile une plaque à l'église, et à quinze heures, on inaugure le monument aux morts."
   
  L'érection de celui-ci est décidée par le Conseil dans sa séance du 5 février 1920 et une souscription est ouverte pour un
coût prévu de 6 000 F. C'est Alfred David, dit Rencontre, sculpteur sur pierre, habitant dans l'actuelle impasse de la Dive, qui fabrique le monument. Il a déjà sculpté les stèles de nombreuses tombes, ainsi que les deux lionceaux qui ornent les piliers de la barrière d'entrée de la maison de Christian Grassin à La Mothe-Bureau. Voici un extrait du compte-rendu de l'inauguration, fait par le secrétaire de mairie :
   
    "Le dimanche 2 5 juillet 1920, a été inauguré solennellement le monument dédié aux enfants de
  Maisonneuve morts pour la France, et érigé dans le cimetière communal.
    Cette manifestation patriotique était organisée sous le haut patronage de Monsieur Raoul Péret,
  Président de la Chambre des députés, et la présence effective de Monsieur Ceccaldi, Préfet de la Vienne... Messieurs le sénateur Poulie, conseiller général du canton... Boulin Pierre, maire, Gaucher Gustave, adjoint, Blanchard Germain, Desgris François, Guillon Gédéon, Martin François, Laurentin François, Sénéchault Edouard, Gorin Désiré, Cointre Désiré, Métais Aristide, Martin Xavier, conseillers municipaux...
    Egalement présents à la cérémonie : Texereau Emile, instituteur en retraite, secrétaire de mairie,
  Monsieur et Madame Ferdonnet, instituteurs avec leurs élèves, Messieurs Bernard, facteur et receveur et Périnet, garde-champêtre, les familles éprouvées, les survivants... et les mobilisés..."
 
         
           
   
           
           
           
           
           
   
  Raoul Péret, homme politique départemental important, avait réussi une carrière nationale. Maire de Vendeuvre,
conseiller général du canton de Neuville, longtemps Président de la Chambre des députés, plusieurs fois ministre, en particulier des Finances, il aurait pu devenir Président de la République, s'il n'avait été éclaboussé (injustement) par l'affaire de la banque Oustric. Nous nous rappelons avoir entendu chanter à un banquet, juste avant la Seconde guerre mondiale, le célèbre calembour :
  "... puisqu'on avait dit que Raoul Péret tout..."
   
  Guillaume Poulie, très longtemps maire de Cherves, conseiller général de Mirebeau, fut sénateur de la Vienne et
Président du Conseil général.
   
  En 1925, Pierre Boulin et Gustave Gaucher sont réélus avec chacun 9 voix. De même en 1929.
   
  A partir de 1933, le projet de construction de la nouvelle mairie va à nouveau partager le Conseil. A cette fin, on achète
la maison de Auguste Bouillault, tisserand. Le 27 mai 1934, le plan définitif est adopté par 6 voix contre 5 et 1 abstention. Le devis s'élève à 70 000 F. Les Anciens déclarent que le maire désirait faire construire un étage pour y installer une salle des fêtes. Il n'y a aucune raison de mettre leur parole en doute, mais on ne trouve pas trace de cette intention dans les comptes-rendus des délibérations.
   
  Auparavant, le conseil municipal se réunissait à la maison d'habitation des instituteurs dont une pièce à droite (occupée
actuellement par le Crédit agricole) faisait office de mairie. Elle n'avait que 25 mètres carrés et était manifestement trop petite.
   
  Le nouvel édifice est inauguré le 25 avril 1935 (voir photo), mais les derniers travaux ne sont terminés qu'en août 1936 .
   
  On dit que cette construction aurait coûté à Pierre Boulin son poste de maire. Mais il avait déjà, à cette époque, 78 ans
(il mourra en 1951 à 94 ans). Il est vrai qu'aux élections qui se déroulent quelques semaines après l'entrée en fonction de la nouvelle mairie, le conseil municipal est presque entièrement renouvelé. De l'ancienne équipe, il ne reste plus que deux membres (opposés précédemment au projet) qui sont d'ailleurs élus maire et adjoint : Hubert Cointre et Constant Ayrault, avec chacun 11 voix. Ils garderont leur charge pendant toute la durée de la Seconde guerre mondiale et seront réélus en 1945 respectivement avec 9 et 10 voix.
   
  Hubert Cointre est un descendant de la 6ème génération de Vincent Cointre, maire de 1813 à 1816. C'est son grand-
père, un autre Vincent Cointre, arrière-petit-fils du précédent, qui, en se mariant avec Radegonde Laplaine dont le père, Jean, longtemps conseiller municipal, était propriétaire de La Guyardière et de la maison de Bersange, hérite de cette dernière au milieu du XIXème siècle.
   
