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  PAUILLE
   
   
   
   
   
 

ORIGINE

   
  En 1164, une bulle du pape Alexandre III place l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers sous la protection du Saint-Siège et
lui confirme la possession de ses biens, présents et futurs, dans la liste desquels on trouve CUSTEM DE POLLEC (Pauillé).
   
  Voici les 42 graphies du nom de ce hameau, relevées par Redet, archiviste à Poitiers :
   
  PAUGLE, PAUGLEZ, PAUGLY, PAUGLYE, PAUILLE, PAUILLER, PAUILLY,
  PAULLYE, PAUYLE, PAUYLLE, PAYLLE, PEUILLY, POGLY, POILHE,
  PAULGLE, PAULIE, PAUL1ER, PAULLE, PAULLI, PAULLIE, PAULLY,
  POILIER, POILLAY, POILLE, POILLY, POLLEC, POLLIE, POLLIER,
  POLLY, POLLYE, POLYE, POUGLY, POUILHE, POUILHY, POUILLE,
  POUILLY, POULHE, POULLE, POUYLLE, POYLLE, POYLLES, POYLLY.
   
  Il paraît que c'est un record, nous le croyons aisément !
   
  Pauillé dépend avant la Révolution de l'abbaye de Sainte-Croix, qui possède de vastes bâtiments à Poitiers, dans le quartier de
la cathédrale. Sur une partie de l'emplacement où elle s'est réfugiée en 1790, se trouve maintenant le musée de Sainte-Croix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   
  Radegonde, épouse par obligation du roi de France Clotaire, s'enfuit lorsque celui-ci tue le jeune frère de la Reine. Le Roi,
n'ayant pas d'enfants, accepte ce départ et donne à son épouse des terrains, en particulier à Poitiers. Radegonde y arrive vers 550 et y fonde un monastère avec l'aide financière du Roi. Celui-ci dote ensuite 1'ex-Reine de nombreuses exploitations agricoles pour faire vivre la communauté des moniales. Plus tard, beaucoup de religieuses qui entrent à Sainte-Croix sont d'origine noble et font don de biens importants à l'Abbaye qui devient, dans le Poitou, une grande puissance religieuse et économique.
   
  A la demande de Radegonde, l'empereur d'Orient lui offre une petite croix taillée dans le bois de la vraie croix, et enchâssée
dans un reliquaire rehaussé d'or et de pierreries, quiva donner son nom à l'Abbaye.

 

 

 

 

 

 

  Le temporel de celle-ci s'étend sur de nombreuses paroisses du Poitou. Dans notre région, elle a des possessions
importantes à Vouzailles, Maillé, Frozes, Ayron, Chalandray, Vouillé, Latillé, Vasles, Benassay, Mirebeau...
   
  A Pauillé, elle est propriétaire d'un vaste domaine, dont une maison noble fortifiée et de nombreuses tenures qui s'étendent
parfois sur les terres de Montgauguier.
   
  Au point de vue religieux, le village, avec Les Saules, est rattaché au prieuré de Cherves et appartient donc à cette dernière
paroisse. Mais, à partir du XVIIIème siècle, dans le registre de catholicité, on trouve quelques actes intéressant des personnes habitant "Pauillé, paroisse de Montgauguier". Sans doute, y a-t-il eu des constructions sur des terrains dépendant de la Commanderie.
   
  Deux textes anciens trouvés dans la liasse 2HI, 59 citent le "prieuré de Pauillé". Le premier du samedi après octave Saint-
Michel 1238 :
   
    "donation faite par Guy de Rochefort à la dame abbesse de Sainte-Croix de 5 mines de froment et 10 setiers de
  baillarge qui étaient dûs sur le prieuré de Pauillé aux fêtes de Saint-Michel et de Noël"
   
  Le deuxième du 26 mars 1380 :
   
    "Vente par Thomas Magot de Cherves à Etienne Métayer de Pauillé pour 60 s d'une mine de froment, mesure du
  prieuré de Pauillé"
   
  Mais il ne semble pas qu'il y ait eu un prieuré, comme l'affirme d'ailleurs le professeur Favreau dans "Histoire de Sainte-
Croix"
        MSAO 4ème-série, tome 19.
   
  Cette référence semble être due au fait que, dans les premiers temps, la ferveur religieuse était intense et le monastère de
Poitiers ne pouvait contenir le grand nombre de filles qui se consacraient à Dieu. Les abbesses furent obligées d'en envoyer des colonies dans leurs terres et maisons des campagnes, sous la direction d'une prieure. D'où, sans doute, cette appellation de prieuré de Pauillé.
   
