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  A la fin de 1374, le Poitou est entièrement reconquis par le roi de France, Charles V, et jusqu'à la fin de la guerre en 1453
ne connaîtra plus de grandes batailles. Mais il sera souvent (tout comme l'Anjou) le lieu d'escarmouches entre des bandes de soldats mercenaires non encadrés, les "grandes compagnies", qui pillent et rançonnent sur leur passage, et dont Duguesclin débarrassera provisoirement la France en les emmenant en Espagne.
   
    "L'insécurité devient à nouveau la règle, dans les domaines de Sainte-Croix les plus exposés, à partir des années

1410 et pendant un quart de siècle... Du côté ... de Maillé, on retrouve les terres laissées à l'abandon comme au siècle précédent... En 1413, le village est comme détruit et désert, et la plupart des habitants qui y sont demeurés sont prêts à tout laisser et à s'en aller à cause des routiers et des pillards."

      MSAO, 4ème série, tome 19
   
  Cuhon, dépendant du chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers, est dévasté en 1437.
   
  En 1444, l'abbesse de Sainte-Croix, Raymonde de Peyrat, obtient par la lettre suivante du roi Charles VII, la permission
de fortifier sa maison de Pauillé (voir document n° 4) :
   
  "Charles, par la grâce de Dieu roi de France, faisons savoir à tous, présents et à venir. Nous avons reçu l'humble
supplication de nos bien-aimées les religieuses... de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, étant de fonction royale, contenant que pour leur sûreté... et salvation d'elles, de leurs métayers, hommes et sujets, et de leurs biens, et pour obvier aux grandes roberies, pilleries et dommages qu 'elles... souffrent chaque jour à l'occasion... des courses que les gens de guerre étant à notre service leur... font souvent, elles ont pris en intention et volonté de faire fortifier leur hôtel de Pauillé...
Nous, ces choses considérées, désirons lesdites religieuses qui sont de fondement royal, et leurs dits métayers et sujets, être
préservés et gardés en sûreté... Avons donné et octroyé, de grâce spéciale, par ces présentes, congé ... de faire fortifier ledit
hôtel de Pauillé, de murs, tours, portails, fossés, pont-levis, guérites, barbacanes et autres fortifications...pourvu toutefois que ceux qui demeureront et habiteront... la place ainsi fortifiée, feront le guet et garde....
Mai 1444, 22ème de notre règne"
      AHP, n°29
   
  Cette fois, il s'agit de se protéger des propres soldats du roi de France qui, lorsqu'ils ne sont pas en guerre, se livrent eux aussi
à de nombreux brigandages et pillages.
  Précédemment, en 1438, Charles VII avait accordé à l'abbesse la confirmation de ses privilèges.
 
  Des documents sur l'abbaye de Sainte-Croix permettent donc de savoir que Pauillé, comme Ayron et Maillé tout proches, a
souffert pendant la guerre de Cent Ans. Qu'en a-t-il été pour Montgauguier et en particulier Maisonneuve ? Nous n'avons trouvé aucun texte permettant de répondre. Sans doute, la paroisse ne fut-elle pas épargnée, à moins que le nom de l'ordre de Malte et sa vocation séculaire de secours et d'entraide aient pu la préserver, ce qui est fort douteux. Les bâtiments actuels (sauf la chapelle) datant de la fin du XVème siècle, il est donc possible que les précédents aient été endommagés ou détruits pendant la guerre de Cent Ans.
   
   

GUERRES DE RELIGION
   
  Après une accalmie d'un siècle, le Poitou et l'Anjou sont le théâtre de nouveaux désordres provoqués par les guerres de
religion dans la seconde moitié du XVIème siècle (1562-1598). Calvin est venu prêcher à Poitiers en 1534, et la religion réformée s'est implantée dans les villes et dans la bordure ouest du département actuel de la Vienne, près de nous à Loudun et Lavausseau. En 1569, à la bataille de Moncontour, Coligny, chef des protestants, et son armée sont repoussés vers le nord. Dans la région, en 1568, une bataille s'engage à la Maison Blanche, près de Vouzailles (sans doute en haut de la côte de Bouté) , entre catholiques et protestants. Honorât Ysoré, à la tête des premiers, écrase les seconds, commandés par De La Fenestre et De Faustat. En 1591, autre engagement près de Champigny entre les soldats ligueurs et ceux de Henri IV.
   
  A ces calamités de la guerre dues aux hommes, s'ajoutent les "fléaux de Dieu" : peste et famine, pour former ce que l'on
appellera "Les trois cavaliers de l'Apocalypse". En 1516, les religieuses de Sainte-Croix abandonnent Poitiers où sévit la
première, pour se mettre "en lieu sûr" dans leur maison de Maillé, ce qui ne fait sans doute que propager la maladie. A la
fin des guerres de religion, dans les années 1590-1600, une nouvelle épidémie ravage notre région. Si les brigands
rançonnent et détruisent les récoltes, la peste raréfie la main-d'oeuvre et freine les travaux des champs, entraînant souvent la famine.
  D'autres maladies contagieuses ajoutent leurs méfaits, surtout la lèpre, et des maladreries (ou léproseries) sont construites à
  Mirebeau et Vouillé pour accueillir les lépreux chassés de partout, mais elles sont payantes et donc pas accessibles à tous.
   
