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Maisonneuve Autrefois

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PRÉFACE


  Ce livre expose des événements qui se sont déroulés autrefois dans notre commune. Les sources en sont
essentiellement les archives de la Vienne, celles de la mairie de Maisonneuve, les archives historiques du Poitou, les bulletins et mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, la bibliothèque municipale de Poitiers et les registres paroissiaux de Montgauguier. Leur relation s'arrête à la Seconde guerre mondiale, car les faits plus récents manquent du recul du temps.
  Nous exprimons notre vive reconnaissance à Monsieur le Maire et au conseil municipal de Maisonneuve
qui nous ont facilité l'accès aux archives de la commune et permis d'utiliser à volonté le bureau de la mairie, ainsi qu'à Monsieur et Madame Christian Grassin qui ont accompli un travail matériel considérable, consacrant des centaines d'heures à enregistrer le texte du manuscrit sur ordinateur, en vue de son impression.
  Nous remercions aussi Jean Sénéchault toujours souriant et disponible pour nous guider dans la visite de l'ancienne
commanderie de Montgauguier, Eugène Audry, curé de Maisonneuve, Joseph Bonnin, Aimé Brunet, Françoise Couillault, Eugène Degout, Francine Gauthier, Blanche Pillot, Jean-Marie Rolland, Marie-Thérèse Rolland, Jean Tedde, Albert Thomas, qui ont bien voulu nous aider ou nous confier des bulletins paroissiaux ou des cartes postales, Marguerite Cointre qui nous a encouragé et prêté des documents personnels, et Pierrette Vriet, secrétaire de mairie, qui a participé activement au classement des archives de la commune et à la remise en état du cadastre de 1813, et qui s'est toujours efforcée, avec patience, de réaliser au mieux les photocopies demandées.
  Les Anciens de Maisonneuve, Constant Ayrault, Norbert Gauthier, Abel Martin, Andréa Réau, Marcel Réau, Lucien
Rolland et surtout Léa Métais, ainsi que Fernand Marcireau de Vouzailles, Léonce Laurent de Cherves et André Métois de Massognes, ont été d'un précieux secours par leur mémoire des événements et leur connaissance des habitants du début de ce siècle.
  Enfin, quelques renseignements ont été fournis par Monsieur Favre de Poitiers, sur la famille Texereau, Madame
Lacorre de Mirebeau sur le curé Bersange, Madame Robouam de Viry-Chatillon (Essonne) sur ses ancêtres notaires et Madame Verdon de Oiron (Deux-Sèvres) sur la famille de Louis Martin.
  Les photographies et cartes postales ont été retouchées et agrandies par Pierre Morin de l'atelier "photo" des
"Gens de Cherves".
  Il nous reste à espérer que le lecteur éprouvera autant de plaisir à consulter ce livre pour y retrouver ses racines que
nous en avons pris à effectuer nos recherches et à les présenter, et qu'un autre enfant de Maisonneuve reprendra ce travail plus tard, pour le compléter et le prolonger.

 

    Jean Réau    
         
    Maisonneuve, juin 1991    

 

Table des matières
Préface

Liste des abréviations utilisées
Avant Maisonneuve - Montgauguier
Origine de la commune de Maisonneuve
Les trois ordres religieux qui se sont succédé à Montgauguier
Ordre de Fontevraud
Ordre des Templiers

Ordre des hospitaliers de Sain Jean de Jérusalem
Les débuts de Montgauguier
Accord Montgauguier-Mirebeau en 1284
Fin des Templiers à Montgauguier
Guerres de cent ans et de religion
Guerre de Cent Ans

Guerres de religion

La dîme

Situation administrative de montgauguier au XVII eme siècle
Limites territoriales de la commanderie de montgauguier

Maisonneuve
Origines
la Guyardière
le chêne

Pauillé
Origines
Justice à Pauillé

Unités de mesure
1) mesures agraires 28
2) mesures de longueur 29

3) monnaies 29
les impôts royaux
1) les impôts directs :
2) les impôts indirects :

les redevances seigneuriales

Les Saules

La Mothe-bureau

Les domaines de Montgauguier et de Pauillé
Domaine de Montgauguier (document n°6)
Domaine de Pauillé

Les tenures
La lande de craon
Autres commanderies dépendant de celle de montgauguier
Commanderie de gourgé
Commanderie de l'epine
Justice sur le territoire de la commanderie de montgauguier
Justice seigneuriale

Conflits avec la baronnie
Respect des droits seigneuriaux

Les banalites
Le moulin

Le four
Le pressoir
Fuye, garenne

L'etat-civil a montgauguier - maisonneuve
Apres 1792 : registres d'etat-civil
Avant 1792 : registres paroissiaux

Lecture des registres

L'église avant la révolution
Paroisse cherves-montgauguier

La dîme
La chapelle
Pratique religieuse
Le baptème
Le mariage
Les inhumations
La confirmation
Religion reformée

Cures et vicaires de Montgauguier de 1624 à la révolution

Démographie

Habitat

Habitat des roturiers
Habitat des nobles

Communauté des habitants de cherves - Montgauguier
Création de la communaute de Montgauguier
Assemblée générale : sa composition

Litige André Métais - assemblée générale
Les faux-sauniers
Répartition de la dîme

La vie économique
Les professions
Les impôts
1) Taille et capitation de la paroisse de Vouzailles en 1767
2) Gabelle dans la paroisse de Cherves-Montgauguier en 1718
Conditions de vie
Cultures et élevage
Foires et marchés

L'école
Avant la révolution
Apres la révolution
L'école à Montgauguier

La révolution a montgauguier
Les cahiers de doléances

La révolution à Montgauguier et dans le canton de Vouzailles
L'église dans la région sous la révolution
L'église à Montgauguier sous la révolution
Vente des biens nationaux
Domaine de Pauillé
Domaine de Montgauguier
Autres domaines
L'église après la révolution
Agrandissement du territoire de Montgauguier en 1866
La vie municipale et politique depuis 1850
Le budget
Installation du service postal et de l'électricité
Le service postal
L'électricité

Autres évènements donnés dans l'ordre chronologique
Evènements et métiers disparus

Montgauguier aujourd'hui
Les bâtiments

La pierre de montgauguier
Habitants morts pour la France et prisonniers de guerre
Habitants morts pour la France

Prisonniers de guerre en 1939-1945
Conclusion

LISTE DES ABREVIATIONS UTILISEES

   

A V Archives de la Vienne

    BMP Bibliothèque municipale de Poitiers
    B S A 0 Bulletins de la Société des Antiquaires de l'Ouest
    M S A 0 Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest
    R P Registres paroissiaux

l : livre s : sol d : denier


AVANT MAISONNEUVE - MONTGAUGUIER

 

La commune actuelle de Maisonneuve s'appelait autrefois Montgauguier. Le document le plus ancien qui cite ce

dernier nom date de 1084, mais les hommes habitent alors notre région du Haut-Poitou depuis fort longtemps, ainsi que l'attestent les nombreuses découvertes faites dans les alentours.
   
  Remontant à l'époque préhistorique, on trouve des traces d'habitat à Jaunay-Clan, Vouillé, datant de 50 000 ans
avant notre ère, plus tard des outils en pierre et en os à Quincay. Beaucoup plus près de nous, des haches polies à Champigny, les dolmens de Liaigues, de la "Pierre levée" au Rochereau, à Maillé, de la "Pierre aux lièvres" à Cherves, de la "Pierre de Massigny" à Villiers, la sépulture de la Belletière à Champigny, avec un squelette accompagné d'un briquet en silex.
   