  Les textes ci-dessous mentionnent une "mesure de Pauillé" que l'on retrouve citée dans plusieurs autres documents :
   
    "Le dimanche après la Saint-Michel 1305 Titre d'une vente en latin qui prouve qu'il y a une mesure de Pauillé
dépendant de l'abbaye de Sainte-Croix"
   
    "Le dimanche avant les Rameaux 1313
  Arrentement fait par Etienne Métayer, paroissien de Cherves, à Jean Guèche de Pauillé et Thomasse, sa femme d'une pièce de vigne... avec clause que lesdits conjoints paieront 3 mines de froment, mesure dePauillé"
   
    "Le dimanche après la Trinité 1314 :
  Vente de deux pièces de terre... mesure de Pauillé"
        AV, 2HI, 59
   
  Les contrats, alors, se signent chez le notaire le dimanche, sans doute après la messe; ainsi ne perd-on pas de temps.
   
  Plus tard, à partir de la fin du XVIème siècle, toutes les déclarations mentionnent les mesures de Mirebeau qui seront donc
alors en usage sur tout le territoire de la commune actuelle de Maisonneuve, comme dans toute la baronnie.
   
   
   
 

JUSTICE A PAUILLE

   
   
  L'abbaye de Sainte-Croix possède sur plusieurs de ses terres le droit de haute, moyenne et basse justice, mais à Pauillé, elle

n'exerce que les deux dernières. Cela n'empêche pas de nombreux conflits avec la seigneurie de Mirebeau, détentrice de la haute justice... en Anjou, mais pas en Poitou. Les désaccords entre les deux parties sont avant tout fondés sur la situation du village se trouvant dans l'une ou l'autre province, suivant les intérêts de chacun, tout comme la paroisse de Cherves.

   
  De plus, l'Abbaye a obtenu de plusieurs rois, dont Louis XIV en 1665, le privilège de "garde-gardienne", c'est à dire le droit
de présenter ses causes devant les juges de son choix. Et elle préfère Poitiers, donc le Poitou, plutôt que l'Anjou dont dépend Mirebeau. D'où les différends incessants, d'abord sur l'exercice du droit de justice, ensuite sur le ressort de celle-ci.
   
  Ainsi, à la suite de la pose de scellés sur une maison de Pauillé par les officiers de l'Abbesse et de la contestation qui s'en est
suivie de la part du baron de Mirebeau, les juristes de l'Abbaye établissent un mémoire dont voici les passages importants (voir document n° 24) :
   
    "Monsieur de Richelieu parait demander la nullité de la procédure sur le fondement que le fief de Pauillé et la
maison enquestion sont situés en Anjou..,. Monsieur de Richelieu soutient que la sentence du juge de Pauillé qui entérine les lettres d'émancipation de Savetier est nulle... Monsieur de Richelieu prétend que la sentence... a été incomplètement rendue par le lieutenant-général de Poitiers, attendu que la maison dont il s'agit est en Anjou Il faut donc prouver que le fief de Pauillé est en Poitou..."
        AV, 2HI, 62
  Le 9 décembre 1697, le Grand Sénéchal du Poitou rend sa sentence dans cette affaire :
   
    "François de la Trimouille, chevalier, marquis de Royan, baron de Commequiers, seigneur de Charny et autres
  places...
    Faisons savoir... que la dame Françoise de Montmorency de Laval, abbesse de Sainte-Croix, soit maintenue dans le
  titre... d'avoir et exercer la moyenne et basse justice de la seigneurie de Pauillé, faire apposer les scellés, les inventaires... par ses officiers...
    ... avec défense... à messire du Plessis de Richelieu, pair de France, de la troubler, et pour l'avoir fait, condamné aux
  dommages et intérêts et aux dépens..."
              AV, 2HI, 59
   
  Le 27 juillet 1726, nouveau différend pour la même raison de l'étendue de la juridiction :
   
  "... Cependant le sieur Cordonneau, procureur de la baronnie de Mirebeau, s'est avisé de faire un procès à la suppliante
Marie Thérèse Radegonde de Baudéan de Parabère, abbesse de Sainte-Croix, sous le nom de Jacques Dadu, fermier de Pauillé, qui prétend contester le droit de terrage... cela par adresse et dessein prémédité d'attirer la suppliante en la justice de Mirebeau et la distraire de ses juges naturels. Il n'en faudrait pas plus pour faire voir que c'est sans fondement que ledit Cordonneau qui est un procureur habile..."
              AV, 2HI, 59
   
  Le terrier de 1744 signale que l'abbesse paie, chaque année, 4 1 au baron de Mirebeau pour la franchise de ses hommes de
Pauillé (ainsi déchargés de l'obligation de faire le guet au château de Mirebeau).
   
  Mais les Abbesses s'adressent aussi à la justice pour des intérêts mineurs, n'abandonnant jamais la moindre parcelle de leurs
droits. Elles ont toujours de nombreux procès en cours, jusqu'à une trentaine, et dans cette époque pourtant très procédurière, elles semblent battre des records.
   