   
  UNITES DE MESURE, IMPOTS ET REDEVANCES
   
 

Pour la bonne compréhension des chapitres suivants, il est nécessaire de décrire les unités de mesures utilisées à

Montgauguier et Pauillé avant la Révolution, ainsi que les impôts, droits et redevances payés par les roturiers.

   
   
   

UNITES DE MESURE

   
   
1) Mesures agraires
   
  La boisselée est la superficie que l'on peut ensemencer avec un boisseau de froment. Mais la capacité du boisseau varie
suivant les régions. A Montgauguier et Pauillé, on utilise le boisseau de Mirebeau qui contient environ 15 litres (à Thénezay,
1 boisseau = 17 1 environ, à Vouzailles 14 1 environ, à Vouillé 26 1 environ). Ces capacités différentes expliquent pourquoi les
contrats mentionnent toujours la ville dont on utilise la mesure.
   
  La septrée, ou septerée (ou sétérée) est la superficie que l'on peut ensemencer avec un setier. Mais le setier est lui aussi
variable. A Mirebeau, 1 setier = 12 boisseaux. Donc 1 septrée = 12 boisselées.
   
Existent aussi :
   
    la chaînée : 1 boisselée = 10 chaînées, donc 1 septrée 120 chaînées
     
    l'arpent = 100 perches = 100 chaînées = 10 boisselées
   
    le pied : 1 chaînée = 25 pieds
   
  A Montgauguier, avec nos unités actuelles, on a les équivalences suivantes :
   
    1 chaînée = 0,66 ares
   
    1 boisselée = 6,6 ares
   
    1 arpent = 66 ares
   
    1 septrée = 80 ares
   
  On utilise également la boisselée de chenevrau (chenevière), beaucoup plus petite que la boisselée ordinaire (un quart à un
tiers de celle-ci).
  Il existe aussi le journal de terre labourable ou de vigne, surface que peut travailler un homme en une journée. Il vaut environ
5 ares.
  Le journal de pré est plus grand, car c'est la superficie que peut faucher un homme en une journée. On l'évalue environ à
30 ares .
  On emploie souvent les expressions :
   
   
"pièce contenant un journal à 2 hommes", soit 2 journaux
    "pièce contenant 2 hommes de vigne", soit 2 journaux
    "pièce contenant 2 faucheurs", soit 2 journaux de pré
   
  Pour les capacités de grain, on utilise aussi la mine = 6 boisseaux. Donc un setier = 2 mines.
   

2) Mesures de longueur

   
  La lieue = 4 km environ
   
  L'aune = 1,18 m environ
   
  Le pied = 32,5 cm environ
   
  Le pouce = 2,7 cm environ 1 pied = 12 pouces
   
  La ligne = 2,25 mm 1 pouce = 12 lignes
   
3) Monnaies
   
  La pistole vaut 10 livres (la livre deviendra officiellement le franc en 1793)
   
  1 livre = 20 s (sols ou sous)
  1 sol - 12 d (deniers)
   
  Donc 1 livre = 240 deniers et 1 pistole = 2 400 deniers On utilise quelquefois 1'écu. Il y a 1'écu de 6 livres (qui ne valait plus
que 5,8 livres à sa suppression à la Révolution) et 1 écu de 3 livres (qui ne valait plus que 2,75 livres).
   
   
LES IMPOTS ROYAUX
   
  En général, seuls les roturiers paient les impôts, la Noblesse et le Clergé en étant dispensés. On distingue :
   
  1) Les impôts directs :
   
    La taille, sorte d'impôt sur le revenu (elle remonte à laguerre de Cent Ans), due par tous les propriétaires non nobles. Elle est établie sous forme d'un forfait global pour toute la paroisse, réparti ensuite sur tous les habitants. Si un noble, après avoir loué son bien, sur lequel le fermier payait la taille pour ses revenus, se met à l'exploiter lui-même à l'aide de domestiques, il est dispensé de cet impôt. Et les autres propriétaires de la paroisse voient leur imposition augmenter, du fait de la répartition de la même somme fixe. Ils paient donc, dans ce cas, la part correspondant aux biens du seigneur, à la place de celui-ci.
   
   
La capitation qui se paie par tête (créée par Louis XIV en 1686)
   
    La criée, sorte de patente payée par les commerçants
   
    Le vingtième frappant à partir de 1749 les revenus des roturiers et des nobles, les ecclésiastiques en étant dispensés.
   
    Le franc-fief payé par les roturiers qui possèdent une terre noble.
   
2) Les impôts indirects :
   
    Les aides sur les produits de consommation, en particulier sur les boissons. Elles sont quelquefois appelées "marques", à cause de l'empreinte portée sur la marchandise (cuir, étoffe par exemple) pour signaler qu'elles ont été acquittées.
   
    La gabelle, impôt très lourd sur le sel que l'on devait consommer en grande quantité pour la conservation des aliments.
   
    Des péages (ou traites) sur les marchandises passant d'une région à l'autre (ou même sur un pont).
   