  De nouvelles élections ont lieu seulement deux ans plus tard en 1947, imposées par la loi qui modifie la composition des
conseils municipaux dont le nombre des membres devient impair (11 à Maisonneuve). Constant Ayrault et Roger Caillault sont élus maire et adjoint.
   
  Là s'arrête notre étude, car les autres événements sont trop proches de nous et encore dans les mémoires de nombreux
habitants. La loi du 3 janvier 1979 n'autorise d'ailleurs la publication des archives municipales qu'à l'expiration d'un délai minimum de 30 ans.
   
  Voici la liste des maires et adjoints de 1850 à 1947 (tous élus au suffrage universel à partir de 1878) :
 
Maires
Adjoints
       
1850 - 1881 Jean Croizon 1850 - 1878 Pierre Martin
    1878 - 1881 Pierre Martin fils
       
1881 - 1884 Jean Texereau    
1884 - 1889 Delphin Martin 1881 - 1892 Pierre Gaucher
1889 - 1892 Jean Thiollet    
1892 - 1912 Pierre Guyot 1892 - 1912 Pierre Guillon
1912 - 1935 Pierre Boulin 1912 - 1935 Gustave Gaucher
1935 - 1947 Hubert Cointre 1935 - 1947 Constant Ayrault
1947... Constant Ayrault 1947... Roger Caillault
   
   
  LE BUDGET
   
   
 

Etablir le budget est toujours la principale tâche d'un conseil municipal. A Montgauguier, puis Maisonneuve, la

difficulté est plus grande que dans les communes voisines, car, du fait de sa superficie réduite, les rentrées de l'impôt foncier y sont plus faibles.
   
  Avant l'apport des 291 hectares détachés de Vouzailles en 1866, la situation de la commune de Montgauguier, quatre
fois moins étendue que cette dernière, est véritablement dramatique. Mais même après, il y a peu de délibérations municipales où cette difficulté n'est pas signalée. Ainsi le 4 novembre 1867 :
   
    "Le conseil municipal déclare à l'unanimité qu'il faut encore s'adresser au gouvernement de Sa
  Majesté l'Empereur pour obtenir un secours de 1 400 F, persuadé que cette demande sera favorablement accueillie par celui qui met son bonheur à couvrir la France de ses bienfaits"
   
  Le Conseil ne néglige pas la flatterie, persuadé sans doute que cela peut lui rapporter.
   
  Et le 26 juin 1881 :
   
    "L'assemblée a le plus ferme espoir que Monsieur le Ministre, prenant en considération la situation
  particulière de la commune de Montgauguier, son manque de ressources, l'exiguïté de son centième... l'étendue des sacrifices qu'elle s'impose... voudra bienlui accorder la somme qui lui manque..."
     
  Voici le projet de budget pour l'année 1866 :  
     
  Recettes  
     
  -recettes ordinaires 163 F
  -impositions extraordinaires votées précédemment 57 F
  -aide de l'Etat pour l'instruction primaire 773 F
  -impositions extraordinaires pour les dépenses des chemins vicinaux 1 155 F
 
=
2 148 F
     
  Dépenses  
     
  -frais administratifs 198,08 F
  -frais de la perception (traitement du receveur) 190,00 F
  -entretien édifices du culte 50,00 F
  -supplément de traitement au curé desservant 200,00 F
  -traitement fixe et logement de l'instituteur 830,00 F
  -entretien des chemins vicinaux 1 155,00 F
  -fêtes publiques pour les pauvres 30,00 F
  -salaire du garde champêtre 200,00 F
  -frais de confection des rôles de prestations 6,50 F
  -traitement du commissaire de police cantonal 47,50 F
  -acquisition d'une armoire pour les archives 30,00 F
 
=
2 937,08 F
  Les dépenses d'entretien des chemins vicinaux dévorent près de 40 % du budget de la commune. Il en a été ainsi
pendant très longtemps. Deux chemins ont coûté très cher, et pendant de nombreuses années : celui de Maisonneuve à Doux et celui menant à Beauvais.
   
 
Dans le texte de la délibération municipale du 10 novembre 1873, on lit :
   
    "Considérant que le chemin de Maisonneuve à Beauvais doit faciliter l'emploi des carrières qui se
  trouvent près dudit chemin, considérant d'autre part que ce chemin doit mettre en communication directe avec la route de Cherves à Maillé, et que, par là, il devient le chemin le plus court pour aller à la gare du chemin de fer de Poitiers à Bressuire, qui doit être établie à Ayron, et que c'est encore la route la plus directe pour aller à Latillé où les habitants de Montgauguier sont appelés souvent pour leurs affaires.
    Le Conseil, après en avoir délibéré, demande avec insistance que toutes les ressources disponibles
  pour les chemins soient employées à la construction du chemin de Maisonneuve à Beauvais..."
   