  Ainsi le 29 juin 1773 :
   
"Sentence du présidial du Poitou, au profit de Madame l'abbesse de Sainte-Croix et Louis Martin, son fermier de la
seigneurie de Pauillé, qui condamne Jean Boussiquet de payer à ladite dame ou son fermier, la dîme à la l/12ème partie des fruits sur une pièce de terre aux Cartiers."
          AV, 2HI, 59
   
  Nous verrons plus loin que l'Abbesse fut, aussi, longtemps en procès avec le curé du prieuré de Cherves pour la perception
de la dîme sur cette paroisse, et avec la communauté d'habitants de Cherves-Montgauguier pour le paiement de la gabelle.
   
  Les Abbesses sont très dures en affaires et gèrent parfaitement leurs nombreuses propriétés, dont elles savent tirer le
meilleur profit. La lecture de leurs contrats de métayage et fermage est très édifiante à ce sujet. Non seulement, elles se font payer la ferme, ce qui est normal, mais elles savent utiliser les corvées. à leur service, au maximum. Alors que celles-ci ont plutôt tendance à diminuer partout, dans les domaines de l'Abbaye elles se maintiennent totalement jusqu'à la Révolution. Voici les nombreuses obligations du fermier Pierre Chaigneau, dans son contrat d'affermage de 1758 :
   
    "...Les matériaux nécessaires aux bâtiments que lesdits preneurs seront tenus de faire charroyer et conduire à leurs
  frais...
    ... Feront aussi charroyer à leurs frais, les bois, pierres, chaux, terre, sable et matériaux qu'il conviendra lorsque
  ma révérende abbesse voudra faire bâtir... et conduire tous les vaisseaux à faire et mettre le vin qu'elle voudra faire venir à Pauillé.
   
    Comme aussi de charroyer les complants qu'elle a droit à lever à la paroisse de Cherves et aux environs et de lui
  amener la vendange qui en proviendra, audit lieu de Pauillé, en son pressoir, lequel madite dame abbesse se réserve avec le cellier.
   
    Seront aussi tenus les preneurs de mener en l'Abbaye à Poitiers tout le vin que ma révérende abbesse recueillera et
  amassera à Pauillé et de charroyer en cette ville les rentes anciennes dues en blé...
   
    ... Feront tenir les assises de ladite maison noble de Pauillé pendant lesquelles les preneurs logeront et nourriront
  à leurs frais les officiers de madite dame et leurs chevaux, tant en allant, venant et séjournant auxdites assises..."
                  AV, 2HI, 59
   
  Le contrat d'affermage du domaine de Montgauguier ne comportait pas tant d'obligations gratuites !
   
   
  De même, le sénéchal, juge civil et criminel des paroisses de Vasles, Maillé, Ayron... et autres dépendances de l'Abbaye
proches de Pauillé, applique strictement les directives de 1'Abbesse :
   
  "Le 23 août 1735
  Faisons défense aux habitants d'aller au cabaret pendant le service divin... à peine de 20 1 d'amende
Défendons à toute personne, de quelque qualité et condition qu'elle soit... de chasser sur les terres... avec des fusils et autres armes, à l'affût ou aux collets, lacets... à peine de 50 1 d'amende
  Ordonnons que ceux qui ont des chiens seront tenus de leur pendre au col un billot d'au moins 1 pied 1/2 de long et ne
pourront les mener dans la campagne...
  Faisons défense a toute personne d'entrer dans un champ où il y aura des grains semés, passé le premier jour de mai, sous
prétexte d'en ôter les.herbes... a peine de 10 1 d'amende
  Défendons de pêcher dans les rivières... à peine de 20 1 d'amende..."
      AV, 2HI, 63
   
  Ces amendes représentent des sommes énormes et doivent être très dissuasives.
   
   
  LES SAULES
   
  La mémoire collective fait état d'un relais de poste aux Saules, hameau situé alors sur la route de Poitiers à Airvault, cette
dernière ville étant le siège d'une importante abbaye avant la Révolution.
  Les changements de chevaux s'effectuant tous les 20 à 30 km, les distances respectives de ce hameau aux deux localités
rendent plausible cette éventualité. Cet arrêt aurait alors probablement été établi dans la maison actuelle de Marcel Viandier, la plus ancienne des Saules, ainsi que le veut d'ailleurs la tradition. Il s'appelait sans doute "Fontaine blanche". Ce nom est porté sur la carte de Cassini (document n° 2)
  Le nom des "Fontaines Blanches" (au pluriel) est cité quelquefois dans les documents avant la Révolution mais il semble
qu'il s'agisse ici d'un hameau situé près des Saules et dépendant de la paroisse de Montgauguier. Ainsi :
  "Le 7 septembre 1680, est décédé dans sa maison de Fontaines Blanches, se rendant de Poitiers, malade, sans avoir
reçu aucun sacrement de ma part, Messire Claude Rangot, écuyer, seigneur de Baron, époux de dame Charlotte de la Romaigne, lequel Rangot est mort subitement d'une pleurésie."
      RP de Montgauguier
   
  De même en 1692 : "village de Fontaines Blanches, paroisse de Gauguier"
  En 1699, Mathurin Savatier y est installé comme laboureur.
   
