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"Estimation ; | ||||
1)
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maison de revenus annuels | 100 1 | ||
2)
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terres d'un total de 1 436 boisselées | 1 395 1 | ||
Total du revenu 1 495 1 |
soit au capital : 1 495 x 22 = 32 890 1 | |||
Le citoyen commissaire fait remarquer qu'il existe sur les dépendances plusieurs arbres de capital : 150 1 et | |||
environ 100 pieds de noyers presque tous petits et de faible rapport, capital : 200 1, soit 350 1. | |||
Total général: 32 890 + 350 = 33 240 1" | |||
La vente a lieu le 18 messidor an 4 (6 juillet 1796). La commission déclare : | |||
"Le domaine n'étant pas le seul compris dans la taxe, ce domaine étant affermé avec celui de La Lande dont | |||
les bâtiments sont commune de Craon, au citoyen Clave, fermier du tout, et le domaine de La Lande étant soumissionné particulièrement, l'expertise étant même ordonnée à défaut du bail de 1790, et de taxe d'imposition séparée, il y a lieu de suivre le résultat de l'expertise pour le domaine de Montgauguier." | |||
Celui-ci est adjugé à Louis Martin pour le montant de l'estimation, car il est le seul soumissionnaire : | |||
"L'acquéreur entre en jouissance à partir de ce jour. Les fermages de l'an 4 seront partagés selon la loi et | |||
ceux des récoltes précédentes réservés à la Nation, à la charge pour l'acquéreur de laisser le fermier actuel jouir des biens pendant le temps qu'il en a le droit conformément à son bail. | |||
Enregistré à Poitiers le 18 messidor an 4 [5 août 1796]" Pour la soumission, Louis Martin a consigné entre | |||
les mains du Receveur des domaines nationaux, la somme de 2 350 1. | |||
D'après AV, Q2, 45 | |||
Le bail des frères Clave signé en 1788 avec l'intendant du Grand Prieur ne doit se terminer qu'en 1798. Mais il n'a pas été | |||
enregistré auprès du district de Poitiers comme le prévoit la loi du 19 septembre 1792 et est considéré comme nul. Louis Martin en profite donc pour obtenir, par un accord signé avec Pierre Clave le 28 thermidor an 4 (15 août 1796), en présence de François Mitault, ami commun des deux hommes, la jouissance immédiate et entière de son acquisition dès 1796. |
A cette date, le domaine de Montgauguier a une superficie de 1 436 boisselées, soit près de 96 hectares. Lors de | ||
l'inventaire de 1730, dressé à l'instigation de Louis Serruau, il ne contenait que 1 168 boisselées, soit environ 78 hectares. En 66 ans, il s'est donc accru de 18 hectares. Cela prouve qu'il est très rentable et que, même résidant à Poitiers, les intendants en ont assuré une bonne gestion. | ||
On peut penser que Louis Martin le savait et que c'est la raison pour laquelle il ne s'est pas porté acquéreur du domaine | ||
de Pauillé dont il était fermier depuis vingt ans. Et puis la superficie de Montgauguier est plus du double de celle de Pauillé. La mémoire collective, dans sa famille, veut qu'il ait réglé son acquisition avec une "valise" d'assignats dépréciés. C'est fort possible, mais dans ce cas, il n'a pas été le seul à utiliser ce procédé avantageux (En effet, pour l'achat des biens nationaux, l'Etat acceptait la monnaie au pair, c'est-à-dire à la valeur d'émission). Les assignats ayant été supprimés en 1796 (ils avaient alors perdu plus de 99 % de leur valeur initiale) et remplacés par des "mandats territoriaux" qui se déprécient aussi très vite, c'est peut-être avec cette dernière monnaie que Louis Martin réglera réellement son achat. | ||
Après la vente, il cède un terrain faisant partie de la propriété qu'il vient d'acquérir, à Pierre Château, acheteur du |
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domaine de Pauillé : | ||
"Aujourd'hui 12 fructidor an 4 [22 août 1796] a comparu Louis Martin... lequel déclare que l'acquisition | ||
qu'il a faite le 18 messidor du pré de La Courtière contenant 18 boisselées... est au profit du citoyen Pierre Château demeurant à Poitiers... qui devient propriétaire du pré aux conditions qu'il a été acquis... soit 36 F de revenu et le capital 792 1." | ||
Louis Martin sera adjoint de Jean Roy au conseil municipal jusqu'en 1808. Par son second mariage, il est probablement | ||
