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Lorsqu'on étudie de près le registre
des délibérations, on constate un fort absentéisme
des élus de la municipalité du canton |
de Vouzailles. Les comptes-rendus sont signés
du président et du commissaire dont la présence est obligatoire,
mais seulement de quelques agents municipaux sur les 20 qui sont élus.
La charge n'étant pas payée, on préfère s'occuper
de ses affaires et certains, comme Aymereau à Montgauguier, choisissent
de démissionner avant la fin de leur mandat, pourtant court, puisque
de deux ans seulement. Il faut dire que leur rôle est ingrat, car
il consiste surtout à faire appliquer dans les communes les décisions
souvent impopulaires arrêtées au chef-lieu de canton. |
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A Vouzailles, siège aussi un juge de
paix élu, assisté d'un greffier. Il traite en première
instance les différends entre |
particuliers et prononce des peines inférieures
à 3 jours de prison ou à la valeur de 3 journées de
travail. Aux archives de la Vienne, un gros registre rend compte des nombreux
litiges qui ont surgi entre les habitants du canton de Vouzailles pendant
seulement quelques années. |
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Cette forme d'administration des communes créée
par le Directoire disparaît avec lui après le coup d'état
du 18 brumaire an |
8 (8 novembre 1799). Les maires sont ensuite
nommés par l'Etat et c'est Jean Roy qui le sera en juin 1800, sous
le Consulat, à Montgauguier où il exercera sa fonction jusqu'en
1808, date à laquelle il sera remplacé par François
Roy tisserand, lui aussi nommé par l'administration, sous l'Empire
cette fois. |
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En juin 1790, une réunion est organisée
au canton pour préparer la grande fête de la Fédération
qui doit se dérouler a Paris |
le 14 juillet suivant. Chaque commune envoie
sa délégation composée d'éléments de
la garde nationale : |
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"A aussi comparu le sieur René
Maillard, commandant de la garde nationale de la communauté de |
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Montgauguier, au nombre de 46, lesquels
ont unanimement nommé leurs députés : Hilaire Déméocq,
François Roy et François Guyot, demeurant a Maisonneuve, paroisse
de Montgauguier, lesquels députés, ayant ouï lecture
des ordres et décrets, ont promis de s'y conformer... Ayant lesdits
sieurs Maillard et députés signé la minute. |
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Chevalier Maillard, Déméocq,
François Guiot, François Roy |
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Jamin, maire" |
BMP, H 23 |
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René Maillard, qui a préféré
abandonner la particule, est un descendant de Paul Maillard de Grand-Maison.
Jean Métais, |
fermier de La Sauvagère, est commandant
dé la garde nationale de Vouzailles, qui comprend 56 membres. |
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Les députés désignés
à Vouzailles sont chargés de nommer à Poitiers avec
leurs collègues des autres départements : |
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"... 29 autres députés pour aller à Paris pour
faire, tant pour eux que pour nous tous, le serment de la |
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Confédération nationale, requis
et ordonné par le décret de l'Assemblée nationale du
8 juin pour le 14 juillet prochain. |
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A Vouzailles le 27 juin 1790" |
BMP, H 23 |
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La garde nationale a été créée
dès le début de la Révolution. Elle a pris la place
des milices de l'Ancien Régime. Elle est; |
composée de tous les citoyens "actifs"
valides, âgés de 16 à 60 ans, son commandant étant
élu, et chargée de protéger la commune des contre-révolutionnaires,
en particulier des émigrés qui cherchent à revenir.
Elle peut se déplacer quand il y a danger et, comme toute armée,
elle réquisitionne pour subsister. Ainsi Pierre Clave, fermier de
Montgauguier, s'adresse-t-il au directoire exécutif de Poitiers,
en mai 1792, pour se faire rembourser une somme de 29 1 10 s : |
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"... pour avance faite par lui en vertu
d'un ordre de la municipalité de Montgauguier pour avoir nourri et
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hébergé la garde nationale,
ainsi que les deux personnes qu'elle avait arrêtées, ainsi
qu'il est justifié par l'état que le sieur Clave a fourni,
lequel est approuvé par la municipalité." |
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AV, L 292 |
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A Montgauguier, peu d'habitants peuvent participer
à l'élection des députés à l'Assemblée
législative en 1791. En effet, les |
citoyens sont partagés en deux groupes
: les "actifs", gens aisés qui votent ou sont élus
et les "passifs", les plus nombreux, privés de suffrage
universel. Si l'on paie une contribution foncière équivalant
à trois journées de travail (3 livres), on peut nommer les
"électeurs" en les choisissant parmi ceux qui versent une
contribution d'au moins 10 livres. Cesont ces derniers qui élisent
les députés, lesquels doivent eux-mêmes acquitter un
impôt d'au moins un marc d'argent (54 1) pour avoir le droit d'être
candidat. |
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La constitution de l'an I établit ensuite
le suffrage universel mais n'est pas appliquée. Celle de l'an III,
au contraire, rétablit |
un suffrage censitaire à deux degrés,
encore plus sévère que celui de 1791. Comme il n'y a plus
alors que 20 000 électeurs en France, il semble bien qu'aucun habitant
de Montgauguier ne paie une contribution assez élevée pour
en faire partie, mais sans doute quelques-uns peuvent-ils participer au
premier tour pour les désigner. |
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A partir de 1792, on célèbre
la nouvelle religion civique qui prévoit un autel de la patrie et
la plantation d'un arbre de la |
Liberté, tâche rapidement exécutée
sur la place à Vouzailles. Lorsqu'il veut fêter un événement
important, le corps municipal (c'est ainsi qu'on appelle le conseil municipal)
y rassemble la population : |
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"... Nous nous sommes transportés au pied de 1'arbre de la Liberté,
toute la municipalité en écharpe |
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accompagnée de tous les citoyens
et citoyennes de cette commune. ... Un feu de joie a été allumé...