  La réalité du relais de poste aux Saules n'est pas établie. Par contre, on le retrouve avec certitude, avant la Révolution, à
l'hôtel de la Croix blanche à Vouzailles, là où se trouve toujours le café actuel (voir photo). S'y arrêtaient aussi, et encore au XIXème siècle et au début du XXème, les rouliers qui transportaient les blocs de pierre des carrières de Migné-Les-Lourdines dans la direction de Thénezay et au-delà. Ils s'y restauraient et y laissaient reposer leurs chevaux dans de vastes écuries. Avant la guerre de 1914-18, on y donnait des séances de cinéma ambulant pour les habitants de la région et, avant l'installation de l'électricité, le courant nécessaire était fourni par une locomobile à vapeur.
   
  Un document de la liasse 2 Hl, 61 fait état, au XVIIIème siècle, d'un lotissement de 22 maisons le long du chemin de Pauillé
à La Bretonnière. Ce chemin est sans doute celui de Beauvais actuel, puisque le château de La Bretonnière se trouve sur la route de Seran à Chalandray. Mais on ne voit la trace de ces maisons nulle part; sans doute le projet n'a-t-il pas eu de suite.
   
  Nous n'avons pas pu déterminer avec exactitude la date d'entrée de Pauillé dans la commune de Montgauguier. Lors de la
vente du domaine comme bien national en 1796, les actes portent encore "Pauillé, commune de Cherves". Les matrices correspondant au cadastre napoléonien indiquent avec précision tous les biens du curé Bersange décédé en 1804. Et Pauillé est alors mentionné dans notre commune. C'est donc entre 1796 et 1804 que le rattachement a été opéré, peut-être en 1802 lors de la suppression du canton de Vouzailles et l'entrée de Montgauguier dans celui de Mirebeau. Par contre le hameau des Saules est entré dans la commune à sa création en 1790.
   
   
  LA MOTHE-BUREAU
   
  Le dictionnaire topographique de Redet note à propos de La Mothe-Bureau : "Ancien fief relevant de la baronnie de Grisse".
   
  Celle-ci située sur la commune actuelle de Chéneché, dépendait de la baronnie de Mirebeau et avait, au moins, 23 fiefs dans
sa mouvance. En 1080, elle fait don de moulins sur l'Auxance à l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. En 1395, c'est une place forte entourée de murs et de fossés, dont le revenu varie de 60 à 120 1. A une certaine époque, elle avait le droit de haute justice.
   
  Le baron de Grisse devait l'hommage lige au seigneur de Mirebeau qu'il était tenu d'accompagner à cheval et en armes pour
lui servir d'escorte, lui faisant honneur et l'aidant à se défendre en cas de guerre. Le fief était alors dans la paroisse de Massognes. Après 1534, il passe au seigneur de Chéneché.
   
  Avant 1433, le fief appartient en vassalité à Philippon de Rochefort, en 1469 à Jeanne de Rochefort, puis à partir de 1483, il
devient la propriété de la famille Bureau qui lui donne son nom. Un Jacques Bureau est alors seigneur de la Vieille Motte et il rend aveu de la seigneurie de Quinchamp (située à Massognes) au baron de Grisse. Ensuite, les fils, tous seigneurs de La
Mothe-Bureau, se succèdent pendant plusieurs générations : Jacques, François, Léon, Claude, Charles, Claude. Au sujet de ce dernier, on lit dans le registre paroissial de Montgauguier :
   
  "Le 18 novembre 1655 décéda Monsieur de La Mothe-Bureau dans sa maison de La Guyardière et fut enterré dans
l'église de Vouzailles le 19 dudit mois."
   
  On trouve en effet, aux XVIème et XVIIème siècles, des déclarations faites par le seigneur de La Mothe-Bureau au
commandeur de Montgauguier pour les propriétés de La Guyardière et du Chêne.
   
  Ce Claude Bureau, décédé en 1655, et son épouse, sont souvent cités comme parrain et marraine à Montgauguier. Philippe,
le frère,devient ensuite le seigneur de La Guyardière.
   
  En 1656, Pierre de la Berrurière, seigneur de Villefranche et des Mées, devient seigneur de La Mothe-Bureau. Lui succède
son fils Jacques qui s'était marié en 1655 (Les fils des générations suivantes : Jacques, André, Urbain, Louis seront seigneurs de Saint-Laon-sur-Dive, et le dernier nommé assistera à l'assemblée de la noblesse, préparant les Etats Généraux de Versailles, à Loudun en 1789). Les signatures de Pierre et Jacques de La Berrurière et de leurs épouses apparaissent de nombreuses fois dans les actes d'état-civil de Montgauguier, surtout baptêmes et mariages.
   
  Le domaine de La Mothe-Bureau passe ensuite dans la famille Jolly, puis dans celle des Chabriel qui s'alliera plus tard avec
celle des Moulin de Rochefort de la région de Chouppes.
   