le gendre de André Métais qui fut en conflit avec la communauté de Cherves-Montgauguier au sujet de la gabelle. L'un de ses fils, Louis, sera maire de 1831 à 1841, un autre fils, Pierre, adjoint de 1841 à 1878, un fils de ce dernier adjoint de 1878 à 1881, conseiller municipal ensuite, et enfin un autre petit-fils de Louis Martin, Delphin Martin, fils de Jacques Martin son troisième garçon vivant (Louis Martin a eu 6 garçons, le premier à 64 ans, le dernier à 75 ans), sera maire de 1884 à 1889 (puis maire de Vouzailles de 1889 à 1896). Ce sont des ancêtres aux 6ème, 5ème, 4ème degrés de Christian Grassin, actuellement conseiller municipal de Maisonneuve. Lucien Rolland est aussi un descendant au 4ème degré de Louis Martin (voir document n°25). | ||
Pourquoi Louis Clave, fermier de Montgauguier et de La Lande, n'a-t-il pas soumissionné pour l'un de ces deux | ||
domaines ? Peut-être a-t-il acheté ailleurs, car il habite au hameau de Coudray, commune de Thurageau, en 1806. Il vient, en effet, à Montgauguier le 1er avril de cette année-là, pour témoigner dans un différend qui oppose les ex-amis de 1796, Louis Martin et François Mitault, ancien fermier du domaine, à propos d'un droit d'ébranchage d'arbres et d'un terrain appelé Beaulieu au Fougereux. | ||
Il y a là aussi Jean Dribault et Jean Métais, anciens fermiers, le premier jusqu'en 1764 avec son père, le second en 1783, | ||
et François Recoupé, ex-domestique de 1'ex-fermier Gorin. Sont donc présents ou représentés cinq anciens fermiers et le nouveau propriétaire. La conciliation ne peut avoir lieu et l'affaire est portée en justice. Louis Martin perdra son procès en 1809 et paiera les dépens, s'élevant à 144 livres, aux héritiers de François Mitault décédé l'année précédente. |
Le Concordat du 28 messidor an 9 (17 juillet 1801), signé entre Bonaparte, Premier Consul, et le pape Pie VII, règle les |
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nouveaux rapports de l'Eglise de France avec l'Etat. Il sera appliqué jusqu'en décembre 1905. | |
Il reconnaît que "la religion catholique romaine est celle de la majorité des Français". L'Eglise accepte l'aliénation des |
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biens ecclésiastiques effectuée par la Révolution, et la nomination, par le pouvoir civil, des évoques et des prêtres, ceux-ci prêtant serment, les premiers étant ensuite "institués" par le pape. En contrepartie, l'Etat assure un traitement décent aux ministres du culte. | |
Notre paroisse est alors rattachée à celle de Massognes, dont l'église devient église paroissiale de Montgauguier, au |
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grand dam des habitants de notre commune. Bersange en est le curé, mais tout en continuant à résider dans sa maison de Maisonneuve. Il célèbre tout de même des messes à la chapelle, sans doute le dimanche, mais il semble que les baptêmes, mariages, enterrements se fassent à Massognes. Du moins ces cérémonies ne sont-elles pas notées dans son registre de Montgauguier. | |
Bersange meurt à Maisonneuve le 15 floréal an 12 (5 mai 1804). Cela ne modifie pas la subordination de notre paroisse à |
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celle de Massognes où un nouveau curé est nommé. | |
La chapelle est agrandie, à partir de 1839, avec des pierres du château de Montgauguier et son clocher (disparu depuis) |
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remis en état ensuite. Le devis des travaux s'élève à 880,15 F. Le fronton, donnant sur la rue de Mirebeau, porte encore sous le dessin d'une croix blanche, la date de 1841 et le mur, plus bas, l'inscription "Domus Dei" (Maison de Dieu). | ||
Le 31 août 1856, Monseigneur Pie, évêque de Poitiers (il acquerra la célébrité dans toute la France en 1873 grâce à sa | ||
déclaration en faveur de la monarchie légitimiste du comte de Chambord : "la France en détresse attend un chef, elle attend un maître"), décide d'ériger Montgauguier en succursale dépendant du doyenné de Mirebeau, c'est-à-dire de lui redonner son autonomie perdue en 1801. Mais il y pose les conditions suivantes : | ||
"Aussitôt que l'église de Montgauguier sera ornée décemment, munie de tous les objets nécessaires à | ||