   
  Sur la maison de E TEXEREAU, à gauche, on aperçoit et sans doute, près de la porte, un cadre pour placer les documents administratifs. Cette photographie a donc été prise avant 1913.
 
  Après cette date, l'affichage se fait sur le mur de la maison actuelle de Serge METAIS (où s'installera la poste de 1900 à 1908). On apercoit le cadre sous la publicité "Julien". Remarquer à gauche le puit disparu dans les années 1970.
   
 
 
1950
   
 
 
Vue aériennes de Maisonneuve. En haut à droite, les bâtiments de La Guyardière.
   
  Avant la Révolution, cette voie n'était pas celle dont on parle ici et qui est le chemin actuel. Elle partait des Saules, en
prolongement de la Grand-Rue, le long de la maison de Harlé Marteau.
   
  A partir de 1882, le traitement de l'instituteur est pris en charge par l'Etat. La commune doit seulement fournir un
logement ou, à défaut, une indemnité compensatrice. Par contre l'aide reçue pour l'instruction primaire est supprimée et la dépense restera à peu près la même.
   
  Après 1906, date de séparation de l'Eglise et de l'Etat, la commune n'est plus tenue de verser un traitement au curé
desservant la paroisse, obligation qui découlait du Concordat de 1801. Elle continue à entretenir les édifices du culte (église et presbytère) qui lui appartiennent. La somme de 50 F inscrite ci-dessus au budget est très faible, mais en 1866, les deux bâtiments sont construits depuis quelques années seulement et sont donc en parfait état.
   
 
Le projet de budget est en déficit, comme les autres années d'ailleurs. Il sera équilibré par les subventions obtenues de
l'Etat et du département, quelquefois aussi par le vote de centimes additionnels. Après 1867, l'apport des impôts fonciers sur les terres récupérées autour de La Mothe-Bureau donnera une bouffée d'oxygène à la trésorerie de la commune. Mais les propositions de budget continueront à être déficitaires.
   
   
  INSTALLATION DU SERVICE POSTAL ET DE L'ELECTRICITE
   
   
  L'électricité, le téléphone, la distribution du courrier venant de toutes les régions de France et du monde, tout cela fait
tellement partie de notre vie de tous les jours que nous ne pouvons imaginer d'en être privés. Ces merveilleuses commodités sont pourtant récentes et nous sommes encore nombreux à avoir connu l'éclairage à la bougie ou à la lampe à pétrole. L'établissement du service postal et l'installation de l'électricité ont demandé beaucoup d'efforts et de patience à nos édiles municipaux.
   
  On pourrait y ajouter l'eau courante, mais la commune de Maisonneuve n'en a été équipée qu'après 1945, donc hors
des limites chronologiques de notre étude.
   
   
 

LE SERVICE POSTAL

   
   
 

C'est en 1627 que s'établissent les premiers bureaux de la "Poste aux lettres", le long des voies où circule la "Poste aux

chevaux", c'est-à- dire les diligences qui font relâche dans les "Relais de poste".
   
  La lettre est envoyée en "port dû" : le destinaire paie lorsgu'il retire le pli au bureau, le montant à percevoir étant noté à
côté de l'adresse. L'expéditeur serait d'ailleurs d'une grande incorrection avec son correspondant s'il réglait la taxe. Celle-ci varie selon la distance et le poids de la lettre, laquelle n'est qu'une feuille de papier pliée et fermée par un cachet de cire (lettre cachetée). Ce n'est qu'à partir de 1653 que l'affranchissement est effectué au départ. Il est confirmé dans un petit billet attaché à la lettre et dont on n'a qu'à remplir les blancs : "port payé le... jour de l'an...". Ces papiers s'achètent à la douzaine et s'appellent "billets de port payé". Ils sont donc les ancêtres du timbre dont le premier représente Cérès, déesse de l'agriculture, et est mis en circulation le 1er janvier 1849, en même temps que l'enveloppe "cachetée" (le savant Arago était alors ministre des Postes). On vend même à une certaine époque des enveloppes préalablement timbrées.
   