  C'est à partir du XVIIème siècle que semble avoir prévalu l'orthographe actuelle. Le blason des seigneurs de La Mothe était
"d'azur au chevron potence et contrepotencé d'argent, accompagné de trois fioles (buires) d'or."'
   
  A une date non déterminée, mais sans-doute avant 1638, et pour une raison inconnue, le fief de La Mothe-Bureau entre pour
une partie dans la mouvance de l'abbaye royale de Bourgueil, pour l'autre dans celle de la seigneurie de Massognes.
   
  C'est Emma, épouse du comte du Poitou, duc d'Aquitaine, Guillaume Fier à Bras, qui a fondé l'abbaye de Bourgueil au
Xème siècle et lui a fait don de propriétés importantes à Vouzailles, dont l'église, l'autre partie de la paroisse dépendant, comme Cuhon, du chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers. Jusqu'au début du XVème siècle, Vouzailles s'appelait Vosilia, du prénom d'une fille de Vosalius, notable gallo-romain, qui avait possédé des terres alentour.
   
  Dans le registre AV, J 583, on relève le passage suivant :
   
  "Titres, foi et hommages, aveux et dénombrements de partie du domaine de la seigneurie de La Mothe-Bureau à foi et
hommage lige au devoir de 20 s payables à mutation de seigneur et de vassal, le tiers aux loyaux aides..., dûs par dame Marie Jeanne Françoise Chabriel de La Mothe-Bureau, épouse ès-nom commun en biens de Messire Aymard Isidore de Moulin Rochefort.
  Premièrement :
    Un hommage en papier rendu à ladite seigneurie de Massognes par Messire Nicolas Le Boitel, prêtre, conseiller, aumônier du Roi, prieur du prieuré Notre-Dame de Chalais, comme fondé de procuration de dame Marguerite Ponset, veuve de Messire Louis Jolly, conseiller du Roi, Trésorier de France, en date du 20 juillet 1685. Signé Le Boitel, avec la procuration y attachée.
    Plus un aveu et dénombrement en parchemin, rendu à ladite seigneurie par ledit sieur Le Boitel audit nom, ledit jour 20
juillet 1685. Signé Le Boitel et Auriault, notaire.
    Plus un hommage rendu par Messire Nicolas Brebier, prêtre chanoine, aumônier de l'abbaye d'Airvault, comme fondé de procuration de Messire Melchior Jolly, seigneur de La Mothe-Bureau, le 14 juillet 1686. Signé Brebier.
    Plus un aveu et dénombrement rendu par ledit Messire Nicolas Brebier audit nom le 15 juillet 1686. Signé Brebier, Gorin, notaire.
    Plus un hommage rendu par Messire Claude Chabriel, seigneur de La Mothe-Bureau, le 16 juillet 1709. Signé Chabriel de La Mothe-Bureau.
    Plus un autre hommage rendu par dame Marie Jeanne Françoise Chabriel de La Mothe-Bureau de Moulin de Rochefort."
     
  Dans ce texte, on peut comprendre que les propriétaires d'une partie de La Mothe-Bureau déclarent foi et hommage au
seigneur de Massognes, puis lui rendent déclaration de leurs biens en 1685, 1686, 1709 et 1753.
   
  En 1735, Mademoiselle de Chabriel de La Mothe-Bureau a épousé dans l'église Saint-Hilaire de Mirebeau le comte de
Moulin de Rochefort (propriétaire à Poligny près de Chouppes et à Seuilly près de Mirebeau). Celui-ci est de la même famille et probablement le fils du seigneur de Rochefort qui a eu un litige précédemment, en 1717, avec le Grand Prieur, au sujet du droit de jaleau le jour de foire à Montgauguier, comme nous le verrons plus loin.
   
  Dans la liasse 1H 19, 63, concernant l'abbaye royale de Bourgueil, on trouve un "papier rentier et de récept des cens et
rentes dûs à la seigneurie et châtellenie de Vouzailles à commencer de la Saint-Michel". On y lit la déclaration :
   
    "La Mothe-Bureau. Noble et puissante dame Marguerite Ponset, veuve de Messire Louis Jolly, propriétaire de la terre et seigneurie de La Mothe-Bureau
    Doit le nombre de 10 boisseaux de froment et 10 boisseaux de baillarge de rente foncière, au terme de la Saint-
  Michel... sur 107 boisselées de terre en 6 pièces exemptes de la dîme.
    Transaction du 20 octobre 1638 passée devant Ragonneau, notaire à Mirebeau.
    Savoir : sur 30 boisselées de terre situées au terroir du Champ Reignoux, 30 boisselées au terroir du Planty, 15
  boisselées au terroir de La Valaille, 4 boisselées encloses dans le moulin de La Mothe-Bureau, 20 boisselées situées au-devant des moulins de La Mothe-Bureau, 8 boisselées à 1'ouche de la Mothe.
    Ladite rente a été reconnue par une déclaration rendue le 24 août 1684 en exécution d'une sentence rendue à la
    seigneurie de Vouzailles."
     