l'exercice du culte catholique, que le presbytère sera en état, et que le personnel de notre cierge nous en donnera la possibilité, il y sera envoyé un desservant. | ||
Il sera procédé dans le plus bref délai, s'il ne l'a déjà été, conformément aux lois existantes, à la formation | ||
d'un conseil de fabrique pour veiller aux
intérêts de la nouvelle paroisse..." Bulletin paroissial de Montgauguier, octobre 1901 |
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La commune s'empresse donc d'envisager la construction d'un presbytère, qui n'existait pas puisque Bersange, dernier | ||
curé, habitait sa propre maison. Une souscription est ouverte, qui réunit 162 promesses de dons allant de 8 à 300 F, pour une somme totale, énorme à l'époque, de 11 270 F. La population a répondu massivement et avec enthousiasme à la demande ainsi faite, les habitants de Montgauguier étant fatigués de se rendre à Massognes pour assister aux offices religieux et désirant vivement un curé dans leur paroisse. Le terrain, ainsi que celui de la future église est, en grande partie, fourni gratuitement par plusieurs personnes, dont le maire. La construction, commencée en janvier 1857, est terminée en 1860, mais l'évêque nomme dès 1858 un curé, l'abbé Larderet, né à Thénezay, vicaire de Montierneuf à Poitiers, qui exercera son ministère à Montgauguier pendant 36 ans, y décédant en 1894 à l'âge de 67 ans. Il est enterré dans le cimetière de Maisonneuve où sa tombe est toujours en bon état. | ||
La chapelle redevient église paroissiale, mais dès son arrivée, le curé lance une nouvelle souscription pour l'érection | ||
d'une église plus grande. Elle obtient 137 promesses de dons allant de 10 à 500 F (cette dernière somme offerte par le curé lui-même) pour un total de 8 315 F. Les versements se feront en 10 ans, par parts égales. Deux autres seront ouvertes plus tard pour le dallage (rapport 460,80 F) et pour les cloches (rapport 787,95 F), et plusieurs quêtes seront faites ensuite pour les embellissements (autels, sculptures, statues, chaises...). La construction de l'église durera de 1859 à 1862. | ||
La carrière des Lourdines a fourni les blocs de pierre de taille pour construire les murs, et probablement celle de | ||
Beauvais les pavés recouvrant le sol. Ce serait l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui aurait payé les tableaux formant le chemin de croix, qui ornaient encore l'église dans les années 1970. | ||
Le 15 août 1861 : |
"Le maire fait observer au Conseil qu'il est urgent pour la continuation... des travaux de l'église, qu'il soit | ||
versé à l'entrepreneur la somme de 1 000 F provenant de la souscription du presbytère, sauf à la reprendre plus tard sur la souscription de 1'église..." | ||
Le chantier est d'ailleurs interrompu pendant plusieurs mois à partir du 24 août 1861. Le 4 novembre 1861 : | ||
"Le maire expose tout ce que l'administration municipale a fait depuis quatre ans pour le bien de la | ||
commune, uniquement à l'aide des souscriptions volontaires. Nous avons bâti un presbytère qui peut recevoir immédiatement le pasteur. Votre générosité a permis de commencer à construire une église avec 21 000 F de souscriptions et une subvention de 6 000 F, et tous les transports de matériaux que vous avez faits gratuitement..." | ||
Cette somme de 21 000 F comprend les deux souscriptions, pour le presbytère et pour l'église. Des dons nouveaux ont | ||
dû être faits, puisque les deux sommes citées ci-dessus ne représentaient qu'un total de 19 585 F. | ||
Le 9 novembre 1862, le conseil municipal décide de vendre la chapelle "pour aider à payer les travaux de l'église". C'est | ||
donc que la nouvelle construction a pris sa fonction d'église paroissiale à cette date (un de nos grands-oncles, Théophile Réau, résidant plus tard à Champigny, y est le premier enfant baptisé le 17 avril 1862). Mise à prix 600 F, la chapelle est vendue à la bougie le 1er avril 1865. Un seul acquéreur, Louis Brosse, menuisier à Maisonneuve, se présente et l'obtient pour 605 F. Le vieux bénitier servira plus tard de base à la croix de mission plantée le 8 mars 1896 le long de la rue de Mirebeau, sur le terrain de la maison actuelle de Jacky Vivier. Cette croix de bois, branlante et en mauvais état, sera supprimée et remplacée, en 1930, par une seconde en bois, installée quelques mètres plus loin, à l'angle des rues du Bourg-Bernard et de Mirebeau, à la place même où, des siècles auparavant, fonctionnait le four banal de Montgauguier. La croix actuelle, en béton cette fois, lui succédera plus tard et toujours au même endroit. La chapelle sera remise en état et deviendra une maison d'habitation et, pendant un certain temps, une épicerie (le terme d'épicier n'existe sans doute pas encore à cette date puisqu'en 1853, François Roy, de Maisonneuve, est mentionné comme "marchand d'épices" dans le texte d'une amende pour infraction à la "police de roulage"). | ||