  En 1781, la "Poste aux lettres" part de Poitiers le dimanche et le mercredi à 10 heures du soir et arrive à Paris les
mercredi et samedi suivants au matin. Voici les prix du courrier :
 
  lettre simple 8 s
  lettre avec enveloppe 9 s
  lettre double 14 s
  paquet 32 s l'once (une once vaut 30 g environ)
     
  En 1785, la diligence part de Poitiers le vendredi à 3 heures du matin, arrive à Paris le lundi suivant, repart le mardi et est
de retour à Poitiers le vendredi matin à 9 heures (c'est l'heure exacte donnée par l'exploitant, mais elle est rarement respectée). Le prix du voyage est de 71 14s dans la voiture et de 44 1 10 s sur le siège à l'extérieur. Les bagages paient 4 s 6 d la livre (de poids).
   
  Jusque vers 1830, l'acheminement du courrier est très lent et concerne surtout les villes. Il faut toujours trois jours à la
diligence pour franchir la distance de Paris à Poitiers. Vers 1832, on prend la décision d'établir un service de distribution du courrier dans les communes rurales.
   
  C'est la création du chemin de fer qui va, peu à peu, accélérer et généraliser la distribution du courrier. Vers 1860, toutes
les communes de la Vienne ont à peu près un service journalier, souvent tardif. Pour Montgauguier, les lettres arrivent par Chalandray. Ensuite, à pied, en voiture à cheval, plus tard à bicyclette, elles s'acheminent lentement vers leur destination finale.
   
  Jusqu'à une période récente, le facteur est pour les campagnes, surtout pour les fermes isolées, le lien avec le bourg ou la
ville. Non seulement il emporte les lettres à poster, mais on le charge aussi de nombreuses commissions ou achats. Il est payé par "un coup de rouge", quelquefois le déjeuner le midi, ou quelques boudins et côtelettes lors de la "fête du cochon".
   
  C'est en 1883 que, pour la première fois, l'administration des postés propose de créer un bureau à Vouzailles (sans doute
à cause de sa situation d'ancien canton) et demande son avis à notre commune. Dans sa séance du 11 mars 1883, le conseil municipal remarque :
   
    "Le village de Maisonneuve, commune de Montgauguier, où se trouve agglomérée la presque totalité de la
  population, et où sont construits tous les édifices publics, est le point le plus central entre les communes de Cherves, Montgauguier, Massognes, Cuhon et Vouzailles... Il existe en outre une route directe de Mirebeau à Chalandray, en passant par Cuhon et Massognes, traversant d'un bout à l'autre le village de Maisonneuve... et les villages de La Touche et Seran, bourgs importants de la commune de Cherves... Le conseil municipal demande que le bureau de poste... soit créé à Maisonneuve pour être desservi de préférence par Chalandray... car Vouzailles se trouve à l'extrémité des autres communes."
   
  On retrouve encore une fois cette difficulté causée par le nom de la commune, Montgauguier étant excentré par rapport
aux communes voisines, au contraire de Maisonneuve.
   
  Massognes s'engage à payer le tiers des loyers du local utilisé comme bureau et du logement du préposé. Montgauguier
versera le reste, en prenant avec cette dernière commune l'engagement de maintenir son effort pendant au moins 18 ans. Cherves semble alors d'accord, mais le 12 février 1886, l'administration des postes prévient que "le conseil municipal de Cherves a demandé la création d'un établissement de facteur-boîtier municipal en sa commune". Le Conseil de Montgauguier réagit vivement :
   
    "Considérant que la commune de Cherves est le point le plus reculé du département, qu'elle est formée de
  12 à 13 villages situés de 4 à 6 kilomètres les uns des autres, que son chef-lieu est fort éloigné de toutes les autres communes du canton..."
   
  Et le maire insiste encore sur le fait que Maisonneuve (et non Montgauguier) est au centre de toutes les autres communes
concernées. Le 24 novembre 1889, le Conseil refuse l'installation d'un poste téléphonique proposé par l'administration, car :
   
    "... le prix d'achat et d'installation des appareils du poste téléphonique, ainsi que les frais de construction
  de la ligne électrique destinée à relier le téléphone au bureau télégraphique (lequel est éloigné de 8 kilomètres de Maisonneuve) seraient trop onéreux."
 
  De gauche à droite : Alfred FILLON, Adeline FILLON, Edouard BONNIN (avec un chapeau),
Jeanne RIDOUARD, Blanche DESGRIS, Guy AYRAULT(enfant), Désiré DESGRIS,
Joseph PALONNEC (enfant), Constant AYRAULT, Jean BRIN, dit Jombène (mains dans les poches),
André AGUILLON, Julien THIOLLET, et à bicyclette : Jean et Moïse GUILBAULT
Au fond : la maison de Emile VILLAIN, cordonnier, démolie en 1940
A gauche : l'épicerie FILLON, premier Bâtiment de la poste en 1900
   