  La présence humaine est attestée ensuite par des objets en cuivre à Vouillé, Loudun, des haches de bronze à
Jaunay-Clan, Chouppes, Migné, Notre-Dame-d'Or, le fameux cône en or d'Avanton conservé au musée de Saint-Germain-en-Laye, des objets en fer à Quincay et Saint-Georges-les-Baillargeaux. A Jaunay-Clan, on cultive le blé, l'orge, la vigne dans une région où poussent les chênes et les châtaigniers qui fournissent des fruits pour la nourriture des hommes.
   
  Quelques siècles avant l'ère chrétienne et à ses débuts, des peuples venant de l'Est, les Celtes ou
Gaulois, envahissent l'Europe de l'Ouest jusqu'à la mer. Leurs dieux sont des éléments de la nature : plantes, animaux; en particulier, le gui poussant sur les chênes, qu'ils vont cueillir en procession, guidés par leurs prêtres, les druides. Dans notre région, s'installent les Pictons (ou Pictaves) gui ont donné leur nom au Poitou.
   
  De cette époque ou de l'occupation romaine qui suit, date le camp de "Séneret", tumulus près de Quincay , une

épée gauloise à Moncontour, des vestiges à Saint-Jean-de-Sauves, les noms celtiques : Vendeuvre, Loudun, Vouillé, ou romains : Champigny, Thénezay, Chalandray.

   
  Les Pictons s'entendent parfaitement avec les Romains. On reconnaît la présence des nouveaux occupants
dans le temple monumental des "Tours Mirande" qui s'étend sur 50 hectares à Vendeuvre, avec son théâtre, ses thermes où sont utilisés le marbre, le bronze doré, la villa de Massognes près de la Dive, des canalisations, en bois et en plomb près de Vouillé. Les Romains établissent un important réseau de voies de communication, comme Poitiers-Nantes passant près de Vouillé,
Ayron ou Poitiers-Saumur près de Chouppes, Thurageau.
   
  Les "Barbares" ayant ensuite envahi le pays au Illème siècle, les Wisigoths laissent des marques de leur passage

à Saint-Jean-de-Sauves (villa Gothorum). Leur présence entraîne l'hostilité des chrétiens et l'évêque Grégoire de Tours demande l'aide de Clovis, roi des Francs, converti au catholicisme. Celui-ci défait Alaric II, roi des Wisigoths, à Vouillé en 507 et établit sa domination sur le Poitou. Les rivalités qui surgissent ensuite entre les Francs eux-mêmes permettent aux Arabes, déjà implantés en Espagne, de remonter jusqu'à Poitiers, où ils brûlent l'église Saint-Hilaire, et en Touraine. Leur cavalerie est vaincue par l'infanterie franque de Charles Martel à Moussais près de Poitiers en 732, et ils repassent plus tard les Pyrénées.

   
  En 781, Louis, fils de Charlemagne, lui-même petit-fils de Charles Martel, devient roi d'Aquitaine et du Poitou.
Il réside souvent dans ses châteaux de Chasseneuil et Poitiers.
   
  Aux IXème et Xème siècles, Saint-Jean-de-Sauves, Cherves, Thénezay sont des chefs-lieux de vigueries,
circonscriptions administratives, Ayron possède une nécropole mérovingienne. C'est alors que se créent peu à peu les paroisses, consacrant ainsi l'emprise du christianisme dans notre région, même si des traces de paganisme restent vivaces pendant de nombreux siècles.
   
  Rieupeyroux, dans son livre sur le Moyen Age, écrit en collaboration avec les "Gens de Cherves", pense que
Montgauguier et Maisonneuve avaient commencé à s'édifier à cette période ou même plus tôt, bien que l'on n'ait pas de traces écrites avant le Xlème siècle.
   

Note : La plupart des renseignements préhistoriques et historiques donnés ci-dessus sont tirés de l'ouvrage "La Vienne de la préhistoire à nos jours", rédigé par un collectif d'historiens sous la direction de Jean Tarrade (Editions Bordessoules) .

   
ORIGINES DE LA COMMUNE DE MAISONNEUVE
   
  La commune de Maisonneuve est née officiellement au début de 1908. Répondant à une demande du conseil
municipal de l'époque, présidé par Pierre Guyot, un décret ministériel remplaça nominativement la commune de Montgauguier par celle de Maisonneuve, en en conservant intégralement les limites territoriales.
   
  La commune de Montgauguier, créée comme toutes celles de France par l'Assemblée Constituante au début
de 1790, avait pris tout naturellement le nom de la paroisse qui la précédait et qui comprenait Montgauguier et Maisonneuve.
   
  Montgauguier n'était qu'un hameau mais il avait le passé historique le plus important. D'abord habitation d'un
seigneur, Ugo de Monte Gualgiero, qui lui donna son nom, il avait été le siège d'un prieuré de l'Ordre de Fontevraud, puis d'une commanderie de Templiers, avant d'être remis aux Hospitaliers en 1313, à la suppression de l'ordre du Temple. Le village de Maisonneuve, partie intégrante de la paroisse de Montgauguier, n'était que la réunion de divers hameaux peuplés de roturiers.
Il s'était constitué à partir de celui des Maisons-Neuves, situé environ au centre de la commune actuelle, qui en s'élargissant peu à peu, avait rejoint les hameaux voisins de La Valaille (à l'origine Avalaille), du Bourg-Bernard et des Cartiers.
Signalons aussi le hameau des Fontaines Blanches, composé de quelques maisons et situé sans doute entre Les Saules et Brétignole.
   
  Depuis la fin du XVIème siècle, Montgauguier formait au temporel une seule paroisse avec Cherves. Elles
restèrent liées ainsi jusqu'au 19 mars 1781, date à laquelle un décret du Conseil d'État les sépara, mais Montgauguier avait déjà acquis son autonomie spirituelle depuis longtemps, plus d'un siècle sans doute.
   
  Seules quelques maisons de Pauillé (deux ou trois au plus) étaient du ressort de notre paroisse. Le reste du
village (avec Les Saules) dépendait de celle de Cherves et relevait, comme une partie de celle-ci, de l'abbaye royale de Sainte-Croix de Poitiers, seigneurie ecclésiastique. Le hameau des Saules entra dans la nouvelle commune en 1790, mais Pauillé seulement entre 1796 et 1804, peut-être en 1802 lors du changement de canton.
   
  Les villages de Maisonneuve et de Pauillé représentaient presque toute la population, puisque le hameau de
Montgauguier, alors seul écart, n'était habité que par le fermier et sa famille. A la création de la commune, toute l'activité était donc déjà concentrée à Maisonneuve et Pauillé et continua à s'y développer par la suite. Vie économique d'abord, avec les nombreux artisans et commerçants, vie administrative ensuite avec la mairie et l'école, vie religieuse enfin, l'église de Montgauguier, largement concurrencée depuis plusieurs siècles par la chapelle de Maisonneuve, ayant été définitivement supplantée par celle-ci en 1771. Au Concordat en 1801, la paroisse de Montgauguier fut rattachée à celle de Massognes.
Elle retrouva son autonomie complète à partir de 1858 et la chapelle redevint alors église paroissiale. Pour peu de temps d'ailleurs, car après la construction, de 1859 à 1862, de la nouvelle église et l'ouverture en 1862 du nouveau cimetière concomitamment avec la désaffection de celui de Montgauguier, la chapelle fut définitivement délaissée, puis vendue.
   