Le 15 février 1863, la fabrique offre 2 100 F pour "aider à payer l'église". | ||
Le 7 novembre 1863, le conseil municipal reconnaît que : |
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"La commune manque de ressources pour payer l'église; l'entrepreneur, ayant fini les travaux depuis | ||
longtemps, demande à être réglé définitivement." |
Le 21 mai 1864, le maire déclare que la commune a payé 40 000 F pour les travaux de l'église et du presbytère. Enfin, le | |
1er novembre 1865, le conseil municipal solde les dernières factures pour une somme de 269,55 F (200 F donnés par le Préfet et 69,55 F par le curé Larderet). | |
Jean Texereau reprochait à celui-ci d'avoir empiété sur son terrain pour la construction de l'église. Le document n°17 lui |
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donne raison, et chez Albert Cointre, le décrochement existe bien. Est-ce pour respecter le sens liturgique ouest-est, la façade tournée vers Jérusalem, que l'église a été ainsi bâtie en biais ? Probablement. | |
Le troisième tableau du vitrail de la façade de l'église porte en haut la mention : "Missa solemnis XXII octobr |
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MDCCCLXVI" (un trou fait par une pierre a cassé le verre au milieu du millésime, mais il ne fait pas de doute que la date donnée ci-dessus : 22 octobre 1866, est exacte). Il représente un évêque assistant à une messe célébrée par un prêtre. Il s'agit anifestement de la consécration de l'église de Maisonneuve par Monseigneur Pie, probablement en présence du vicaire Samoyault, laquelle a réellement eu lieu le 12 avril 1867 selon un almanach du début du siècle, la cérémonie ayant sans doute dû être retardée de quelques mois (voir photo). | |
Pendant longtemps, on monte au clocher à l'aide d'une échelle. On finira par construire un escalier, après un long | |
désaccord entre le préfet et le conseil municipal, l'un le voulant en bois, l'autre le désirant en fer. | |
En même temps que l'église, est mis en service le nouveau cimetière dans lequel sont transportés les restes des | |
personnes enterrées sous les dalles de la chapelle désaffectée. De là, probablement, l'origine du monument anonyme qui se trouvait au milieu de l'allée centrale et qui a été déplacé il y a quelques années à l'extrémité sud du nouvel emplacement créé lors de l'extension de ce cimetière. C'est René Aguillon, grand-père maternel de Delphin Martin (futur maire de Montgauguier de 1884 à 1889) qui en a donné le terrain en 1856, prenant en échange le cimetière de Montgauguier et s'engageant à ne pas mettre ce dernier en culture avant un délai d'au moins cinq ans. Il a aussi été, avec notre propre arrière-grand-père, l'un des donateurs du terrain sur lequel l'église a été érigée. | |
Nous verrons plus loin que la transmission, en 1906-1907, des biens de l'église à la commune, imposée par la loi de | |
décembre 1905, donnera lieu à de violents incidents qui opposeront le curé Renaudin soutenu par une partie de la population et le conseil municipal appuyé majoritairement par l'autre. | |
Un dernier différend surgit entre le Conseil et le curé Charuault lors de son départ en 1944. Celui-ci a fait arracher dans le | |
jardin du presbytère des arbres fruitiers et la commune lui en demande le remboursement, ce qu'il refuse. Le conseil municipal délègue alors le maire, Hubert Cointre/ et un de ses membres, Aimé Vivier, pour exposer l'affaire à 1'évêché qui décide de verser immédiatement aux plaignants une somme de 700 F qu'il retiendra ensuite au curé Charuault sur son traitement. Selon des Anciens, il ne faudrait pas déduire trop rapidement de cet incident que le curé a voulu voler la commune, car ce serait lui qui aurait planté ces arbres à son arrivée. |