 
  De gauche à droite : Léon BOUILLAULT, Raphaël GASTON (tablier de cuir), Pierre FORTUNE
dit Charline (tambour) qui montait sur une borne située au coin de la maison de Emile VILLAIN ;
Au fond face à l'église : pour faire ses annonces, Emile BLANCHARD (jambes écartées) ;
Près de la voiture : Jean ROUX, marchand de vaisselle, beau-frère de Adeline FILLON
Devant l'église : la maison des TEXEREAU, démolie récemment par Albert COINTRE
Remarquons que l'électricité n'est pas encore installée (comparer avec la photo de la place en 1930)

   
 
  En 1890, rien n'est réglé, et le "facteur" Jacques Boulin demande "l'autorisation de desservir le hameau de Jarzay avant
de faire la distribution des dépêches de la commune de Montgauguier" (qu'il va chercher à Chalandray).
   
  Le 26 juin 1892, à la suite d'une demande faite par l'administration, le conseil municipal prend à nouveau l'engagement
de fournir gratuitement, pendant 18 ans, le local nécessaire au fonctionnement du service des postes et au logement du titulaire, et demande que l'on veuille bien hâter la création de la recette réclamée depuis 1883.
   
  Le 17 juin 1900, nouvelles plaintes du maire :
   
    "La correspondance ne parvient chaque jour qu'à trois heures et demie ou quatre heures du soir,
  quelquefois même cinq heures. Il n'existe pas dans le département une localité aussi déshéritée que Montgauquier pour ce service."
   
  Il rappelle toutes les délibérations municipales à ce sujet depuis 1883, et le Conseil s'associe à lui pour réclamer à
nouveau le bureau de poste.
   
  Enfin le 17 septembre 1900, un "établissement de facteur-receveur" est créé à Maisonneuve "sous réserve expresse
que le prix du loyer, tant pour le bureau que pour le logement du préposé, ne soit pas supérieur à 150 F".
  Il a donc fallu attendre 17 ans pour obtenir satisfaction !
   
  Le 28 juillet 1901, le conseil municipal accepte "l'organisation du service téléphonique départemental". La commune
paiera sa quote-part des intérêts de l'emprunt nécessaire, plus une indemnité au facteur pour le surcroît de travail, et un salaire pour le porteur d'avis d'appel ou de messages téléphoniques dans l'étendue de la commune.
   
  Le 6 novembre 1904, le conseil municipal constate : "la création d'un établissement de facteur-receveur à
Montgauguier n'a donné qu'en partie satisfaction aux habitants de la commune et à ceux des communes environnantes". Il demande sa transformation en recette des postes de plein exercice. Le même jour "Monsieur Pierre Gauthier, coureur à pied de La Touche à Maisonneuve et vice versa, demande, en raison de la mauvaise saison proche, l'autorisation de partir le soir du bureau de Maisonneuve à 17 heures au lieu de 17 heures 30." Accordé.
   
  Constant Ayrault se souvient très bien que Pierre Gauthier allait à pied chercher le courrier à la gare de Chalandray. Il
revenait toujours avec une faible charge, les lettres étant rares à l'époque.
   
  Le 23 mars 1905, l'administration veut rattacher Montgauguier à Mirebeau au moyen d'un fil téléphonique passant par
Vouzailles et Amberre, au lieu de Cuhon, comme prévu initialement. Le Conseil refuse la proposition et retire l'adhésion de la commune au réseau téléphonique. Il revient sur sa décision le 25 juin de la même année, mais :
   
    "Le conseil municipal exprime l'espoir que l'administration voudra bien se souvenir des sacrifices
  moraux que la commune fait en la circonstance, en lui accordant le plus promptement possible certaines compensations capables de ramener le calme dans l'esprit surexcité des habitants de Montgauguier."
   
  Impossible de connaître la signification de cette demande.
   
  Le Conseil désire que le service télégraphique soit adjoint au service téléphonique et décide que la distribution des
télégrammes sera gratuite.
   
  En novembre 1906, le journal "L'Avenir de la Vienne" publie un avis d'enquête relatif à "l'établissement du fil
téléphonique à Montgauguier."
   
  Le premier bureau de poste est installé en 1900 dans la maison actuelle de Serge Métais, ancienne épicerie Fillon, près
de la place de l'église. On peut encore lire en haut de laporte : "Caisse nationale d'épargne".
   
  Le 21 novembre 1908, le conseil municipal envisage de le déplacer dans une partie du presbytère libéré par le curé
après la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et propose un bail à l'administration des Postes, qui l'accepte.
   