  Au début du XIXème siècle, la commune de Montgauguier était territorialement très petite, surtout si on la
comparait aux trois autres qui la bordaient. Le 25 avril 1866, elle s'agrandit de La Mothe-Bureau et de 291 hectares de terres avoisinantes venant jusqu'à La Valaille, détachées de Vouzailles après une très longue procédure. La même loi réunit le hameau de La Sauvagère tout proche, distrait lui aussi de cette même commune, à celle de Massognes. La Mothe-Bureau avait été le domaine d'une petite seigneurie avant d'être rattachée à Vouzailles à la Révolution.
   
  La vie administrative continua à se développer au village de Maisonneuve avec les écoles, puis le bureau de
poste. On ne peut donc s'étonner que la commune ait changé de nom en 1908 mais on peut se demander pourquoi elle l'a fait si tard. L'usage de celui de Montgauguier était la source de difficultés, comme nous le verrons à propos du rattachement de La Mothe-Bureau, par exemple. Le maintien du nom de l'ancienne seigneurie pouvait se comprendre jusqu'en 1871, les régimes se succédant depuis la Révolution étant Royautés et Empires, si l'on excepte les quelques années des deux premières Républiques.
Mais dès le début de la Troisième, toute l'activité de la commune était depuis longtemps concentrée à Maisonneuve et Pauillé, dont les habitants formaient la grande majorité de la population, les hameaux de Montgauguier et de La Mothe-Bureau, seuls écarts d'ailleurs proches du village, totalisant alors 32 habitants sur 540. La commune avait donc toutes les raisons de s'appeler Maisonneuve lorsqu'elle changea de nom en 1908.
   
  En résumé, notre village s'est constitué à partir de quatre parties inégales et nettement différentes à l'origine
(voir document n° 2) :
   
  Montgauguier, siège d'un prieuré fontevriste, puis des seigneuries ecclésiastiques des Templiers et des Hospitaliers.
  Maisonneuve, de beaucoup la plus peuplée, village de roturiers formé de plusieurs hameaux qui se sont peu à
peu rejoints.
  Pauillé (avec Les Saules), fief dépendant de la seigneurie ecclésiastique de l'abbaye royale de Sainte-Croix de Poitiers et rattaché à la paroisse de Cherves jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
  La Mothe-Bureau, petite seigneurie laïque, relevant de la baronnie de Grisse (près de Chéneché), puis de l'abbaye royale de Bourgueil, et pour une part, à une certaine époque, de la seigneurie de Massognes.

Il nous faudra donc étudier chacune de ces parties pour nous faire une idée de la vie à Maisonneuve autrefois.


LES TROIS ORDRES RELIGIEUX QUI SE SONT SUCCEDE A MONTGAUGUIER


ORDRE DE FONTEVRAUD

  L'abbaye de Fontevraud est fondée par un moine breton, Robert d'Arbrissel, en 1099. Né vers 1045, après
avoir étudié à Paris, il exerce à Rennes et Angers où il enseigne. Mais il est tenté par la vie ascétique et se retire dans la forêt de Craon, près de Laval, menant une vie de prières et s'imposant de dures privations. A cette époque où les gens simples sont naturellement attirés par le mysticisme, Robert d'Arbrissel, bon orateur, acquiert une grande renommée dans le petit peuple qui le vénère. De nombreuses personnes se joignent à lui et le voilà à la tête d'une communauté chrétienne importante. Il séduit le pape Urbain II, venu en France prêcher la croisade, qui le nomme prédicateur apostolique. Il part bientôt sur les routes et forme des adeptes qui le suivent partout. Cette cohorte errante devenant une cause de scandale, il faut envisager de séparer les hommes des femmes. D'autant que les évêques protestent, arguant de la mixité de la troupe, mais plus sûrement touchés par les vives critiques de Robert d'Arbrissel contre les injustices dans l'Eglise. Si bien que celui-ci se fixe à Fontevraud en 1099, sur un terrain dont il lui a été fait donation.
   
  Peu à peu, pour surveiller la construction, puis l'installation du monastère, Robert délègue son autorité à une
femme, Hersande, de sang seigneurial, qui devient la première prieure, les hommes formant un ordre à part, et il repart sur les routes, en particulier en Anjou et Poitou. Il meurt en 1116. L'Ordre, en pleine expansion, est bientôt parfaitement structuré : il est dirigé par les moniales et la Grande Prieure qui a les moines sous son autorité.
   
  Fontevraud obtient ensuite les faveurs des Plantagenêt qui vont régner sur l'Angleterre et devient, pour un
temps, leur nécropole, comme Saint-Denis est celle des rois de France. S'y trouvent les gisants d'Aliénor d'Aquitaine, de son mari Henri II, de leur fils Richard Coeur de Lion et de leur belle-fille, Isabelle d'Angoulême, épouse de Jean sans Terre. Plus tard, les prieures savent acquérir les bonnes grâces des rois de France et Fontevraud devient abbaye royale. Il faut dire que plus de la moitié des abbesses sont de sang royal.
   
  A la Révolution, les moniales et les moines sont chassés. L'Abbaye devient bien natonal et Napoléon 1er y
établit ensuite une prison qui verra défiler près de 28 000 détenus. Elle est supprimée en 1963 et le dernier pensionnaire la quitte en 1985. Fontevraud est maintenant occupée, depuis 1975, par le "Centre Culturel de l'Ouest" chargé de promouvoir et animer ce monument prestigieux et d'y surveiller une importante restauration.
   
  Un total de 149 prieurés se sont réclamés, au cours des siècles, de l'obédience de Fontevraud, cet ordre mixte
dirigé par des femmes, dont 139 en France, 6 en Espagne et 4 en Angleterre. Dans la Vienne, on en dénombre 12 : Villesalem, Lencloître, Guesnes, La Puye, Forges commune de Chaunay, Montazay commune de Savigné, La Place commune de Savigné, Raslay, Renoué commune de Saint-Jean-de-Sauves, Saint-Mathurin commune de Loudun, La-Fontaine-d'Usson commune de Usson-du-Poitou et Montgauguier.
   
  Les quatre premiers cités ont conservé des monuments remarquables : à Villesalem l'église des soeurs, à
Lencloître l'église paroissiale, à Guesnes la chapelle Saint-Jean, à La Puye les bâtiments du couvent.

 

ORDRE DES TEMPLIERS

 

  L'ordre des Templiers est créé au début du Xllème siècle, pendant les croisades, pour défendre les pèlerins et
protéger les chemins peu sûrs qui mènent à Jérusalem. Représentant un groupe de soldats important et d'une grande homogénéité, il s'engage ensuite de plus en plus dans la défense des lieux saints sans cesse menacés par les "Infidèles".
   
  L'Ordre prend son nom lorsque Baudoin II, roi de Jérusalem après la conquête de cette ville par les Croisés
en 1099, donne aux premiers chevaliers sa résidence royale que l'on disait construite sur les ruines du temple de Salomon. Il comprend plusieurs sortes de membres :
 
  les chevaliers, nobles, portant blanc manteau et croix vermeille, qui assurent la fonction militaire.
  les écuyers et sergents en habits noirs, qui les aident et se recrutent dans la bourgeoisie et le peuple
  les prêtres, chargés du service religieux
  enfin, de nombreux domestiques et ouvriers divers pour l'entretien des bâtiments et les travaux de la Maison.
   