1)
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Vu l'avis du commissaire enquêteur qui déclare que la limite de la commune doit être reculée jusqu'à | ||
la route de Poitiers à Airvault. | |||
2)
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Vu l'avis de la commission syndicale composée presqu'en totalité d'habitants de Massognes et qui | ||
demande cependant que cette route devienne la limite des deux communes de Montgauguier et de Massognes, ce qu'elle n'eût pas fait si elle n'y eût été forcée par la justice et l'équité et si elle n'eût pas vu ses intérêts sauvegardés. | |||
3)
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Vu les trois pétitions adressées successivement par tous les habitants du petit hameau de La Mothe- | ||
Bureau au conseil municipal de Montgauguier pour s'agréger à cette commune de préférence à celle de Massognes. | |||
4)
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Considérant que la commune de Montgauguier, 6 fois plus petite en territoire que les deux communes | ||
voisines, a cependant les mêmes dépenses... et qu'elle est obligée de surcharger ses habitants... | |||
5)
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Considérant que si Monsieur... a proposé quelques modifications... c'était uniquement dans la pensée | ||
que toute la population se trouvait au lieu appelé Montgauguier ainsi que les avaient fait figurer sur un plan les adversaires du projet, tandis qu'au contraire la population tout entière est agglomérée au lieu appelé Maisonneuve... | |||
6)
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Considérant que ce qui fait l'objet de la demande est la propriété exclusive des habitants de | ||
Montgauguier, que le territoire réclamé touche à leurs maisons et que, quand elle l'aura obtenu, elle sera encore 4 fois moins étendue que Massognes et Vouzailles... | |||
7)
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Considérant que le conseil municipal de Vouzailles dans sa délibération du 15 juillet 1859 ne fait | ||
aucune objection à la réclamation de Montgauguier, dont il reconnaît la justesse en ne s'oppposant qu'à la demande de Massognes. | |||
Déclare à l'unanimité... qu'il suffit de jeter un coup d'oeil sur le plan... pour se convaincre que c'est | |||
pour un tout autre motif que l'ambition, que la commune de Montgauguier demande à faire entrer dans sa circonscription les terres qui l'avoisinent et appartiennent à ses habitants..." | |||
Remarquons que la commune a ici des difficultés à cause de son nom, ce qui se produira à nouveau pour l'installation | |||
du bureau de poste et pour les mêmes raisons. | |||
A cette date, Vouzailles accepte donc le démembrement et l'accord de Montgauguier avec les deux autres communes | ||
en cause est complet. Par contre Massognes, qui cherche à profiter de l'occasion pour récupérer les terres situées autour de La Sauvagère, ne semble pas avoir le même assentiment. | ||
Dans sa séance du 2 juin 1861, le conseil municipal signale que : | ||
"... toute la population de la commune s'est présentée devant le commissaire enquêteur, sans aucune | ||
exception, pour appuyer les réclamations faites déjà depuis trois ans... et faire entrer dans la commune tous les terrains qui avoisinent le bourg de Maisonneuve où réside toute la population de Montgauguier..." | ||
La délibération du 18 janvier - 1863 nous apprend que la commune de Montgauguier a élargi sa demande à : | ||
"une nouvelle portion de la commune de Vouzailles... ces terres très éloignées du chef-lieu de la commune | ||
de Vouzailles sont enclavées dans les habitations du chef-lieu de Montgauguier... ce qui est facile à constater... la dernière enquête a été favorable à ce projet... | ||
Considérant que, malgré cette nouvelle adjonction, la commune de Montgauguier sera encore trois fois | ||
plus petite que la commune de Vouzailles, et qu'ayant le même nombre d'habitants, elle a les mêmes charges... | ||
Demande avec insistance que le projet... soit adopté par l'administration si sage et si éclairée qui nous | ||
gouverne maintenant..." | ||
Montgauguier veut donc avaler un morceau plus gros encore et, pour obtenir satisfaction, la municipalité n'hésite pas à |