  On peut aussi considérer comme une sorte d'impôt, l'obligation de fournir les miliciens (tirés au sort) entrant dans les troupes régulières ou urbaines. Les domestiques des nobles en sont dispensés ce qui irrite profondément les autres
roturiers. Les habitants de la paroisse dédommagent la famille du milicien désigné (en temps de paix, le service se réduit à
quelques semaines par an).
   
   

LES REDEVANCES SEIGNEURIALES

   
  Dans notre classification actuelle, les droits seigneuriaux pourraient s'appeler, par une comparaison assez grossière impôts
locaux ou fonciers, par opposition aux impôts ci-dessus qui seraient nationaux.
   
  Le seigneur reçoit diverses redevances pour les tenures (terres ou maisons) dont il a la propriété et qui sont "arrentées" (ce
qui signifie à peu près : louées).
   
  Ce peut être le cens, droit fixe en argent ou en nature (froment, baillarge, chapon, cire...) ou le terrage (appelé champart
dans d'autres régions), droit proportionnel sur les récoltes ; rarement les deux réunis.
   
  Plus quelquefois les octrois, certaines rentes féodales et des péages.
   
  Pour la vigne, il existe une redevance particulière : le complant. Le bail à complant pour une terre est un contrat par lequel le
tenancier s'engage, d'une part à y planter et y entretenir de la vigne, d'autre part à payer un droit variable suivant la région, de la moitié, du tiers, du quart ou même du cinquième de la vendange. Le bail est passé à "perpétuité" et ne peut s'éteindre que par la disparition de la vigne. Une loi de 1938 a amené peu à peu la suppression de ce mode d'affermage.
   
    On distingue encore :
   
    Les corvées (royales ou seigneuriales), dues par les gens decondition modeste, et qui consistent à travailler une dizaine de jours par an, non payés, pour l'entretien des chemins, ou à faire gratuitement des transports pour le compte du seigneur. Cette redevance est particulièrement détestée, car ce sont les carrosses des privilégiés qui utilisent les routes.
     
    Les droits de guet (obligation de garder le château)
   
    Les droits de foires et marchés et les banalités dont nous reparlerons.
   
  Suivant le lieu, le poids des redevances dues à la Commanderie peut varier. Ainsi, à Montgauguier, le cens est de 1 boisseau pour 1 boisselée de terre labourable, à Vouzailles ou Cherves, pour les terres relevant de la Commanderie, il est de 1 boisseau pour 3 boisselées, soit trois fois moins.
   
  Et dans un même lieu, les droits varient suivant les seigneurs propriétaires. A Montgauguier, le cens est moins élevé pour les
terres de l'abbaye de Sainte-Croix que pour celles de la Commanderie. Le terrage peut aussi varier pour les mêmes raisons : de
l/6ème à l/12ème de la récolte.
   
  Certaines rentes sont quelquefois très faibles. Si elles ont un caractère économique quasiment nul (1/4 de chapon pour une
terre, 1/2 livre de cire pour une autre en Prémoreau), elles peuvent, par contre, être très humiliantes pour le paysan, obligé de les porter tous les ans au logis du seigneur et de les remettre aux domestiques, et plus tard au fermier.
   
  Les corvées et servitudes personnelles (charrois, guet...) seront abolies le 4 août 1789, les autres droits en 1792 et 1793 .
   
   
LA DIME
   
   
  Cette redevance est due à l'autorité ecclésiastique. A Pauillé, c'est l'abbesse de Sainte-Croix qui la perçoit, à Montgauguier
c'est le seigneur représentant cette autorité, c'est-à-dire le Commandeur. A partir de la fin du XVIIème siècle, celui-ci en fera don au curé de la paroisse, mais en contrepartie ne lui versera plus la portion congrue.
   
  Comme son nom l'indique, la dîme représente théoriquement le l/10ème de la récolte ou des animaux. En réalité, elle varie
suivant les régions. A Montgauguier et à Pauillé, elle est généralement de l/12ème, mais peut descendre au l/24ème. Elle sera supprimée au début de la Révolution.
   
   
SITUATION ADMINISTRATIVE DE MONTGAUGUIER AU XVIIe SIECLE
   
  En 989, Guillaume Fier à Bras, comte du Poitou, est battu par le comte d'Anjou, Grise Gonelle. La contestation pour la

possession du Mirebalais, situé à la frontière des deux provinces, continue jusqu'en 1033, date à laquelle il entre définitivement dans la seconde qui, elle-même, fera partie pour toujours du royaume de France à partir de 1258.

   
  Montgauguier, dépendant de Mirebeau, se trouve donc en Anjou, mais la séparation avec le Poitou est mal déterminée, et au
gré des intérêts, elle peut traverser les villages de Pauillé et de Cherves, cette situation imprécise engendrant de nombreux procès.
   
  La France de l'Ancien Régime est divisée en circonscriptions administratives nombreuses et souvent enchevêtrées les unes
dans les autres, conservées de l'époque féodale, la plupart créées depuis : élections, bailliages ou sénéchaussées, présidiaux, généralités ou intendances, greniers à sel, cours des aides, cours des comptes, parlements, paroisses, doyennés, archiprêtrés, diocèses.
   