  Les chevaliers se plient à une règle sévère, observant les voeux de chasteté, pauvreté, obéissance, et conciliant,
ce qui est nouveau, les deux occupations : vie militaire et vie religieuse. Ils obtiennent une reconnaissance officielle du concile de Troyes en 1128 et de nombreux privilèges du pape Innocent II en 1139. L'Ordre, soustrait à la tutelle du patriarche de Jérusalem en Orient et à celle de la hiérarchie épiscopale en Occident, ne dépend que du pape. Les Templiers perçoivent les dîmes et ont le droit de faire bâtir des chapelles et de s'y faire enterrer. Ces privilèges leur attirent de vives jalousies dans l'Eglise et ils seront accusés plus tard par les évêques, d'orgueil et d'avarice.
   
  Les débuts de l'Ordre, très modestes (ses membres vivent d'aumônes), sont bientôt suivis d'une rapide expansion;
il acquiert une grande renommée qui lui permet d'avoir un rayonnement considérable. Très vite, de nombreux seigneurs s'y engagent et les dons affluent, d'importance diverse. Cela va de quelques revenus d'une terre, d'un domaine abandonné, sans grande valeur, à des châteaux et possessions étendues. Nombre de gens, plus ou moins nantis, veulent acheter leur salut éternel en participant, par leurs dons, à la conquête ou la reconquête de la Terre sainte. Les propriétés de l'Ordre s'étendent de l'Occident à l'Orient pour atteindre le nombre impressionnant de 9 000 Maisons, appelées aussi Commanderies.
   
  Les Templiers vont donc se constituer une fortune colossale, reposant d'abord sur la terre. Puis les bénéfices tirés
de leurs possessions admirablement gérées, les dépôts de biens meubles, bijoux et titres, faits par des particuliers assurés de trouver, auprès de l'Ordre, une sécurité que lui confère son autorité militaire et religieuse, biens qui lui sont quelquefois légués au décès de leurs propriétaires, tout cela génère une activité financière telle que les Templiers se transforment peu à peu en banquiers. Leur fabuleuse richesse, qui leur permet de prêter à des personnes de tout rang, y compris le Roi, leur attire de nombreuses convoitises et jalousies, si bien que le vendredi 13 octobre 1307 à l'aube, tous ceux de France sont arrêtés dans leurs commanderies sur ordre du Roi Philippe le Bel.
   
  Dans un procès religieux où la torture les aide à "soulager leur conscience", certains d'eux avouent tout ce
qu'on désire leur faire dire : hérésie, pratiques secrètes lors de la réception de nouveaux chevaliers, rites obscènes, reniement du Christ, crachats sur la Croix. Les Templiers sont condamnés à la prison, et s'ils reviennent sur leurs aveux, au bûcher, comme relaps. L'Ordre est finalement dissous par le pape le 1er octobre 1311, et ses biens immeubles réunis à celui des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, après que Philippe IV le Bel se soit emparé de leurs valeurs mobilières, du moins de celles qu'il a pu trouver, de nombreux récits populaires faisant état de trésors cachés un peu partout dans les commanderies, y compris à Montgauguier.
   
  Selon une légende, les décès du roi de France et du pape Clément V, dans les quelques mois qui suivent la fin
tragique des Templiers, seraient la conséquence de la malédiction lancée sur eux, du haut de son bûcher, par le Grand Maître de l'Ordre Jacques de Molay.
   
  Le double objectif que s'étaient fixé les Templiers, défense des Lieux saints et protection des pèlerins, explique
la double nature de leurs possessions : forteresses en Orient, là où il faut guerroyer, maisons d'accueil et fermes ailleurs pour héberger les nombreux pénitents se rendant à Jérusalem ou Saint-Jacques-de-Compostelle et assurer leur subsistance et leur sauvegarde.
   
  Montgauguier faisait partie de ce deuxième type de commanderie.
   
  L'origine de ce dernier nom vient de l'usage, datant du Vème siècle, de donner à une personnalité, clerc ou
quelquefois laïc, un domaine religieux en "commende", c'est à dire de lui en attribuer les bénéfices. Les ordres religieux, dont ceux du Temple et de Malte, prennent l'habitude de distribuer en commende à leurs chevaliers méritants, blessés ou trop âgés, certains de leurs biens qui deviennent des "commanderies". Les titulaires de celles-ci reversent une partie des bénéfices à l'Ordre souverain.

 

ORDRE DES HOSPITALIERS DE SAINT-JEAN DE JERUSALEM

 

  Il est créé en 1090. Comme celui des Templiers, il se destine à accueillir les pèlerins d'Occident se rendant à
Jérusalem et à les aider moralement et matériellement. S'adjoignant ensuite une force militaire, il entre en vive concurrence avec l'ordre du Temple. Pour y être admis, il faut fournir son arbre généalogique et prouver qu'on descend d'une grande famille. Les Français, en particulier, doivent posséder huit quartiers de noblesse (ce qui signifie que les huit arrière-grands-parents doivent être tous nobles de souche).
   
  En 1291, les Hospitaliers, avec les Templiers, sont défaits par les Infidèles devant Saint-Jean-d'Acre et se
replient dans l'île de Chypre où ils ont acquis précédemment de grandes propriétés. Ils continuent la lutte, puis en 1309, s'emparent de l'île de Rhodes, dont l'Ordre devient souverain. Ils y restent jusqu'en 1522 sous le nom de "chevaliers de Rhodes". Chassés par les Turcs, ils s'installent dans l'île de Malte, cédée par l'Empereur d'Allemagne, Charles Quint, et deviennent les "chevaliers de Malte", titre qu'ils possèdent encore aujourd'hui. Là, pendant des siècles, grâce à leur flotte de galères légères, ils protègent les navires chrétiens contre les corsaires barbares. L'Ordre imprime son empreinte à l'île. Les chevaliers la transforment en une citadelle de la chrétienté contre l'empire turc, sous l'autorité de leur plus célèbre Grand Maître, Jean Parisot de la Valette, qui donne son nom à la capitale. L'Ordre comprend alors 8 "langues" ou régions : la France, l'Auvergne, la Provence, la Castille, l'Aragon, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie. En 1798, les chevaliers de Saint-Jean sont chassés de Malte par Bonaparte en route vers l'Egypte, et après un court séjour à Nice (appartenant alors à la maison de Savoie), puis auprès du tsar Paul 1er de Russie, s'installent définitivement à Rome en 1834.
   
  Les privilèges accordés aux Templiers par les papes et les rois de France et d'Angleterre sont intégralement
reportés sur les Hospitaliers pour les propriétés qu'ils reçoivent à la suppression de l'ordre du Temple.
   
  Actuellement, l'ordre de Malte est reconnu comme état souverain par 43 nations auprès desquelles il délègue
un ambassadeur. C'est donc une puissance internationale qui possède quelques terrains à Rome où elle bat monnaie et émet des timbres. L'Ordre compte au moins 10 000 membres dans le monde, dont 450 en France, qui forment trois classes :
 
  les chevaliers de justice, les moins nombreux, religieux qui font voeu d'obéissance, de chasteté et de pauvreté. C'est dans leur sein, qu'avec l'accord du pape, est élu à vie le Grand Maître, lequel est assisté d'un Grand Conseil.
  les chevaliers d'obédience qui s'engagent par une promesse à respecter les règles de l'Ordre.
  les chevaliers de 3ème ordre qui ne prononcent aucun vœu, s'obligeant seulement à prendre des responsabilités hospitalières ou d'ordre social.
   