  Plus tard, le 9 juillet 1911, le Conseil décide d'acheter une maison appartenant à François Martin, de Coyeux,
descendant de Louis Martin, pour y transférer le bureau de poste. En effet, les rapports avec l'Eglise se sont normalisés et la commune envisage de rendre le presbytère au curé. La maison revient à 4 650 F, plus 800 F de frais. Avec les 5 300 F de travaux projetés, l'affaire revient à 10 750 F, et la commune fait un emprunt de 10 800 F. C'est le bureau de poste actuel que la commune a ainsi acquis et aménagé en 1911.
 
    Le service des postes est désorganisé par la première guerre mondiale, et le conseil municipal de Maisonneuve
constate, le 22 août 1920, "qu'il est impossible de répondre, dans la même journée, aux lettres distribuées". Les choses s'arrangent sans doute rapidement, puisque, jusqu'en 1945, la poste ne fera plus partie des préoccupations du conseil municipal.
     
     
    L'ELECTRICITE
     
     
    Son installation est évoquée pour la première fois le 24 avril 1914, dans la convocation du conseil municipal en
"session extraordinaire le 27 courant" :
     
   
"Objet : délibérer
   
 
1.
sur l'obligation d'un service d'autobus entre Chalandray et Lencloître.
 
2.
sur l'établissement de l'éclairage électrique dans la commune."
     
  La réunion a lieu comme prévu, mais le Conseil n'engage aucune discussion sur la question, sans donner la raison de cette
omission. Et bientôt, la guerre va amener des sujets de préoccupations beaucoup plus graves.
   
  Ce n'est qu'en 1923 que l'affaire réapparaît. La commune décide d'adhérer au "Syndicat intercommunal départemental pour
la distribution de l'énergie électrique", ayant pour objet "l'achat en gros du courant électrique, sa répartition, sa distribution." Pour contribuer à la formation du syndicat, le conseil municipal vote un droit d'entrée de 1,50 F par habitant, pendant les années 1923, 1924, 1925. La population de la commune étant de 556 habitants, la participation totale sera donc de 1,50 x 556 x 3 = 2 502 F.
         
  Cette création du réseau électrique représente, pour le département, une dépense énorme. Elle se décompose ainsi :
         
 
1 -
Participation de la Société des Forces motrices de la Vienne
1 300 000 F
 
 
2 -
Avance du Crédit agricole à 3 % sur 40 ans
8 550 000 F
 
 
3 -
Subvention du Ministère de l'Agriculture
7 130 000 F
 
 
4 -
Droit d'entrée (1,50 F/hab pendant 3 ans)
714 000 F
 
 
5 -
Subvention du département
3 250 000 F
 
 
6 -
Emprunt syndical à 6 % sur 30 ans
9 656 000 F
 
   
  Chaque commune, pour sa quote-part, doit garantir l'emprunt du syndicat dont elle est membre. Le conseil municipal
de Maisonneuve le fait donc, pour la somme de 33 838,42 F, dont l'amortissement en 30 ans, au taux de 6 % nécessite le versement d'un total d'annuités s'élevant à 2 458,36 F.
   
  Le Conseil vote à cet effet une imposition extraordinaire de 115,86 F par an, pendant 30 ans à partir de 1924, "étant
entendu que cette imposition ne sera recouvrée qu'en cas d'insuffisance de recettes et dans la seule mesure de cette insuffisance."
   
 

Le 16 avril 1925, le maire demande au syndicat :

   
    "... d'organiser l'installation de l'éclairage électrigue dans l'agglomération en même temps que seront
  effectués les travaux nécessaires pour établir le courant de distribution générale. Le nombre de lampes à prévoir pour le moment est fixé à 6 dans les rues... Pour ce qui concerne l'éclairage des bâtiments communaux, une lampe suffira. Elle sera placée dans la salle de la mairie."
   
  Donc pas de lampe dans les écoles. Le conseil municipal avance très prudemment dans la voie du modernisme et craint
probablement que ce nouveau mode d'éclairage soit trop onéreux. L ' électrification des maisons se fait peu à peu et est
complètement terminée au début de la Seconde guerre mondiale. Bien qu'elle coûte cher, surtout pour les écarts où, en plus de l'installation, il faut payer un ou des poteaux-relais, elle représente un énorme progrès pour l'éclairage et permet bientôt de recevoir des nouvelles du monde entier par l'intermédiaire de la TSF. En 1939, des postes de radio existent dans quelques maisons à Maisonneuve, et l'auteur se rappelle y avoir entendu le 3 septembre, l'annonce de la déclaration de guerre et avoir été très impressionné en voyant pleurer, à cette information, des hommes ayant combattu lors de la Première guerre mondiale. L'hécatombe qui s'était alors abattue sur la commune, surtout dans les premiers mois de la bataille, n'était pas oubliée par ceux qui l'avaient vécue !
   