  A cela s'ajoute la situation particulière de Montgauguier, fief dépendant des Templiers, puis des Hospitaliers, lesquels
bénéficient des privilèges civils accordés par les rois de France et d'Angleterre, et religieux accordés par les papes.
   
  A partir de la fin de la guerre de Cent Ans, la justice royale s'est affermie sur le pays aux dépens de celle des seigneurs : la
haute justice ne règle plus les crimes de sang mais seulement les petits délits et les affaires civiles courantes. Mais qu'elle soit royale ou seigneuriale, elle reste toujours aussi procédurière, longue et coûteuse. Entamer un procès, c'est s'engager dans un marathon qu'on n'est pas sûr de terminer avant plusieurs années, quelquefois dizaines d'années, les juridictions successives semblant se renvoyer à plaisir les justiciables de l'une à l'autre et prenant des décisionsfréquemment contradictoires.
   
  Au XVIIème siècle, la baronnie de Mirebeau, donc Montgauguier, dépend :
   
    1 ) de l'élection de Richelieu (la seigneurie de Mirebeau a été vendue au duc de Richelieu en 1628 et restera dans la famille jusqu'à la Révolution), et de la généralité de Tours pour les finances.
    2 ) de la sénéchaussée de Saumur et du présidial d'Angers pour la justice.
   
  Signalons aussi le grenier à sel à Mirebeau et la cour des aides à Paris pour les délits relatifs à la gabelle et aux affaires
économiques. Les parlements jugent en dernier ressort toutes les affaires, aussi bien civiles que criminelles.
  Localement, le Commandeur dispose d'un sénéchal pour la justice et d'un sergent pour la police. De même, l'abbesse de
Sainte-Croix a ses officiers à Poitiers, qui viennentinstrumenter à Pauillé si nécessaire.
   
  Dans beaucoup de domaines, on se réfère pour juger, à la coutume de la province. Ainsi, en Anjou, la répartition des biens
des parents nobles se fait de la manière suivante .,: l'aîné des garçons obtient les deux tiers, les frères et soeurs seulement le dernier tiers pour tous. Après 1508, le partage devient équitable et tous les descendants reçoivent des parts égales.
   
  Le Commandeur peut établir des notaires (tabellions) seigneuriaux sur ses terres, pour rédiger les actes locaux, essentiellement
les déclarations des tenanciers et les ventes de terres et maisons. Pour des actes plus importants, on a recours au notaire" royal à Mirebeau. Le Grand Prieur, qui habite Poitiers, utilise plutôt les services d'un notaire royal de cette ville pour les documents intéressant le domaine de la Commanderie (baux de fermage par exemple). Les offices notariés s'achètent très cher et procurent des ressources importantes au trésor royal. Ils se transmettent ensuite héréditairement.
   
  Au point de vue religieux, la paroisse dépend de 1 ' archiprêtré de Parthenay, comme quelques autres paroisses de la baronnie
  : Cherves, Massognes, Cuhon...; lequel archiprêtré comme celui de Mirebeau est du ressort du diocèse de Poitiers. Mais la situation de la paroisse de Montgauguier est particulière par suite des privilèges dont bénéficie l'ordre de Malte.
   
 

A l'évêché, siègent des juges et des notaires apostoliques chargés des actes concernant les affaires ecclésiastiques. En 1694,

les derniers disparaissent et leur charge est récupérée par des notaires royaux.

   
 
   
Le chateau de MONTGAUGIER au début du XXe siècle
A droite en bas de l'escalier : Lucie Nerbusson et peut être son fils Emilien ou Maurice
A gauche : La chapelle
   
   
       
 
   
  En haut : à gauche croix de la justice      
    à droite fenêtre de la maison de Paul MAILLARD de GRAND-MAISON  
   
   
LIMITES TERRITORIALES DE LA COMMANDERIE DE MONTGAUGUIER  
   
   
  La commanderie de Montgauguier ne comprend pas que le territoire situé à et autour de Maisonneuve, délimité pour la
première fois par l'accord de 1284. De nombreuses terres, souvent éloignées, sont dans sa mouvance, pour la plupart legs de donateurs voulant assurer leur éternité, d'autres aussi sans doute acquises par l'Ordre devenu grande puissance financière, aussi bien chez les Templiers que chez les Hospitaliers.
   
  Il existe plusieurs inventaires des possessions de la seigneurie, par exemple ceux de 1668, 1712, 1730, 1747. Ces biens sont
résumés au début de celui de 1712 :
   
 

"Inventaire des fiefs de la commanderie de Montgauguier :

1 .
Montgauguier
 
2 .
Cherves, La Touche et Villeneuve
 
3 .
Fiefs des Gourgeaudières et Beaulieu
4 .
Fiefs des Porrines et Predon
 
5 .
Fief de Repentin
   
6 .
Fiefs des Constant, du Lizon et du Rullot
 
7 .
Massognes, Mazeuil et Doux
   
8 .
Vouzailles
 
9 .
Maillé et autres lieux
   
10 .
Monteil de Champigny
 
11 .
Neuville, paroisse de Chouppes
   
12 .
Poligny, Villecoupère, Etable, La Roche de Chizay..."
      AV, registre 475
   
  Ensuite, en plusieurs centaines de pages, sont détaillés, une à une, toutes les tenures de ces fiefs, leurs propriétaires, le montant
des redevances et la date à laquelle elles doivent être acquittées.
   