  De nombreux membres associés (plus d'un million dans le monde) forment une véritable armée de bienfaisance
qui a rendu de grands services, notamment pendant la Seconde guerre mondiale, et continue sa mission par ses centres de soin, dispensaires, centres de rééducation, ambulances, léproseries, etc.. En 1989, la presse a annoncé que l'Ordre de Malte avait envoyé un train sanitaire au secours du peuple roumain en lutte pour sa liberté.
   
  Il possède au château de La Roche, à Magné, près de Gençay, dans la Vienne, au domicile de son représentant

officiel (non ambassadeur, car la France ne reconnaît pas l'Ordre comme état souverain), un musée qui retrace la vie du premier ordre de chevalerie, de sa création jusqu'à nos jours.

   

LES DEBUTS DE MONTGAUGUIER

  La féodalité s'établit dans notre pays à partir des IXème et Xème siècles. La peur, en particulier des Normands

venant du Nord de l'Europe, pousse les comtes à construire de nombreux châteaux forts sur leurs terres. Ils sont obligés d'en confier la garde à certains de leurs hommes. Peu à peu, ceux-ci prennent le pouvoir aux alentours, puis plus tard transmettent leurs biens à leurs descendants.

   
  En même temps, les paysans, sans défense devant les invasions et les bandes armées, se mettent sous la
sauvegarde du propriétaire du château le plus proche et versent en échange des droits à leur protecteur. De là, l'origine des redevances seigneuriales gui vont perdurer jusqu'à la Révolution. Il va donc se former trois classes dans la société féodale :
   
  Les chevaliers gui apprennent le métier des armes et sont chargés de sa défense.
  Les religieux gui prient pour la sauvegarde de l'âme de tous.
  Ces deux classes ne travaillent pas.
  Les paysans et les ouvriers dont l'unique tâche consiste à nourrir tous les autres.
   
  Ces trois classes formeront plus tard la Noblesse, le Clergé et le Tiers État; elles se maintiendront jusqu'à la
Révolution. Notre histoire de Montgauguier commence alors que,partout, s'est imposée cette société féodale.
   
  L'orthographe actuelle de Montgauguier s'est fixée au XVIIIème siècle. Auparavant, suivant les époques, on trouve :
Monte Gualgiero, Mongogueru, Montgauguer, Montgauger, Montgaugeir, Mongogue, Gauguer, Gaugé, Gogier, Goguy, Gaulguier, Gaulguy, Goguay, Gauguier, Montgaudier, Montgautier.
   
  A partir du XVIème siècle, les graphies les plus utilisées sont Gauguier et Montgauguier, avec parfois au XVIIIème
siècle, Montgaudier et Montgautier.
   
  En 1084, Montgauguier apparaît pour la première fois dans un texte citant le seigneur Ugo de Monte Gualgiero.
En 1095, celui-ci est en rapport avec l'abbaye de Nouaillé, important monastère construit au VlIIème siècle au sud-est de Poitiers.
Ensuite, Montgauguier est cité dans les documents concernant l'abbaye de Fontevraud. Le professeur J.M. Bienvenu a rédigé une monumentale thèse de plus de 2.000 pages, contenant toutes les connaissances actuelles sur cet ordre prestigieux.
Les renseignements qui suivent sont tirés de ce livre, et fournis aimablement par Monsieur Jean Poulain, directeur-adjoint du "Centre Culturel de l'Ouest", à Fontevraud.
   
"Prieurés fondés entre 1115 et 1119 :
   
    Cités parmi ceux confirmés le 15 septembre 1119 par le privilège de Calixte II, les lieux de ...et de
  Montgauguier... ne tardèrent pas à voir naître des prieurés dont plusieurs étaient sans doute déjà installés à cette date de 1119. Un autre, celui de Valette, attesté par la suite, semble avoir été issu de celui de Montgauguier....
     
    Au diocèse de Poitiers, le lieu de Montgauguier avait été reçu, avant 1119, d'un certain Dimeri Flocel.
  Il devint rapidement le siège d'un prieuré gui eut pour première prieure Richilde (elle reçoit en ses mains le renoncement d'un certain Péan Renoul à ses prétentions sur une terre) et pour premier prieur, Giraud de Saires. Il fut probablement la souche d'où se détachera le prieuré de Valette, né à moins de deux lieues de là, au nord-ouest, sur une terre donnée par un Péan Morin. Attesté dès 1128, Valette eut pour première prieure Richilde, sans doute la même que celle d'abord chargée de Montgauguier, qui le dirigera jusqu'en 1155...
     
    Parmi les témoins d'un acte passé en 1128, sont cités successivement Giraudus Sacerdos de
  MONTEGAUGERIO et ... ; Giraud, desservant de la petite paroisse, constituée autour de Montgauguier, n'est pas dit être religieux fontevriste, alors...
     
    Guillaume 1er, élu évêque de Poitiers fin 1117 ou début 1118, ne tarda pas à manifester sa sympathie pour
 

le fondateur Robert d'Arbrissel... En sus de celle de Montazai, les obédiences nouvelles de Coulonges, Ladent, Montgauguier vinrent s'ajouter, sous son épiscopat, aux sept que l'Ordre possédait déjà dans son diocèse à son avènement...

     
    A Grimoard succéda (comme évêque de Poitiers) le savant Gilbert de la Porie (1141-1154) qui ne semble
  pas avoir été initialement en mauvais termes avec Fontevraud : avant 1149, au chapitre de Saint-Pierre de Poitiers, ce fut entre ses mains et en présence de ses archidiacres Calon et Arnoud, qu'un certain Dreux Thomas renonça, en faveur de ses moniales, à ses exigences sur la terre de Montgauguier et leur reconnut à l'avance tout ce qu'elles pourraient recevoir dans ses fiefs...
     
    Ainsi se trouva renforcée par cet ensemble, situé entre la Poraire à l'ouest et le groupe Montgauguier-Valette
  à l'est, la présence fontevriste entre Thouars et Parthenay...
     
    Parmi les espaces forestiers cédés à Fontevraud, plusieurs l'avaient été de par la volonté des donateurs
  eux-mêmes, non pas en vue de leur utilisation mais en celle de leur défrichement à effectuer ou parachever, donations desquelles sont à rapprocher celles des terres incultes à mettre en valeur... On relevé des donations d'essarts proches de Montgauguier, donnés par un certain Geoffroi Belgues, sous Pétronille de Chemillé...
     
    Les temporels des prieurés étant ainsi considérés comme n'étant pas leur propriété propre, mais celle de
  l'Ordre tout entier, il est a supposer que certains au moins furent tenus d'envoyer, à dates fixes, des contributions foncières à la Maison-mère, bien avant le second quart de siècle où cette obligation est pour la première fois attestée... D'après le plus ancien état des recettes de l'Abbaye parvenu jusqu'à nous, les prieurés de ... et Montgauguier étaient astreints à de tels versements."
  Donc, selon cette thèse qui fait autorité actuellement, le prieuré fontevriste de Montgauguier est fondé entre 1115 et
1119. Robert d'Arbrissel étant venu prêcher plusieurs fois en Poitou avant sa mort en 1116, on peut considérer que c'est à la suite de ses sermons que des dons ont permis l'installation du prieuré, créé sous la deuxième Grande Prieure Pétronille de Chemillé, qui a succédé à Hersande en 1115. Il y avait donc à Montgauguier deux monastères séparés, hommes et femmes, la direction étant assurée, comme toujours dans l'ordre de Fontevraud, par la Prieure.
   