  Et plus loin cette autre :
   
    "Par devant les... du Roi, notaires au Châtelet de Paris, soussignés, furent présents :
    Messire Melchior Jolly, directeur de la maison et société de Sorbonne, seigneur de La Mothe-Bureau, demeurant à
  Paris..., paroisse de Saint-Germain,
    Leguel a déclaré qu'il est propriétaire en possession et héritages de La Mothe-Bureau, située en pays mirebalais,
  sise au terroir de La Valaille, contenant 15 boisselées ou environ
  Plus une autre pièce sise au terroir du Planty contenant 30 boisselées
    Une autre contenant 30 boisselées au terroir du Champ Reignoux
    Plus 32 boisselées à La Mothe-Bureau
  A cause de la châtellenie de Vouzailles, à charge de 20 boisseaux de blé, savoir : 10 boisseaux de froment, 10 boisseaux de baillarge, mesure de Vouzailles, payables " par chaque an au jour de la Saint-Michel.
   

Exempt du droit de dîme.
Le 24 avril 1687."

   
  Ces deux déclarations sont bien rendues pour la même propriété de 107 boisselées, pour une redevance de 20 boisseaux de
blé, à l'abbaye de Bourgueil. Nous ne savons pas pour quelle raison ce droit était aussi faible.
   
  Une note trouvée toujours dans la même liasse indique qu'en 1693, Melchior Jolly verse pour la "fréresche de La Mothe-
Bureau" : 60 boisseaux de froment et 60 boisseaux de baillarge. Ce droit semble plus conforme à l'importance du domaine, à moins qu'il soit versé pour les deux parties de la propriété qui seraient alors réunies, dans la mouvance de l'abbaye de Bourgueil, comme elles le seront avec certitude avant la Révolution.
   
  De toute façon, si l'on compare les trois déclarations ci-dessus, on s'aperçoit qu'en 1686-1687, le sieur Melchior Jolly est
seul propriétaire de La Mothe-Bureau qui dépend pour une partie de la seigneurie de Massognes et pour l'autre de celle de Vouzailles, elle-même appartenant à l'abbaye de Bourgueil.

  Ce partage ne semble pas convenir à cette dernière, si l'on en juge par la lettre suivante qui lui est adressée par Melchior
Jolly (en réponse sûrement à une remontrance qu'il a lui-même reçue) :
   
    " Menainville, le 1er août 1687    
    Mon révérend père, Dès que j'ai reçu votre précédente, j'ai quitté toutes mes affaires de famille et
    examiné mes papiers concernant La Mothe. Je fais sur le champ dresser une procuration pour vous rendre, ou à
votre sénéchal, une déclaration conforme à ce qui se trouve être sous votre seigneurie.
      Il faut que celui à qui je l'ai confiée ait été un paresseux ou que vous, ou vos officiers, l'ayez rejetée. Ce
    que je peux vous dire, c'est que je souhaiterais de tout mon coeur que toute La Mothe relevât de votre abbaye.
      Vous ne voulez pas, après avoir fait vœu de pauvreté et renoncé aux biens que vous pouviez avoir et
    acquérir, enrichir votre maison de ceux qui ne lui appartiennent pas. Conférez, je vous prie, avec vos officiers, examinez la déclaration que celui qui est porteur de ma procuration vous présente; si vous jugez qu'elle n'est pas assez ample, et si vos officiers sont de ce sentiment, obligez-moi d'en informer Monsieur l'abbé Brebier. Il a uneprocuration générale...
      Mais il me serait cruel, après avoir reçu toutes les honnêtes possibles de grands seigneurs (de qui je
    relevé qu'ils n'ont point voulu de mon argent qu'ils eussent à me reprocher de vous avoir porté déclaration de ce qui leur appartient sans avoir vu vos titres). Je ne crains les procédures qu'autant qu'un honnête homme de ma profession doit les craindre, c'est à dire que je me condamne
      le premier quand j'aitort et que je n'ai pas la honte d'avoir été condamné une seule fois en justice.
      Si vous trouvez ma conduite mauvaise, je m'en rapporte à Monsieur Guérin, prieur de Massognes, ou à
  Monsieur du Temple, avocat fiscal à Mirebeau, ou à tel qui vous plaira.
      Vous assurant que je suis sincèrement, mon Révérend Père, votre très humble et très obéissant serviteur.
        Jolly" AV, 1H19, 61
   
   
    L'adresse de cette lettre est ainsi libellée :
           
    "Au révérend à Bourgueil, le Révérend Père Blancvillain, ministre et procureur de l'abbaye de Bourgueil"
       
  En janvier 1723, Claude Bégaud, seigneur de la Jarrie, demeurant à La Guyardière, fait une déclaration pour plusieurs
pièces de terre situées à La Mothe-Bureau.
       