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flatter l'administration. Que dit Vouzailles devant cette nouvelle revendication ? Il ne semble pas que son conseil municipal ose prendre une position contraire à celle du commissaire enquêteur, entièrement favorable à la demande de notre commune. Mais par contre certains habitants déposent des réclamations, ce qui leur attire lors de la délibération du 21 mai 1864, une très longue et très vive réplique du Conseil, dont voici quelques passages, le dernier étant particulièrement savoureux : | ||
"Considérant que Monsieur le commissaire enquêteur déclare... qu'il y a la plus grande nécessité à sortir la | ||
commune de Montgauguier de sa triste situation... que la commune de Vouzailles, malgré la distraction de la portion projetée... conservera encore plus de 2 000 hectares... tandis que Montgauguier n'en aura que 690, que cette dernière commune... mérite au plus haut degré la bienveillance du gouvernement, parce qu'elle est toujours prête, suivant ses moyens, à seconder l'administration par son bon esprit, sa moralité, l'union admirable de ses habitants... | ||
Considérant que, dans les différentes réclamations de Vouzailles, qui se résument toutes dans une seule, | ||
signée Métayer et autres, on demande un examen approfondi avant... attendu : | ||
1) qu'il y a 5 ans, la commune de Montgauguier a dépensé 40 000 F pour bâtir une église et un | ||
presbytère... que la générosité de ses habitants , aidés du gouvernement et de la préfecture, a pourvu seule à ces énormes dépenses... tandis que les propriétés de ses habitants sont grevées d'une manière extraordinaire pour bâtir des maisons et autres à Vouzailles, établir des fontaines publiques, placer des horloges,... et que tout cela est bien loin d'être utile a Montgauguier... | ||
2) ... que le commissaire enquêteur a parcouru six fois le terrain... et qu'il déclare dans son admirable | ||
rapport, rédigé avec tant de clarté et de conscience, que la commune de Montgauguier est encore bien modeste... que du reste, dans cette protestation, comme dans celle signée Réau, on avoue que les réclamations de Montgauguier sont fondées... et que, pour faire un pareil aveu, il faut qu'il soit clair comme le soleil aux yeux de tous que... | ||
3) considérant enfin que si, comme le disent les soussignés de la dite protestation, Vouzailles possède tant | ||
d'avantages sur les autres communes, comme étant la résidence d'un notaire, d'un percepteur, comme ayant plusieurs routes qui amènent des étrangers, que si Vouzailles, comme ils prétendent encore, possède toute la vie intellectuelle du pays, c'est une raison de plus pour abandonner les terrains... à leurs légitimes propriétaires, les habitants de Montgauguier, qui ont aujourd'hui, n'en déplaise aux soussignés de la dite protestation, assez d'intelligence et d'esprit pour comprendre..." | ||
Les habitants de Montgauguier estiment qu'ils ne sont pas plus bêtes que ces prétentieux "intellectuels" de Vouzailles et le | ||
font savoir. Il est clair que le conseil municipal a été piqué au vif par les termes des réclamations (que nous aurions bien voulu retrouver). | ||
L'affaire semble être arrivée à sa conclusion peu après, puisqu'elle ne sera plus évoquée par la municipalité. Et le 25 avril | ||
1866, un décret du Conseil d'Etat donne entière satisfaction à Montgauguier (et aussi à Massognes pour La Sauvagère), en lui rattachant La Mothe-Bureau et quelques maisons au nord de La Valaille et en lui attribuant 291 ha 29 a 92 ca pris sur la commune de Vouzailles. Son territoire passe ainsi à 883 ha 57 a 12 ca. Ces nombres contredisent le compte-rendu de la réunion du 21 mai 1864, affirmant qu'après l'adjonction des terrains réclamés, Montgauguier n'aurait encore qu'une superficie de 690 ha. | ||
Il semble que Séraphin Larderet, alors curé de notre paroisse, ait contribué, grâce à ses relations, à la réussite de | ||