  Voilà tout ce que l'on sait actuellement sur Montgauguier, prieuré fontevriste. De toute façon, il va disparaître très vite,
au contraire de certains autres qui se sont perpétués jusqu'à nos jours. Pourquoi se retrouve-t-il bientôt Maison de l'ordre des Templiers et à quelle date ? Impossible de répondre avec précision. Dans le tome V de la collection Fonteneau à la bibliothèque municipale de Poitiers, on trouve une charte en latin datant de 1219, dans laquelle Aimeri de Fraesne confirme les dons d'héritage faits par ses prédécesseurs à l'abbaye des Châtelliers (qui était située à Fomperron dans les Deux-Sèvres).
Le commandeur du "Templarius de Montgauger" y est cité comme témoin. Le château de Fraesne ou du Fraigne se trouvait près
d'Ibeille. Cette abbaye des Châtelliers avait alors d'autres possessions au Dujet, à Beauvais, à Vivonne, dans la commune actuelle de Cherves.
 
  Le prieuré fondé entre 1115 et 1119 existe toujours à la mort de Pétronille de Chemillé en 1149, mais en 1219 les
Templiers sont installés à Montgauguier. C'est donc entre ces deux dernières dates qu'il faut situer la transformation du prieuré en commanderie.
   
  On retrouve celle-ci dans un autre acte datant du jeudi après la Saint-Martin 1258 par lequel Hugues Poitevin, chanoine
de Notre-Dame de Mirebeau, fait don
   
    "aux religieux et frères de la Maison du Temple de Montgauguier, en pure et franche aumône, de 4 deniers de cens gui me reviennent d'un pré situé près de la terre de la Chaume et de la Commanderie"
      AV, 3H1, 544
  En 1269, le frère Martin de Montrichard (dernier maître de la Maison de Saint-Sauveur-des-Cordes) fait une donation à
la Commanderie et est reçu templier dans la chapelle par le commandeur Regnault Bertrand. Cette donation est rédigée en latin, et un traducteur, quelques siècles plus tard, ajoute au bas de 1'acte :
    "sans signature, parce qu'on ne signait point les actes en ce temps-là"
      AV, registre 475
  La commanderie de Montgauguier est un domaine à vocation agricole, puisqu'il s'agit pour elle comme pour toutes celles
de la région, de subvenir aux besoins de la communauté et des pèlerins se rendant à Jérusalem et Saint-Jacques-de-Compostelle et de contribuer à la prospérité de l'Ordre. Elle se présente sous la forme d'un ensemble de bâtiments, logements des habitants, écuries, étables, toits, granges pour emmagasiner les récoltes. Hormis la prière, les frères ont pour principale occupation de faire fructifier les biens de la Maison. Ils entretiennent les bâtiments avec de nombreux ouvriers. Ils cultivent les terres avec l'aide de domestiques (serfs ou vilains) pour en tirer le maximum de ressources. L'élevage du cheval est très important, car il faut approvisionner en montures les chevaliers qui vont guerroyer en Terre sainte.
   
  Seule l'église, de forme romane, date de cette époque. Car l'Ordre a obtenu du pape Innocent II, dès 1139,
l'autorisation de construire des chapelles à l'usage des frères. Elle est desservie par un chapelain, membre des Templiers, et autonome par rapport à la hiérarchie catholique.
   
  Les bâtiments originaux de la Commanderie ont disparu, remplacés aux XVème et XVIème siècles, après leur cession
aux Hospitaliers, par de nouvelles constructions, en particulier des fortifications dont le besoin se faisait sans doute sentir en ces périodes de troubles.
   
  Selon une légende, les châteaux de Montgauguier et de Beauvais, ce dernier dans la paroisse de Cherves, étaient reliés
par un souterrain dans lequel disparurent à jamais deux audacieux qui avaient voulu l'explorer.
Lorsque Léonce Laurentin, du Duget, a fait creuser récemment son étang de Brétignole, il a trouvé des restes d'un chemin empierré prenant les directions opposées de ces deux châteaux. Selon la tradition orale, les habitants de Beauvais venaient laver leur linge à cet endroit.
   
  Notre région faisait partie du Poitou-Aquitaine dirigé par un "Maître du Temple". Par la suite, la commanderie,
domaine des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dépendra du Grand Prieuré d'Aquitaine.
   
  Montgauguier semble avoir été un cas presque unique car, en consultant la liste des 149 prieurés de l'ordre de
Fontevraud et celle des principales commanderies des Templiers, on ne trouve qu'un seul autre exemple d'établissement ayant eu successivement les deux obédiences : Clisson, en Loire-Atlantique.
   
  Selon M. Poignat, dans son "Histoire des communes des Deux Sèvres", le prieuré de Valette (actuellement commune
de Thénezay) disparut rapidement lui aussi. Voici ce qu'il écrit :
   
 

"Les abbayes de l'Absie et de Fontevraud se disputèrent au Xllème siècle la possession du prieuré de Valette. Le conflit fut réglé en
1136 par l'évêque de Poitiers. A la place de l'établissement religieux, il n'y eut bientôt plus qu'une métairie dépendant de la seule abbaye de l'Absie. En 1792, elle fut vendue comme bien national aux citoyens Belliard, Bernard et Tonnet de Saint-Loup-sur-Thouet."

   
  Rappelons toutefois que ci-dessus, le professeur Bienvenu affirme, avec sûrement des preuves à l'appui, que Richilde

dirige ce prieuré, dépendant alors de l'ordre de Fontevraud, jusqu'en 1155. Il semble donc que ce n'est qu'après cette date au moins que Valette entre dans la mouvance de l'abbaye de 1'Absie.

   
  ACCORD MONTGAUGUIER-MIREBEAU) EN 1284
   
  En 1284, le commandeur de Montgauguier, Regnault Bertrand a des démêlés avec Thibault de Bosmez, seigneur de
Mirebeau et de Blazon, dit "le grand seigneur de Montfaucon". Une transaction intervient et un accord est signé le 2 mars. Ce document donne des renseignements précieux sur :
   
  1) L'exercice de la justice sur le territoire de 1a Commanderie, qui sera la source de différends sans cesse
renouvelés, jusqu'à la Révolution, avec la châtellenie de Mirebeau.
   
  2) Ses limites territoriales. De nombreuses autre; propriétés de la région apparaissent plus tard dans les acte:
mais elles ont probablement été acquises ou héritées par la suite.
   
  3) Les relations entre les commanderies de Montgauguier et de La Lande de Craon, les liens les unissant étant
beaucoup plus étroits que ceux d'une simple mouvance.
   
  Voici ce document à peu près intégralement, les suppressions opérées n'ayant aucun intérêt pour la compréhension
du texte ou ne se rapportant qu'aux limites territoriales de la commanderie de La Lande de Craon.
   
   

"A tous ceux qui verront et entendront ces présentes lettres, Thibault de Bosmez, seigneur de Mirebeau et de

  Blazon, salut.
   