  Pour les fiefs extérieurs à Montgauguier, cela ne signifie pas que toute la paroisse de Vouzailles, par exemple, appartienne à la
Commanderie, mais seulement des parties plus ou moins importantes. De même quelques terres sur la paroisse de Montgauguier peuvent avoir d'autres propriétaires, en particulier l'abbaye de Sainte-Croix. Ainsi sur le plan (document n°6), deux terrains sont marqués : domaine et terre de Pauillé.
   
  Alors, le cadastre n'existe pas, puisque c'est Napoléon 1er qui fera établir le premier. On trouve dans les archives des plans
tracés à la main, qui donnent la situation, mais ne respectent pas les cotes. Les terres y sont mal délimitées, et sur place, il faut se fier aux bornes, accidents de terrain ou de végétation. Pour affirmer ses droits, le seigneur exige donc régulièrement de ses tenanciers des déclarations devant notaire, dans lesquelles ils "avouent" la dépendance de leurs possessions, et fait pratiquer plus tard, tous les vingt à trente ans, un inventaire de tous ses biens que les paroissiens reconnaissent ensuite. Ainsi, à la suite d'un arpentage du domaine effectué le 23 novembre 1730, l'intendant fait réunir la population de Montgauguier devant la porte de l'église. Le notaire a rédigé un acte important qui nous montre comment certains tenanciers, dont les noms sont cités, s'engagent pour tous les autres, en approuvant l'inventaire et les redevances qui sont dues, par une signature (ou une croix) apposée au bas du document. Nous nous y reporterons souvent par la suite.
   
    "Déclaration générale des biens, domaines et droits seigneuriaux de la haute, moyenne et basse justice de la
  seigneurie et commanderie de Montgauguier.
    Aujourd'hui dimanche 17 décembre 1730, heure de midi, au-devant de la porte et principale entrée de l'église
  paroissiale de Montgauguier, par devant nous, notaire royal de la sénéchaussée de Poitiers, est comparu le sieur André Philibert, agent des affaires de l'illustrissime seigneur Philippe Joseph de Lesmery de Choisy, Grand Prieur d'Aquitaine.
    A dit que le seigneur voulait faire continuer le terrier des revenus et droits de la commanderie de Montgauguier.
    Tous les habitants assemblés au son de la cloche à la manière accoutumée, ledit sieur Philibert leur a requis de faire
  les reconnaissances et déclarations demandées.
    A l'effet de quoi ont comparu :
       
    Marin Cottanceau laboureur
    Louis Bonhomeau texier
    Michel Chauveau hoste
    Jean Bonhomeau laboureur
    François Renéaulme laboureur
    Jacques Roy texier
    René Herboireau laboureur
    Sébastien Couillault journalier
    Jean Martineau maçon
    Pierre Dadu laboureur
    René Métais laboureur
    Henri Dadu laboureur
  Marin Caillault laboureur
  Jean Boussiquet maçon
  Léonard Valette laboureur
  François Poirier  
  Vincent Bonhomeau hoste
  Jean Aguillon laboureur
  Hilaire Déméocq maréchal
  Jacques Roy

journalier, ancien habitant de la paroisse

 
  Lesquels, tant pour eux que pour les autres habitants et tenanciers de la seigneurie de Montgauguier, ont déclaré
reconnaître que ledit Grand Prieur est seul seigneur, tant au' spirituel qu'au temporel, en droit de haute, moyenne et basse justice de ladite seigneurie et dépendances, laquelle justice s'exerce par un juge sénéchal, procureur fiscal et greffier.
  Plus déclarent et reconnaissent, lesdits comparants, que le seigneur a droit d'établir des notaires tabellions dans l'étendue
de la seigneurie, de même que de garder bois, pleine rivière et chasse.
  Plus déclarent... que le Grand Prieur est présentateur et collateur de la cure dudit Montgauguier.
  Plus déclarent... que le Grand Prieur a droit des poids et mesures à vin de même grandeur que celles de Mirebeau, et droit
de jaleau..., lequel droit le seigneur ou son fermier ont coutume de prendre et percevoir sur tous les particuliers qui vendent du vin
dans la seigneurie, le mardi d'après Pâques, à raison de trois pots par barrique, auquel jour se tient la foire de Montgauguier, où le
seigneur ou le fermier ont droit de percevoir de chaque marchand... le droit de placage.
  Plus déclarent qu'il est dû au seigneur plusieurs rentes et redevances sur différents domaines situés dans les paroisses
ci-après énoncées :
  Savoir paroisse de Montgauguier, village de Maisonneuve, paroisse de Mazeuil, village de Villecoupère, la Maison du
Temple paroisse de Poligny, village de Doux paroisse de Thénezay, bois de Boutigny, village de Neuville paroisse de Chouppes, village de Lezay paroisse de Savigny, paroisse de Champigny-le-Sec, paroisse de Vouzailles, paroisse de Massognes, village de Villeneuve paroisse d'Assais, paroisse de Jarzay, village de Maillé paroisse d'Ayron et dans celle de Cherves... qui sont tous les lieux que les comparants ont déclaré... que le seigneur a droit de percevoir les cens, rentes et redevances...
  Plus déclarent... qu'il appartient au seigneur une masure située à Maisonneuve où était autrefois le four banal où les
tenanciers étaient tenus de porter cuire leurs pâtes et payaient le droit
   