  Voici donc les propriétaires de La Mothe-Bureau que nous avons retrouvés, vassaux de la baronnie de Grisse, puis de la
seigneurie de Chéneché, enfin de l'abbaye de Bourgueil et pour une part, pendant un temps assez court, de la seigneurie de
Massognes, avec des dates certaines où ils vivaient :
       
1433...   Philippon de Rochefort  
       
1469...   Jeanne de Rochefort  
     
1483...1508 Jacques Bureau, seigneur de La Vieille Motte, gouverneur de la ville de Poitiers
       
1534...1539 Jacques Bureau, seigneur de La Mothe-Bureau
    François Bureau, seigneur de La Mothe-Bureau  
  Léon Bureau, seigneur de La Mothe-Bureau  
1571...1581 Claude Bureau, seigneur de La Mothe-Bureau  
       
1613...1619 Charles Bureau, seigneur de La Mothe-Bureau, décédé en 1619, enterré dans l'église Notre-Dame de Mirebeau
     
1619...1655 Claude Bureau, seigneur de La Mothe-Bureau, décédé en 1655, enterré dans l'église de Vouzailles
           
1656.. . Pierre de la Berrurière, seigneur de La Mothe-Bureau, seigneur des Mées.
     
1665...

Jacques de la Berrurière, seigneur de La Mothe-Bureau

     
1684... Marguerite Ponset, veuve de Louis Jolly
     
1686... Melchior Jolly, prêtre, docteur en Sorbonne
     
1709 Claude Chabriel
     
1753... Marie Jeanne Françoise Chabriel de la Mothe-Bureau de Moulin de Rochefort
     
  Avant et pendant la Révolution, René Merceron est fermier de La Mothe-Bureau. Il est plusieurs fois choisi par le district
de Poitiers comme expert chargé d'évaluer les propriétés de la région vendues comme biens nationaux.
     
  Le domaine de La Mothe-Bureau (tout comme la ferme de La Sauvagère) entre en entier dans la commune de Vouzailles
à la Révolution. C'est donc qu'il est alors totalement dans la mouvance de l'abbaye de Bourgueil. D'ailleurs, ces deux propriétés faisaient partie de cette paroisse pour la répartition de la taille en 1767.
   
  On peut donc émettre l'hypothèse suivante :
   
  Le fief de La Mothe-Bureau comprenait probablement à l'origine les deux parties actuelles de La Mothe-Bureau et de La
Sauvagère, la première relevant de l'abbaye de Bourgueil du XVIIème siècle au moins jusqu'à la Révolution, la seconde
dépendant de la seigneurie de Massognes pendant une certaine période antérieure à 1767. Mais cela reste une supposition ne s'appuyant sur aucun document.
   
  De 1820 à 1826 au moins, Jean Roblin possède les deux domaines et les cultive avec l'aide de deux domestiques et
quatre chevaux. Il a aussi un cheval de luxe et loue le moulin à Jacques Martin, meunier. Peut-être est-il le Jean Roblin de
Massognes employé aussi comme expert pour l'évaluation des biens nationaux. Selon la tradition orale, un Roblin, propriétaire de La Sauvagère sous le Second Empire, exploite plusieurs alambics dont il vend la production à de hauts personnages du Régime.
   
  De toute façon, le premier hameau entrera définitivement dans la commune de Montgauguier en 1866 et le second dans
celle de Massognes à la même date.
   
  Au début du siècle, les paysans des alentours venaient à La Mothe-Bureau ramasser des feuilles pour envelopper leurs
fromages. Les platanes qui bordent l'allée conduisant à la maison de Xavier Martin étaient et sont toujours les seuls aux
alentours.
   
Dans les années 1950, dans un champ appartenant à René Guyot près de La Mothe-Bureau, le sol s'effondra au passage
d'un attelage, laissant apparaître un souterrain parfaitement maçonné de pierres sèches formant la voûte, d'environ une cinquantaine
de centimètres de large, et dans lequel un homme moyen se tenait debout. Il prenait les directions opposées de Montgauguier et de
Massognes.
   
  Remarquons que quatre abbayes prestigieuses ont eu des possessions dans notre région : celle de Fontevraud à
Montgauguier et à Valette, celle de Bourgueil à Vouzailles et La Mothe-Bureau, celle des Châtelliers à Ibeille, au Duget, à
Beauvais, à Vivonne, celle de Sainte-Croix de Poitiers àPauillé, Maillé, Frozes...
   
  Terminons par une histoire plaisante plus proche de nous :
   
  Autrefois, le long de la route de La Valaille à La Mothe-Bureau, à mi-chemin, se trouvait à gauche une pierre où l'on
invoquait Saint Braillard, en face une autre où l'on s'adressait à Saint Lambin. Des mères, excédées et fatiguées
d'entendre la nuit "brailler" leurs enfants qui les empêchaient de dormir, venaient demander la fin de leurs tourments en déposant une pièce de un sou sous la première pierre. D'autres, dont les enfants tardaient à marcher, allaient de la même manière solliciter le second saint. Ensuite d'autres enfants, moins jeunes ceux-là, et qui savaient se déplacer rapidement sur leurs jambes, s'empressaient de récupérer cette menue monnaie qui leur permettait de se payer quelques friandises. Il existe encore à Maisonneuve plusieurs de ces garnements qui ont grandement profité des largesses de Saint Braillard et de Saint Lambin.
   