    Sachent tous ceux qui sont et à venir...qu'entre religieux frère Regnault Bertrand, commandeur de la
  commanderie de Montgauguier et les frères de ladite Maison d'une part
    et nous d'autre part soussignés
    A savoir que ledit commandeur et les frères disaient ... avoir toute justice, grande et petite à Montgauguier et
  ses dépendances, aux Maisons-Neuves par tout le village, sur les hommes et aux terres d'environ qui leur ppartiennent à La Lande de Craon et généralement sur tous les autres hommes habitant en notre châtellenie deMirebeau.
    Nous disions contre le commandeur et ses frères qu'ils n'avaient pas droit aux choses demandées...
    Ledit commandeur et ses frères auront dorénavant, sans contredit et perpétuellement, toute manière de
  justice, grande ou petite, sur les hébergements et terres ci-dessous, comme nous l'ont affirmé de bonnes gens dignes de foi, et comme nous l'avons vu dans le contenu des lettres de nos prédécesseurs. C'est à savoir :
  Depuis l'hébergement de Montgauguier et ses appartenances qui sont enclos de murs et fossés tout environ, jusqu'à la
voie qui va de Cherves à Vouzailles, cette voie mène droit au carrefour de la croix par où l'on va de Montgauguier aux Maisons-Neuves.
  De la borne mise au coin du pré devant le carrefour droit à la borne mise au coin de l'hébergement de Montgauguier.
  Et en leur village des Maisons-Neuves partout, et aux terres tenant à ce village.
  Ensuite de l'hébergement à Pierre Barreau de Massognes droit vers la rivière qui vient du Saule de Pauillé et droit au
moulin à eau dudit village.
  Dudit moulin droit à la maison de Macé Guillebault, et de cette maison droit à la borne mise au champ de Jean le meunier.
   
  De cette dernière borne droit a une autre borne qui est près d'un fossé entre la terre du Commandeur et celle de
1'abbesse de Sainte-Croix de Poitiers.
  De cette borne droit à la borne au carrefour devant la maison de Pierre Bourdin.
  De cette borne droit à la borne mise au champ de Jean Rennos.
  De cette borne droit à la borne mise au fief de la vigne de la prairie Notre-Dame.
  De cette borne droit à la borne mise au champ de Pierre Lori.
  De cette borne droit à la borne mise au champ de Pierre Yvonnet près de la maison aux Nicolas, féaux de Pauillé.
  Des hébergements de Macé Giraut, Jean Becon et Thomas Noiraud devant les Gourgeaudières aux deux moulins à
vent qui sont au Commandeur. L'endroit où sont construits ces deux moulins est suffisamment vaste pour que les échelles puissent tourner. La maison du meunier est entre les moulins.
 

 

  [Suit la description des limites de la commanderie de La Lande de Craon]
   
  Le commandeur et ses frères pourront posséder et exploiter dorénavant perdurablement toute manière de justice,
grande ou petite, dans leur commanderie, en leur village des Maisons-Neuves, et sur leurs terres ci-dessus nommées et divisées par bornes, sans aucun contredit de notre part et de nos successeurs.
  En un arpent de leur pièce de terre, près des Gourgeaudières, ils pourront lever leur justice et construire des fourches
patibulaires et gibet.
  Même justice en l'hébergement de La Lande de Craon et ses appartenances...
  Accord entre nous et le commandeur et lesdits frères que ceux-ci auront un jaleau signé à notre seing, ajusté à notre
mesure de Mirebeau.
  Accord pour que cette justice s'applique aux biens de la commanderie à Vouzailles et en tous autres lieux de notre
châtellenie de Mirebeau.
  Et promettons que dorénavant ne nous opposerons par aucun droit à cette justice. . .
  Et en garantie de ce qui est écrit ci-dessus, nous avons apposé à ces présentes lettres notre sceau.
  Fait et scellé le vendredi avant le dimanche que l'on chante Laetare Jérusalem en l'an mil deux cent quatre-vingt-quatre."
    AV, 3H1, 544
 

Nous nous référerons souvent à ce texte dans les chapitres suivants (voir documents n° 3 et 4).

   
  Il est évident que le baron de Mirebeau n'accepte pas degaieté de cœur d'aliéner ainsi son autorité sur sa châtellenie.
   
Mais il est contraint de respecter les privilèges accordés à l'ordre du Temple et sans cesse renouvelés par les rois de France, celui régnant alors (jusqu'en 1285) étant Philippe III le Hardi.
   
FIN DES TEMPLIERS A MONTGAUGUIER
   
  A la date de l'accord avec le seigneur de Mirebeau, l'ordre des Templiers est proche de sa fin. Le 13 octobre 1307, le roi
de France Philippe IV le Bel (fils de Philippe III le Hardi) fait arrêter les chevaliers après une minutieuse préparation, puisque tous les baillis et sénéchaux de France en ont reçu l'ordre un mois plus tôt sous forme d'un pli cacheté à n'ouvrir que le 12, pour prévenir toute fuite. Ces précautions montrent la puissance du Temple et la crainte qu'il inspire au roi de France lui-même. Les frères de Montgauguier sont sans doute conduits à la prison de Poitiers.
   
  En 1307, pour une durée de 16 mois, le pape Clément V, qui n'est autre que l'ancien archevêque de Bordeaux Bertrand de Goth,
vient séjourner à Poitiers au couvent des Cordeliers qui dépendait de l'ordre des Franciscains et était situé dans l'actuelle rue des Cordeliers, près du magasin des "Dames de France". Il veut rencontrer le Roi qui loge au couvent des Jacobins dépendant de l'ordre des Dominicains et situé en haut de la rue actuelle Jean Jaurès (voir document n° 10), car il est réticent dans cette affaire de l'ordre du Temple qui a toujours été l'enfant chéri des papes successifs depuis sa création. Pour convaincre Clément V, qui réunit un consistoire dans la grande salle du palais des Comtes d'Aquitaine (actuellement salle des "Pas perdus" du palais de Justice), Philippe le Bel fait comparaître 72 chevaliers soigneusement choisis par lui et qui, convenablement interrogés comme on savait le faire alors (par la torture), reconnaissent leurs fautes. Il est possible que certains des frères de Montgauguier aient fait partie de ce
groupe, mais pas tous, puisque le chevalier Martin de Montrichard qui, nous l'avons vu, avait été reçu dans l'Ordre à
Montgauguier en 1269, n'avoue rien, niant qu'on ait pu lui demander de renier le Christ et de cracher sur la Croix (tome 2 du "Procès des Templiers").
   
  Le pape finit par se laisser convaincre par le Roi après beaucoup d'hésitations et prononce la dissolution de l'Ordre en
1311, soit 4 ans après le début du procès.
  Voici l'ordre de transmission des biens des Templiers du
Poitou aux Hospitaliers :
  "A tous ceux qui verront et entendront ces présenteslettres...salut.
  Sachez tous que, à la requête de frère Huques Theyl, commandeur de la Maison de l'Hospital de La Rochelle, et du
procureur frère Simon Le Rat, de la sainte Maison de l'Hospital de Saint-Jean de Jérusalem, Prieur en France, et l'accord des frères dudit prieur, Guiot de la Motte, sergent du Roi, a pouvoir de bailler et délivrer audit procureur la possession des biens du Temple de la sénéchaussée de Poitiers".
   
  Quant au commandeur Régnault Bertrand qui a signé l'accord de 1284 avec le baron de Mirebeau, il serait décédé en 1309,
sans doute en prison à Poitiers, avant la dissolution de son ordre.
   
  La commanderie de Montgauguier devient donc la propriété des Hospitaliers vers 1312-1313 et est rattachée à celle de
Saint-Georges-les-Baillargeaux, mais garde un commandeur. Il semble qu'il va falloir beaucoup de temps pour que la cession
des biens soit terminée, puisqu'on ne parle de "l'Hôpital de Montgauguier" qu'à partir de 1396. Il est vrai que de graves troubles règnent alors dans la région, conséquence de la longue guerre entre la France et l'Angleterre qui sévit partiellement dans l'Anjou et le Poitou, Montgauguier se trouvant dans la première de ces provinces et à la frontière de la seconde. Un commandeur et des frères du nouvel ordre s'y installent donc avant la fin du XlVème siècle.
   