   
  AUTRES EVENEMENTS DONNES DANS L'ORDRE CHRONOLOGIQUE
   
   
 

En 1818, Jean Brault, fils de Pierre Brault, propriétaire de La Guyardière, reçoit un mauvais numéro (le 27) au tirage au

sort pour la conscription. Pierre Brault signe alors devant notaire un contrat avec Toussaint Barreau, cultivateur à Neuville, afin que celui-ci remplace son fils, et s'engage à verser 750 F, dont 24 F à la signature, 426 F au départ et 300 F à l'arrivée au Corps. De plus, il constitue une rente viagère de 35 doubles décalitres de froment, payable chaque année le 25 novembre jusqu'au décès de Barreau et réversible à l'épouse de celui-ci jusqu'à sa mort. Pierre Brault acquitte aussi tous les frais de notaire. Pour garantir la bonne exécution du contrat par les deux parties, deux hypothèques sont prises, l'une sur une terre de 4 ha appartenant à Brault, l'autre sur une vigne de 60 ares, propriété de Barreau, lequel devra en cas de rupture verser 2 000 F de dommages et intérêts en plus du remboursement des sommes déjà reçues.
   
  Il en coûtait donc très cher pour se faire remplacer et seuls les gens aisés pouvaient se le permettre. Il est vrai que le
service militaire durait alors plusieurs années et l'on comprend l'angoisse étreignant les jeunes gens qui devaient subir l'épreuve du tirage au sort.
   
  En 1826, une importante affaire crée une vive effervescence dans la commune : il y aurait eu un infanticide à
Montgauguier. La rumeur qui courait depuis plusieurs mois, arrive aux oreilles de la justice qui ouvre une enquête en avril et fait incarcérer Madeleine Manteau de Pauillé, à la prison de La Pierre Levée de Poitiers. "La coupable" interrogée plusieurs fois par le juge d'instruction fournit trois versions différentes des faits. Selon la première, elle a seulement feint d'être enceinte, espérant ainsi obliger le "père", Louis Métivier, à l'épouser. Selon la deuxième, elle a bien accouché chez elle le 26 décembre 1825 d'un garçon, mais elle a déposé l'enfant le lendemain matin devant la porte de la veuve Métivier, chez laquelle son fils réside. Enfin, selon la troisième, elle a accouché à La Maisonneuve, commune de Saint-Loup-sur-Thouet, et a rapporté le garçon à Montgauguier, toujours pour l'exposer devant la maison du "père". Bien sûr, celui-ci déclare n'avoir jamais vu l'enfant. Une enquête effectuée dans les orphelinats proches indique que des garçons ont bien été. abandonnés dans les jours ou dans les semaines qui ont suivi la date présumée de l'accouchement, mais rien ne prouve que celui de Pauillé en fasse partie. L'affaire passe en Cour d'assises en août 1826. Plusieurs habitants de Montgauguier viennent témoigner, dont le maire Charles Marteau, mais chacun ne fait que répéter la thèse qu'il a retenue en fonction de ce que Madeleine Manteau lui avait déclaré. Si bien que celle-ci est acquittée par le jury qui semble avoir jugé être en présence d'une mythomane, car l'enfant n'avait jamais pu être retrouvé.
      D'après AV, 2U 549
   
  En 1850, les maires de Montgauguier, Cherves et Massognes, écrivent au Préfet pour s'inquiéter, "selon un bruit qui
court", du possible "changement de direction du chemin n° 31 de Mirebeau à Chalandray, passant par les bourgs de Cuhon et Massognes, et les villages très populeux de Maisonneuve, La Touche et Seran."La crainte s'avère non fondée.
   
  Le 11 août 1850, le conseil municipal décide la construction d'une chaussée empierrée remplaçant l'allée de La
Guyardière (actuellement rue du Bourg-Bernard) :
   
    "Considérant qu'à l'endroit appelé La Guyardière, l'eau de la rivière sort de son lit et va se perdre dans
  les fossés voisins et dans les chenevières, et qu'il est nécessaire, tant dans l'intérêt des meuniers qui ont des moulins mus par l'eau de la rivière, que des riverains dudit cours d'eau, d'y faire une chaussée..."
   
  Il affecte une somme de 50 F à cet effet.
   
  En décembre 1853, le Conseil vote un secours à 18 familles d'indigents composées de 65 personnes "qu'il faut aider
pendant quatre mois de l'année."
   
  De nombreuses foires existent dans les communes voisines entre 1850 et 1939. Le conseil municipal est souvent
consulté, soit pour leur création, soit pour des changements de date. Nouvelle affaire judiciaire importante en 1860. Cette fois, il s'agit d'une escroquerie avec faux en écriture. Le coupable, Louis Girard, né à Cherves, mécanicien à Chalandray; la victime, François Bénard, propriétaire-exploitant agricole résidant à Montgauguier.
   