   
  LES DOMAINES DE MONTGAUGUIER ET DE PAUILLE
   
   
  Comme pour toute autre seigneurie, les territoires de Montgauguier et de Pauillé comprennent deux parties distinctes :
  Le domaine et les tenures.
   
  Le domaine est constitué par l'ensemble des terres situées autour du château, d'un seul tenant, et dont le seigneur est
pleinement propriétaire.
     
    une maison en forme de donjon, entourée de murs, courette et grands fossés dans lesquels est l'église de la paroisse
     
    plus une grande cour devant et à côté de la maison, où est 1'appartement du métayer
     
    plus le pré aux Alouettes
     
    plus le pré de la Couarde
     
    plus une autre pièce de pré, joignant... d'un bout au pré dépendant de 1'abbaye de Sainte-Croix et d'autre bout au pré de la demoiselle de La Guyardière.
     
    plus une autre pièce appelée le champ de la Croix aux Morts...
     
    En tout 11 689 chaînées, valant 1 168 boisselées 9 chaînées, valant 97 septrées 4 boisselées 9 chaînées, mesures de Mirebeau dont en prés 2 435 chaînées et en terres labourables 9 254 chaînées"
        AV, registre 472 et supplément H8
     
 

Le domaine de Montgauguier a donc alors une superficie d'environ 78 hectares. Il sera plus grand à la Révolution.

     
  Dans la liasse 3HI 550, on trouve la note suivante, datée d'avril 1737, sans doute écrite par un adjoint de l'intendant Berland :
     
    "Monsieur Serruau des Martinais, fermier de la commanderie de Montgauguier, a fait abattre dans la cour, fossés et garenne, une très grande quantité d'arbres, ormes, notamment en août 1736. Plus de 60 à 80 pieds... qui ont été abattus par :
     
      Jean Béguet journalier à Maisonneuve
     
      Jean Aymereau journalier à Maisonneuve
     
      Charles Aymereau journalier à Maisonneuve
     
      René Jamain, demeurant à Pauillé, paroisse de Montgauguier
     
    [Suivent de nombreux noms]
     
      François Chollet, dit Linet, métayer de la métairie de Montgauguier, a aussi abattu 17 ormeaux en août 1736.
  Il a employé trois journées entières à les charroyer... Il en a aussi charroyé dans la ville de Mirebeau, chez le sieur des Martinais.
 
    Jean Blanchard, maître maçon à Maisonneuve, Jean Pillot, sacristain et Jacgues Roy, garde de Montgauguier, ont
  connaissance des faits ci-dessus.
 
    Pierre Bonneau, Jean Bonneau, Charles Bonneau et Jacques Dribault, charpentiers... ont travaillé à mettre les arbres
  en ouvrage
 
    Des Lyonnais, scieurs de long, ont scié lesdits arbres Il a été transporté en grande quantité des planches à Mirebeau,
  en différentes années..."
   
  (René Jamain habitait dans la petite partie de Pauillé ne dépendant pas de la paroisse de Cherves)
   
  Par la suite, un mémoire, non daté, est établi à Poitiers, au siège du Grand Prieuré, à l'intention du Grand Conseil de l'Ordre
à Paris, mémoire dans lequel sont repris les griefs énoncés ci-dessus. Il y est demandé si le Grand Prieur serait en droit de se pourvoir devant le Grand Conseil (du Roi) :
   
    "... ce qui lui ferait bien plaisir, parce qu'il voudrait éviter de plaider devant le juge royal des lieux, qui est en
  Anjou et éloigné de sa demeure..."
   
  Le grand Conseil de l'Ordre délibère le 7 juillet 1737 et ne satisfait pas au désir du Grand Prieur, craignant, pour des
raisons assez obscures, de plaider devant le Conseil du Roi, qu'il préfère pourtant d'ordinaire au Parlement.
   
  Nous n'avons pu déterminer la suite de cette affaire, mais la lettre suivante de Jean Dribault (alors encore métayer) à
l'intendant Berland, montre que le fermier a une manière très personnelle d'interpréter son bail :
   
    "Montgauguier le 1er juillet 1740
Il aurait été bien nécessaire que vous fussiez venu pour mettre
  ordre à beaucoup d'affaires... Je vous dirai que Monsieur Serruau nous a beaucoup chagrinés en faisant débâtir entièrement un bâtiment proche de la chapelle de Maisonneuve, qui dépend de la Commanderie, pour en faire un ballet à la chapelle... Il y a aussi le bonhomme François Brin qui veut faucher un pré de la Commanderie... S'il le fait... nous irons cri [quérir] le foin avec notre charrette, mais nous ne voudrions point de différend, comme Monsieur Serruau prétend, lui, en faire pour la ferme..."
          AV, 3HI, 550
 
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