  Grâce aux deux documents ci-dessous, tirés du registre 3H1, 475, des archives de la Vienne, détaillant l'inventaire de la
Commanderie en 1712, on peut situer approximativement la date à laquelle Montgauguier va perdre son commandeur et passer sous
l'autorité directe de celui de Saint-Georges-les-Baillargeaux :
   
  "Plus la sentence rendue à l'assise de Saumur contre le procureur de la Cour au profit du commandeur de Montgauguier,
par laquelle la haute, moyenne et basse justice et juridiction dudit lieu de Montgauguier, appartenances et dépendances, et sur les
hommes d'icelle, est confirmée audit sieur commandeur. du 17 octobre 1469"
   
  "Est joint un aveu et dénombrement rendu par frère Pierre de Cluys, commandeur de Saint-Georges-de-Montgauguier,
bailli de la Morée, au seigneur de Mirebeau, de sa contrée, fief, seigneurie et juridiction de Montgauguier.
     
    Du 28 mars 1516"
   
  La commanderie de Montgauguier devient donc une dépendance plus étroite de celle de Saint-Georges-les-Baillargeaux
entre 1469 et 1516, soit vers la fin du XVème siècle. Dans la liasse 3H1, 551, on trouve mention en 1501, du frère Pierre Decheys,
chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Saint-Georges, Plaincourault et Montgauguier (la 2ème commanderie citée ici se trouvait dans le département actuel de l'Indre, tout près de celui de la Vienne; il y subsiste encore la chapelle). Mais il semble gue les frères vont continuer à occuper le domaine un siècle encore, car on ne trouve mention d'un fermier, Antoine Dribault, qu'en 1624 pour la première fois.
   
  A partir du début du XVIIème siècle, les actes ne citent plus gue le Grand Prieur" d'Aquitaine, le commandeur de
Saint-Georges ayant sans doute à son tour disparu.
   
  Montgauguier devient alors un des membres du Grand Prieuré d'Aguitaine (il existe 6 grands Prieurés en France) qui couvre
tout le sud-ouest et l'ouest de notre pays, comprenant 6 régions et 228 commanderies. Dans un acte de 1251, on apprend gue les Templiers possédaient des biens, cédés ensuite aux Hospitaliers, entre les rues actuelles de la Cathédrale, Montgautier et Grand-Rue à Poitiers. Le Grand Prieur y est installé dans son hôtel, Grand-rue du Pont Joubert (actuellement 159 Grand-rue, où le porche existe toujours (voir document n° 10)). C'est un très grand seigneur, résidant souvent à la Cour du Roi et se déchargeant de l'administration de ses domaines sur ses nombreux officiers habitant Poitiers : intendants, sénéchaux, notaires royaux apostoliques. Ses armes sont "d'azur à la fasce d'argent chargée d'un tau et d'une molette d'éperon à six raies, le tout de sable".
   
  Partagé maintenant entre plusieurs propriétaires, l'hôtel du Grand Prieur était situé au coin de la rue Montgautier, qui jusqu'en
1700, s'appelait rue Saint-Léger, du nom d'une église gui s'y élevait. Cette rue devait son nom, selon certains, à Aaron Gauthier, procureur au Présidial de Poitiers qui y avait son hôtel particulier; selon d'autres, ce nom serait la déformation du nom de Montgauguier. Sans prendre parti, remarquons qu'on trouve quelquefois dans les actes ou déclarations chez les notaires, jusqu'en 1789, les graphies : Montgautier et Montgaudier, pour désigner la Commanderie.
   
   
GUERRES DE CENT ANS ET DE RELIGION
   
   
   
 

GUERRE DE CENT ANS

   
  Aliénor d'Aquitaine, après son divorce avec le roi de France Louis VII en mars 1152, épouse en mai 1152 à Poitiers le duc
de Normandie, comte d'Anjou, Henri Plantagenêt qui devient roi d'Angleterre en 1154 et règne donc aussi sur l'Aquitaine et le Poitou, apportés par sa femme dans la corbeille de mariage.
   
  Comme tous les seigneurs de la région, les commandeurs de Montgauguier rendent hommage aux rois d'Angleterre, comtes
d'Anjou, qui maintiennent aux Templiers et aux Hospitaliers dans les territoires qu'ils occupent les privilèges déjà accordés par les rois de France, comme le montre l'un des inventaires de la Commanderie :
   
 

"...pièces des privilèges donnés à l'ordre de Malte par les rois de France et d'Angleterre"

   
  Richard Cœur de Lion, devenu duc d'Aquitaine en 1170, puis roi d'Angleterre en 1189, s'installe à Poitiers avec sa mère

Aliénor. Après sa mort, en 1199, son frère Jean sans Terre ne peut conserver le Poitou, repris par le roi de France Philippe
Auguste en 1204 et qui restera possession française jusqu'à la guerre de Cent Ans (1340 à 1453). En 1258, l'Anjou entre
définitivement dans le royaume de France.

   
  La guerre est déclenchée après le décès des trois fils de Philippe le Bel qui vont régner successivement sans laisser de
descendants mâles (le dernier Charles IV décède en 1328), le roi d'Angleterre étant l'héritier le plus direct de la couronne de
France, par sa mère, Isabelle de France, sœur des rois précédents. Les barons ne voulant pas d'un roi anglais vont
couronner le plus proche parent français, neveu de Philippe IV, sous le nom de Philippe VI de Valois.
   
  Le Poitou et l'Anjou se trouvent à nouveau en première ligne. De l'Aquitaine proche, les Anglais lancent de nombreux raids
sur notre région, l'un d'eux se terminant pour le roi de France, Jean II le Bon, par la défaite de Poitiers en 1356
(bataille qui a lieu près de Nouaillé au sud-est de Poitiers). Les Anglais s'emparent de la forteresse de Vouzailles et rançonnent les populations voisines. Une note en tête d'un compte de l'abbaye de Sainte-Croix de 1361 nous apprend qu'ils ont quitté notre région le 19 juin de cette année-là, mais que :
   
  "les lieux de Maillé, Ayron, Pauillé, n'ont pour ainsi dire rien rapporté parce que les terres n'y étaient pas cultivées et
n'avaient pas été ensemencées..."
    MSAO,4ème série, tome 19
   
  Au traité de l'Angleterre et le Brétigny en 1360, roi en prévient les le Poitou est Poitevins en 1361
   
  "...Par lequel traité avons promis et devons bailler à notre dit frère le roi d'Angleterre pour lui et ses héritiers et successeurs
à perpétuité...la terre et le pays du Poitou, avec leurs appartenances et dépendances..."
    AHP n°17
   
  Notre région, située en Anjou, reste la possession du roi de France, mais les Anglais sont tout proches. La guerre reprend
quelques années plus tard et les dévastations recommencent. Vouzailles va beaucoup souffrir à nouveau. L'hébergement de Pierre Lasnier y est brûlé en 1369. Il en sera indemnisé l'année suivante :
    "Don à Pierre Lasnier de 20 1 de rentes à prendre sur les biens de plusieurs Poitevins rebelles, en
  dédommagement des meubles et immeubles qu'il a perdus à Poitiers et à Vouzailles à cause de sa fidélité"
      AHP n°19
   
  Il existe toujours actuellement à Vouzailles un quartier appelé "Puits Lasnier".
   
  En 1372, le receveur de l'abbaye de Sainte-Croix note :
   
  "La recette d'Ayron, de Maillé, de Pauillé... est vacante en raison des Français et des guerres."
    MSAO, 4ème série, tome 19
 
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