l'entreprise. Il y est d'ailleurs fait allusion dans une délibération municipale. Il aurait été en relation avec des personnages importants du Second Empire, dont le maréchal Mac-Manon, alors général, futur président de la 3ème République, qu'il rencontrait au château de La Bretonnière à Chalandray. Peut-être ne fait-il que "renvoyer l'ascenseur", puisque les habitants de Montgauguier ont participé avec enthousiasme à la construction du presbytère et de la nouvelle église quelques années plus tôt, tant par leurs dons lors des souscriptions volontaires que par leur participation à la recherche et au transport des matériaux. | ||
Voici tout de même les noms des maires de 1790 à 1849 : |
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1790-1793 : | François Jamin | |
1793-fin 1795 : | Louis Clave | |
1796-1800 : | agents municipaux : Jean Roy, Aymereau, Mestais | |
1800-1808 : | Jean Roy | |
1808-1813 : | François Roy | |
1813-1816 : | Vincent Cointre | |
1816-1831 : | Charles Marteau | |
1831-1841 : | Louis Martin | |
1841-ler décembre 1849 : | Anselme Verrier |
Ce dernier est un petit-fils de René Maillard, commandant de la garde nationale au début de la Révolution. |
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L'adjoint de Verrier, Pierre Martin, fera ensuite fonction de maire jusqu'à l'élection de Croizon fin janvier 1850. | |
De tous ces maires, seuls Jamin en 1790 et Croizon en 1850 sont élus au suffrage universel. Les autres sont nommés | |
par l'Administration ou élus au suffrage censitaire à partir de 1830 (voir document n°22). | |
Sous la Restauration, puis sous Louis-Philippe, sont seuls électeurs les contribuables qui paient un impôt élevé, ce qui | |
en limite considérablement le nombre. Ainsi, en 1817, il faut avoir plus de 30 ans et être imposé d'au moins 300 F de contributions directes pour être membre du collège élisant les représentants à la Chambre des députés (ce qui ne fait que 100 000 électeurs pour tout le pays). A Montgauguier, seul Louis Martin remplit ces conditions avec un impôt d'un montant de 344,78 F. En 1819, il est toujours le seul électeur de la commune et il n'y en a que 559 dans tout le département de la Vienne. | |
En 1846, 56 personnes peuvent participer aux élections municipales (la commune a 609 habitants). Voici les premières | |
de la liste avec le montant de leurs contributions. | |
Martin Jacques (père du futur maire Delphin Martin) | 199,40 F | |
Martin Louis (ancien maire) | 193,05 F | |
Martin Pierre (adjoint) | 171,16 F | |
Laplaine Jean | 89,46 F | |
Cointre Vincent | 74,02 F | |
Delafontaine Louis | 54,21 F | |
Réau Pierre | 46,31 F | |
Marteau Jean | 34,46 F | |
Deméocq Louis | 34,38 F | |
Verrier Anselme (maire) | 32,68 F | |
Sarrazin Joseph | 29,08 F | |
Gorin François | 29,06 F | |
Dadu Toussaint | 27,46 F | |
Thiollet Jean | 26,45 F | |
Rolland André | 25,55 F | |
D'après AV, 3H3, 18
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Seuls les trois premiers, qui sont fils de Louis Martin, acquéreur de Montgauguier (tous nés de son troisième mariage | |
avec Jeanne Marteau), sont suffisamment imposés pour participer à l'élection des députés. | |
Une liste complémentaire est établie, comportant 20 personnes payant de 13,21 F à 10,35 F d'impôt direct. | |
En 1850, les conseillers municipaux élisent Jean Croizon comme maire, avec Pierre Martin comme adjoint (il l'était déjà | |
depuis 1841). | |
A partir de 1852, les maires sont à nouveau désignés par les préfets. Louis Napoléon Bonaparte, Président de la | |
Seconde République depuis 1848, est devenu Président à vie après son coup d'état du 2 décembre 1851 puis Empereur le 2 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III. | |
Jean Croizon et Pierre Martin sont maintenus dans leurs fonctions. Le 29 juillet 1852, ils prononcent tous les deux le | |
serment suivant : "Je jure obéissance à la Constitution et fidélité au Président". L'Empereur exige un nouvel engagement des fonctionnaires ensuite, mais il n'y en a pas trace à la mairie (les registres de 1855 à 1860 ont disparu). Nouveaux serments de Jean Croizon, Pierre Martin et tous les conseillers, qui sont restés en place, le 12 novembre 1865 et le 22 août 1870 : "Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l'Empereur". Le dernier aura une durée éphémère, puisque Napoléon III est battu à Sedan 11 jours plus tard le 2 septembre 1870, et la Troisième République est proclamée le surlendemain de la défaite. | |
Des élections ont alors lieu, mais il manque des pages au registre, sur lesquelles les résultats étaient sans cloute | |