  [Ensuite longue énumération des droits sur tous les fiefs cités ci-dessus]
  Plus déclarent... que Messieurs les curés de la paroisse ont droit et accoutumé de percevoir la dîme de tous les fruits sur
la paroisse de Montgauguier à raison de la l/24ème partie.
  Plus déclarent... qu'il dépend de la seigneurie de Montgauguier, la Maison seigneuriale et village de La Lande de Craon.
  Plus déclarent... qu'il est dû audit seigneur sur différents héritages, des rentes et cens par différents particuliers que ledit
seigneur et ses devanciers ont fait rendre par déclaration et continuent à les faire fournir.
   
  Qui sont tous les droits, domaines et héritages que lesdits avouants connaissent dépendre desdits seigneurs et en avoir
toujours vu jouir ledit seigneur, ses prédécesseurs, ses receveurs et fermiers sans aucun trouble ni empêchement...
   
  Fait et passé devant la porte et principale entrée de l'église de Montgauguier, en présence de Monsieur Jacques Martineau,
huissier royal...
   
  Lu, ouï, les parties ont déclaré ne savoir signer de ce par nous requis, sauf les soussignés :
   
  Philibert, Marin Caillault, Serruau, Marin Cottanceau, Chauveau, Rénéaulme, François Poirier, Jean Martineau, Louis
Pillot, Hilaire Demeocq, Martineau huissier et Brunet notaire.
      AV, registre 472
   
 

Sont en marron (par nous) les noms des 7 tenanciers (sur 20) qui ont su signer.

   
  Remarquons que ceux-ci s'engagent sur des faits qu'ils ne connaissent sûrement pas. Comment des gens attachés à leur
paroisse, qui, pour la plupart, n'en sortent que pour aller aux foires voisines ou se marier dans les villages proches, peuvent-ils affirmer que des biens situés à Chouppes ou à Assais, appartiennent au Commandeur ? Mais peut-on faire autre chose que d'obéir au seigneur ?
   
   
  MAISONNEUVE
   
   
   
   
  ORIGINES
   
   
   
  Le village de Maisonneuve doit son nom au hameau des "Maysons Noes" dont on trouve la trace écrite la plus ancienne dans

l'accord de 1284 entre le commandeur de Montgauguier et le baron de Mirebeau. En 1396, un autre texte relatif à la commanderie de Saint-Georges à laquelle avait été rattachée celle de Montgauguier, parle du "Molin de Meson Nueve". En 1439, une déclaration faite à l'abbaye de Sainte-Croix indique "Meson Nuez". En 1584, dans un écrit traitant du chapitre de Notre-Dame de Mirebeau, on trouve "Maison Neufve" qui devient bientôt Maisonneuve dans tous les documents (déclarations, inventaires, saisies, décisions de justice). On peut donc dater de la fin du XVIème siècle, le toponyme définitif de Maisonneuve.
Curieusement l'orthographe "Maison-Neuve" réapparaît quelquefois plus tard, après la Révolution, par exemple dans le cadastre
napoléonien de 1813.

   
  Les cartes de Cassini (document n°2) datant de la fin du XVIIIème siècle mentionnent Maison-Neuve, Le Bourg-Bernard,
Les Cartiers, Avalaille. Il est évidemment impossible de dater la naissance de chacun de ces hameaux. On peut supposer que Le Bourg-Bernard, situé alors sur le chemin reliant les châteaux de Montgauguier et de La Mothe-Bureau est, comme ceux-ci, d'origine très ancienne. Avant 1670, un officier des armées de Louis XIV, Paul Maillard de Grand-Maison,vient s'y installer dans la maison actuelle de Jacky Couillault. Le nom même de Maison-Neuve montre bien que son édification est postérieure, de même sans doute que celle de La Valaille et des Cartiers.
   
  Le domaine de La Guyardière, dont nous parlerons plus loin, s'étendant au nord au moins jusqu'au niveau de la chapelle
(chez Roger Marteau), le hameau de La Valaille devait commencer, au sud, au chemin de la chapelle à La Maisonneuve. Par contre, il est difficile d'en déterminer la limite nord. En effet, dans les registres paroissiaux de Vouzailles, aux XVIIème et XVIIIème siècles, on trouve mention d'actes d'état civil de personnes habitant "La Valaille, paroisse de Vouzailles". Cette partie ne pouvait être que l'extrémité nord qui entra, avec La Mothe-Bureau et les terres avoisinantes, dans cette dernière commune à la Révolution, avant d'être intégrée à celle de Montgauguier en 1866.
   
  Les déclarations à partir du début du XVème siècle citent souvent les terres, et surtout les vignes des Cartiers, ainsi que les
terres de Dingeau, jamais les maisons. En se reportant au cadastre de 1813, on voit que l'habitat actuel des Cartiers est alors à peu près installé. Par contre, aucune trace des maisons de Dingeau, dont la construction est donc relativement récente.
   