  Le premier fait le commerce de "manèges à battre les grains", et après plusieurs rencontres avec le second dans
l'auberge tenue par Aimé Blanchard à Maisonneuve (ancêtre de Marcel et Narcisse Blanchard), il lui a vendu une de ses machines pour la somme de 1 000 F. Mais Louis Girard a une dette importante auprès de son fournisseur qui s'impatiente et il le calme provisoirement en lui remettant un billet à ordre de 500 F signé par François Bénard. Lorsque celui-ci est prié de payer, il refuse, niant avoir endossé ce billet, d'autant qu'il n'a pas reçu sa machine. La justice se met alors en branle et des experts graphologues affirment que la signature ne peut pas être celle de Bénard mais serait tracée de la main de Girard qui l'a frauduleusement imitée. Celui-ci est alors incarcéré à la prison de La Pierre Levée et passe en Cour d'assises devant laquelle viennent témoigner plusieurs habitants de Montgauguier, dont le maire Jean Croizon et Aimé Blanchard qui a fourni un encrier et une plume pour la rédaction du contrat de vente. Girard est déclaré coupable, mais bénéficie des circonstances atténuantes. Nous n'avons pu trouver à quelle peine il avait été condamné.
      D'après AV, 2U 1645
   
  Le 4 novembre 1861, le maire constate :
   
    "Voici deux ans de suite que nous ne faisons aucune récolte et la misère sera grande dans notre pays pendant
  bien longtemps."
   
  Le 30 mai 1870, le conseil municipal prend la décision d'agrandir le cimetière nouvellement créé en 1862 et achète à cette
fin pour 500 F une parcelle de terre de 730 m2 à André Rolland, gendre de René Aguillon qui avait fourni le premier terrain.
   
  Le 4 décembre 1870, le conseil vote un crédit de 370,76 F pour acquitter sa quote-part dans l'entretien de la garde
nationale mobilisée dans la guerre contre la Prusse.
   
  C'est en 1874 que la municipalité fait relier et cartonner les registres paroissiaux d'état-civil pour une somme de 30 F.
Dépense judicieusement effectuée !
   
  Le 12 mai 1879, le Conseil vote une somme de 25 F pour l'entretien des enfants trouvés, et fixe la taxe sur les chiens à 3
F (en 1931, elle sera de 5 F pour ceux d'agrément et de chasse et de 1 F pour ceux de garde).
   
  En 1880, Maisonneuve a trois cafés qui possèdent chacun un billard sur lequel ils paient une taxe.
   
  Le 23 mai 1887, le conseil de fabrique propose la construction d'un escalier en fer pour monter au clocher, car
jusqu'alors, on se servait d'une échelle. Le devis s'élève à 432 F. La préfecture préfère un escalier en bois, mais celui-ci, après étude, s'avère impossible à monter, vu l'exiguïté de la place disponible.
   

"par raison d'économie, parce que ses fonctions sont devenues beaucoup moins utiles depuis que les vignes, qui

exigeaient une surveillance constante, ont été détruites par le phylloxéra. Un appariteur de police surfit amplement pour surveiller les propriétés communales."
   
  Le poste sera rétabli en 1892, suite aux réclamations des habitants.
   
  Assez fréquemment, le conseil municipal est sollicité par d'anciennes personnes condamnées, pour les aider à obtenir
leur réhabilitation. Avant 1900, il se réunit souvent le dimanche après la messe.
   
 

Le 3 janvier 1886, la société agricole mirebalaise souhaite la construction d'une ligne de chemin de fer qui relierait

Lencloître Mirebeau Thénezay La Ferrière. Le conseil municipal de Montgauguier refuse de participer aux frais éventuels.
   
  Le 23 décembre 1886, le Conseil donne un avis favorable à l'introduction dans notre région de plants de vigne
américains pour remplacer ceux détruits par le phylloxéra.
   
  Dans la nuit du 21 au 22 janvier 1890, un terrible orage arrache les toitures de l'église, du presbytère, de l'école. Le
portail du presbytère est "réduit en morceaux et irréparable".
   
  Le 28 avril 1891, le conseil municipal demande que le percepteur passe le dimanche, au lieu du mardi, pour percevoir les
impôts. Il ne semble pas qu'il ait obtenu satisfaction !
   
  Le 26 juin 1892, le maire attire l'attention du Conseil sur :
   
    "... le précipice affreux qui existe à la naissance de la rivière, la "Dive mirebalaise", aux Saules, et où nombre
  d'accidents ont failli arriver."
   
  On décide de construire un mur.
 
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