mentionnés. Jean Croizon et Pierre Martin, élus conseillers municipaux, sont à nouveau nommés maire et adjoint. Des lois votées en 1882 et 1883 accordent définitivement aux conseils municipaux le droit d'élire leur maire doté des pouvoirs qu'il a actuellement. Mais, à Montgauguier, c'est à partir de 1878 que les maire et adjoint sont choisis par le Conseil : toujours Jean Croizon pour le premier poste et Pierre Martin, fils du précédent, pour le second. L'ancien instituteur, Jean Nicolas Texereau entre au Conseil où il obtient 2 voix à l'élection du maire. | |
Sous la Troisième République, la vie politique française est souvent très agitée. Des affaires importantes, comme celle | |
de la "trahison" du capitaine Dreyfus, la séparation des Eglises et de l'Etat, l'opposition de la "Cagoule" suivie de l'avènement du "Front populaire", secouent violemment le pays et le partagent en deux camps antagonistes et déterminés, souvent irréductibles. | |
Qu'en est-il alors à Montgauguier ? Bien sûr, ses habitants sont éloignés de Paris et des grandes villes. Le temps et la | |
distance, mais aussi l'obligation du travail de la terre qui ne souffre pas de retard, tout cela fait que les gens de la campagne sont traditionnellement plus mesurés et conservateurs que les citadins. Nous savons tout de même, par les Anciens, que la période du Front populaire fut vécue intensément à Maisonneuve. On peut donc penser que, précédemment, la passion politique ne fut pas absente non plus. Elle transparaît souvent à la lecture des registres municipaux, dont la rédaction traduit les désaccords qui se manifestent au Conseil, lesquels ne sont eux-mêmes que le reflet de ceux qui s'élèvent dans la population. Après des périodes d'accalmie aux élections municipales où une seule liste est élue sans difficulté, la nécessité de deux tours de scrutin atteste la présence d'une opposition qui se retrouve ensuite au conseil municipal. Aux causes politiques peuvent s'ajouter ou se superposer des dissensions d'origine locale. Nous allons en voir quelques exemples. | |
En 1881, Pierre Martin et Jean Texereau sont réélus au conseil municipal, mais deux tours sont nécessaires pour | |
compléter celui-ci. Le 23 janvier, élections très disputées du maire et de l'adjoint : | |
Maire
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Adjoint
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1er tour | Cointre Pierre | 6 voix | Cointre Pierre | 6 voix | |
Martin Pierre | 4 voix | Gaucher Pierre | 6 voix | ||
Gaucher Pierre | 1 voix | ||||
Guyot Pierre | 1 voix | ||||
2ème tour | Texereau Jean | 6 voix | Gaucher Pierre | 5 voix | |
Martin Pierre | 6 voix | Martin Pierre | 5 voix | ||
Cointre Pierre | 1 voix | ||||
Guyot Pierre | 1 voix | ||||
3ème tour | Texereau Jean | 6 voix | Gaucher Pierre | 6 voix | |
Martin Pierre | 6 Voix | Martin Pierre | 6 voix | ||
Jean Texereau (55 ans) et Pierre Gaucher (57 ans) sont tous les deux élus au bénéfice de l'âge, Pierre Martin n'ayant que | |
40 ans. Manifestement, le Conseil est partagé en deux camps égaux et aussi déterminés, celui du maire et de l'adjoint représentant la "gauche". C'est la période des grandes lois scolaires de Jules Ferry et l'on peut remarquer que Jean Texereau, le maire, est aussi l'ancien instituteur. | |
La division du conseil municipal semble profonde. Elle s'efface pour des votes d'intérêt local, mais réapparaît dès qu'ils | |
sont politiques, comme celui pour la désignation du délégué et son suppléant en vue de l'élection sénatoriale. Là encore, trois tours de scrutin sont nécessaires pour chacun des votes, et le résultat est obtenu chaque fois au bénéfice de l'âge. Du jamais vu à Montgauguier-Maisonneuve ! | |
Délégué
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Suppléant
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1er tour | Texereau Jean | 6 voix | Texereau Jean | 6 voix | |
Martin Delphin | 6 voix | Martin Delphin | 6 voix | ||
2ème tour | Texereau Jean | 6 voix | Texereau Jean | 6 voix | |
Martin Delphin | 6 voix | Martin Delphin | 6 voix | ||
3ème tour | Gorin Louis | 6 voix | Roy François | 6 voix | |
Martin Pierre | 6 voix | Martin Pierre | 6 voix |
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