  Pour désigner tous ces hameaux, nous parlerons désormais de Maisonneuve, comme cela se fait couramment à partir du
XVIIème siècle.
   
  A Maisonneuve, pas de château comme à Montgauguier ou à La Mothe-Bureau. Des maisons de roturiers en tenure,
appartenant à la Commanderie pour la plupart, les autres à l'abbaye de Sainte-Croix.
   
  Il y existe tout de même deux domaines assez importants avec des propriétaires bourgeois ou de petite noblesse suivant
les époques : La Guyardiere et Le Chêne (voir documents 5, 7, 7 bis, 7 ter). Par contre, d'après ses déclarations, Maillard de Grand-Maison au Bourg-Bernard ne semble pas avoir eu beaucoup de terre à Montgauguier, ce qui sera d'ailleurs confirmé pour ses descendants à la Révolution.
   
   
 

LA GUYARDIERE

   
   
 

Dans l'inventaire de la Commanderie de 1712, on trouve le texte suivant se rapportant à La Guyardière en 1446 :

   
  "Plus deux pièces attachées ensemble. La première est un acte par lequel il paraît que l'hôtel et appartenances de La
Guyardière est mouvant de la Commanderie à certains devoirs non expliqués... Le deuxième est un échange fait entre Guillaume de la Roche, commandeur de Montgauguier et la dame de La Guyardière, par lequel il paraît qu'il cède à ladite veuve 7 setiers de froment mesure de Montgauguier, de cens, rentes et devoirs nobles annuels, pris de 8 setiers de froment de rente qu'elle devait à la Commanderie de son hôtel de La Guyardière à Maisonneuve, et ladite veuve en récompense cède au seigneur 11 setiers de baillarge à ladite mesure que ledit Commandeur lui devait de rente chaque an.
   
  En outre, ladite veuve sera tenue à l'avenir de payer 1 setier de froment et 10s de cens et devoir noble, au jour de la Saint-
Michel avec autres charges et clauses énoncées audit échange, au profit dudit seigneur.
   
4 mai 1446
AV, 3HI registre 475
   
  A cette date, la propriété de La Guyardière, si l'on tient compte des redevances payées à la Commanderie, semble encore de
peu d'importance.
   
  Deux siècles plus tard, en 1655, le registre paroissial de Montgauguier signale le décès de Claude Bureau, seigneur de
La-Mothe :
  "Le 18 novembre 1655 décéda Monsieur de la Mothe-Bureau dans sa maison de La Guyardière et fut enterré dans l'église de Vouzailles le 19 dudit mois".
   
  L'année suivante, la propriété appartient au seigneur Jacques Bégaud (un Jacques Bégaud, seigneur de Cherves "décédé
dans sa maison de La Guyardière à l'âge de 22 ans", sera inhumé dans l'église de Cherves le 19 novembre 1693). La propriété a pris de l'importance, si l'on en juge d'après la déclaration rendue à cette date :
   
   
    "Je, messire Jacques Bégaud, chevalier, seigneur de La Fromentelière et de la maison noble et seigneurie de La
  Guyardière et autres places, demeurant audit lieu noble de La Guyardière, paroisse de Cherves, tient et avouons tenir de vous, mondit seigneur, les lieux ci-après déclarés :
    C'est à savoir la maison noble de La Guyardière consistant en chambres basses et hautes, greniers, cours,
  granges, four, fourniou, toits, coursoires, jardins et prés, le tout renfermé de murailles dans lequel est bâtie la fuye, le donjon renfermé de murs avec 4 tours aux 4 coins, avec pont-levis au portail du donjon, le tout se tenant et joignant ensemble, et toutes lesdites choses closes de murs, contenant environ... et joignant d'un côté au chemin de Maisonneuve à Cherves, d'autre au ruisseau qui descend des Fontaines Blanches au moulin de La Mothe-Bureau...
    Laquelle dite maison noble, fuye, jardins et prés clôturés, je tiens devoir, monseigneur, à foi et hommage lige, une
  paire de grands blancs à chaque mutation du seigneur.
    [Plus une maison consistant en chambre basse et haute, grenier, écurie, toit, jardin, cour et côursoire, située au
  village de Maisonneuve.
    Plus une pièce de terre contenant 80 boisselées située au tènement" des Pineau, renfermée de fossés.]
    Plus la chaussée et droit de moulin à eau situé dans la basse-cour de La Guyardière, avec les pièces de
  chenevières qui joignent au ruisseau ; l'allée plantée en arbres faisant partie de la chaussée dudit moulin.
    Pour raison desquelles choses ci-dessus que je tiens en roture, je vous dois, mondit seigneur, au jour de la Saint-
  Michel, 45 boisseaux de froment, mesure de Mirebeau et 27s de cens."
        AV, 3HI, 549
     
  Dans la déclaration ci-dessus, le paragraphe encadré désigne des domaines ne faisant pas partie de La Guyardière, et
par "une paire de grands blancs", on entend sûrement une paire de boeufs.
     
  Sans parler de château comme ceux de Montgauguier et de La Mothe-Bureau, remarquons tout de même l'existence d'un
donjon avec pont-levis, le tout entouré de murs avec quatre tours d'angle.
   
  Le 4 mai 1667, Pierre Robouam, notaire, rend déclaration au Commandeur de plusieurs propriétés, dont une maison à La
Guyardière.
   
  Au début et milieu du XVIIIème siècle, La Guyardière appartient de nouveau au seigneur de La Mothe-Bureau, qui se
nomme alors Claude Bureau.
   
  Le 11 novembre 1740, Jean Dribault, fermier à Montgauguier, écrit que :
   
    "Nicolas Morin, laboureur demeurant à La Touche, possède à titre d'arrehtement, la métairie de La
  Guyardière qui appartenait autrefois à feu Monsieur l'abbé de La Jarrie auquel Des Noues des Acquêts demeurant à Maisonneuve et autres ses héritiers ont succédé..."
            AV, 3HI, 545
   
  Le 23 décembre 1762, messire Charles Acquêt des Noues, écuyer, décède dans la maison de La Guyardière qui appartenait à

son épouse, et nous verrons plus loin le différend de justice qui s'élève alors entre le Grand Prieur et le baron de Mirebeau.

   
  Les documents n°7, 7bis et 7ter donnent le plan et la description du domaine à la date de 1762. Pour leur bonne
compréhension, la chapelle (actuellement chez Roger Marteau, à l'angle des rues de La Valaille et de La Maisonneuve) y a été
dessinée et les cinq mentions suivantes, en écriture d'imprimerie, y ont été portées : rue du Bourg-Bernard, rue de Mirebeau, rue de La Valaille, chapelle, croix de mission. Tout le reste appartient à l'original.
   
  Remarquons que le pigeonnier (cité encore en 1656) ne semble plus exister, de même que le moulin à eau, remplacé par des
écuries. D'autre part, la rivière est appelée "cours d'eau des Fontaines des Saules à la Mothe-Bureau". Jamais le nom de "Dive" n'apparaît, avant la Révolution, dans les très nombreuses déclarations où la rivière est citée. On voit que le domaine de La Guyardière, assez limité en 1446, s'est nettement agrandi par des acquisitions : cour, maison et jardin des Robouam, fresche des Servant et Guyot, des Caillas et Guyot, des Vaurogier, maison et jardin de la Bataillerie. Il est devenu au XVIIIème siècle une propriété d'au moins 10 hectares.
   
   
 
LE CHENE
   
  Le domaine du Chêne, moins important que celui de La Guyardière, apparaît plusieurs fois dans les déclarations.
   
  En 1613, il appartient à François Métayer, écuyer, lieutenant de la maréchaussée de Thouars.
   
  En 1652 :
   
   

"Déclaration par maître Nicolas Métayer, curé de Saint-Martin de Sanxay, faisant tant pour lui que pour sa

  mère, veuve de François Métayer...
hôtel et maison situés au village de Maisonneuve, consistant en chambres, grenier et cellier, granges, cave, étable, toits, cour, coursoire, jardin, prés et vignes, se tenant et joignant ensemble, nommé Le Chêne...
Le tout renfermé de murailles et contenant 36 boisselées.
Pour raison desdits lieux, je vous dois, mondit seigneur, 3 boisseaux de froment et 51 s 7 à..."
          AV, 3HI, 549
   
  En 1685, la propriété appartient à dame Marguerite Giberteau, veuve du seigneur de la Trapière. Elle s'est agrandie,
puisqu'elle contient 60 boisselées.
   
  Enfin elle est mentionnée dans le terrier de 1747 :
   
   

"...Messieurs les curés ont coutume de percevoir la dîme sur le canton des Cartiers joignant d'une part aux

  terrages de la seigneurie de La Maisonneuve appelée Dingeau, d'autre part au clos de la seigneurie du Chêne..."
          AV, 3HI, registre 472
   
   
  Pierre Desfrancs,ayant épousé Elisabeth Bégaud,est seigneur du Chêne en 1761.
   
  Cette propriété comprenait la maison actuelle de Maurice Bonnin, très ancienne (on dira au début du siècle "Bonnin du
Chêne", ou "châgne" en patois) où se trouvait sans doute l'hôtel cité ci-dessus, l'emplacement de celle de Roger Marteau, de celle de J.M. Bonnin entre les deux, sans doute aussi de celle de Gérard Goureau et peut-être de la maison d'habitation de J.M. Bonnin. Elle s'étendait à l'est jusqu'à la route des Cartiers à La Maisonneuve et au nord, jusqu'à celle de La Valaille à La Maisonneuve.
   
  C'est à l'un des angles de la propriété du Chêne qu'était érigée la chapelle.
   
  Les recensements par quartiers citent La Guyardière jusqu'en 1946. Aussi ce nom est-il bien connu à Maisonneuve par les
personnes de plus de 60 ans, au contraire de celui du Chêne, disparu beaucoup plus tôt.
   
  Quant à la "seigneurie de La Maisonneuve appelée Dingeau", elle n'est pas mentionnée dans les autres documents que nous
avons lus. Elle dépendait sans doute, comme une grande partie de Vouzailles et comme La Mothe, de l'abbaye royale de Bourgueil (située dans le département actuel de l'Indre-et-Loire). Par contre des maisons sont indiquées à La Maisonneuve dans le cadastre de 1813.
   
   
 
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