La municipalité, ainsi que tous les citoyens et citoyennes ont chanté
plusieurs hymnes en l'honneur de cette cérémonie et de l'armée
de la République dirigée contre Toulon, qui a bien mérité
de la Patrie. Ensuite la municipalité a assisté à '
un repas préparé à cet effet et bu à la santé
de la République. La fête a été complète... |
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A Vouzailles le 1er nivôse an 2 (9
janvier 1794(" |
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AV, L 450 |
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On célèbre ainsi la reprise de
Toulon aux Anglais, grâce à un jeune artilleur nommé
Napoléon Bonaparte. |
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Les arbres de la Liberté sont souvent
l'objet de critiques et de déprédations; un certain Bodin,
médecin à Mirebeau, |
conseille à des habitants de Vouzailles
d'arracher le leur. Il récidive le surlendemain à Champigny,
et Jean Réau, menuisier dans cette commune, le dénonce au
comité de surveillance de Mirebeau, affirmant que ce Bodin tenait
des propos violemment antirépublicains, en particulier en prenant
le parti des Vendéens, ce que confirment des habitants du canton.
De même à Vouzailles : |
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"Aujourd'hui 10 floréal an 4
(29 avril 1796) de la République française une et indivisible,
nous commissaire |
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près l'administration municipale
de ce canton, averti par la voix publique que dans la nuit dernière,
on avait mutilé l'arbre de la Liberté, placé sur la
place de ladite commune de Vouzailles, nous y sommes transporté et
avons vu que ledit arbre verdoyant avait été écorcé...
avons en outre examiné et aperçu que cela avait été
fait avec une serpe... De plus, on a voulu le couper à hauteur d'homme..." |
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Tous les fonctionnaires de la République
doivent, à intervalles réguliers, prononcer le serment de
fidélité à la Constitution : |
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"Séance du 2 pluviôse
an 6 (21 janvier 1798) |
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Convocation à 10 heures du matin
des fonctionnaires publics du canton pour prêter serment : |
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"Je jure haine à la Royauté
et à l'anarchie, je promets fidélité et attachement
à la République et à la |
|
Constitution de l'an 3."Des cris réitérés
de "Vive la République" se sont renouvelés et la
journée s'est passée, partie en banquet civique et autres
amusements, selon la localité du pays. |
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Signé pour Montgauguier : Roy, Aymereau,
Simon, Mestais" |
AV, L 450 |
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La Révolution a consommé plusieurs
constitutions, dont certaines n'ont d'ailleurs jamais été
appliquées, en 1791, 1793, an |
3 (1795), an 8 (1799). Voici pour le canton
de Vouzailles les résultats des votes pour la 2ème et la 3ème
: |
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en 1793 : 238 pour et 0 contre |
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en 1795 : 139 pour et 0 contre |
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Il ne faut pas s'étonner devant ces
nombres qui semblent montrer une belle unanimité. L'enthousiasme
du début s'est certes |
bien refroidi, mais il n'est tout de même
pas recommandé ensuite, si l'on ne veut pas s'attirer de gros ennuis,
de se faire remarquer en votant contre la Révolution ou en s ' abstenant. |
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La tâche de la municipalité de
Montgauguier et ensuite de celle du canton de Vouzailles est écrasante.
Voilà des gens |
chargés d'un énorme travail administratif,
auquel ils n'ont pas été préparés, et de mille
autres choses, dans un environnement qui, après l'enthousiasme du
début, leur deviendra souvent hostile, du moins pour certaines mesures
très impopulaires, comme les réquisitions ou l'envoi des conscrits
aux armées, comme le montre le passage suivant du registre de la
justice de paix de Vouzailles : |
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"Pierre Simon, menuisier, officier municipal,
demande à mettre sa vie en sûreté étant perpétuellement
menacé |
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d'être assassiné par le nommé
Jean Primault..." |
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Il est vrai que les réquisitions s'exercent
dans une situation économique difficile. Le registre paroissial de
Massognes a déjà |
signalé le terrible hiver de 1789 qui
a détruit les futures récoltes et amené des émeutes
dans la région, d'autant qu'il faisait suite à plusieurs mauvaises
années, dont 1785 et 1788. Et puis, au début de la Révolution,
certains paysans sont déçus de devoir racheter les redevances
seigneuriales ou, à défaut, d'être obligés de
continuer à les payer. |
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Voici quelques exemples des obligations des administrateurs
cantonaux et communaux :
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- Exercer la police dans la commune |
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" Le 14 brumaire an 3 (4 novembre 1794)
les assassinats multipliés que la horde brigandine ne cesse |
|
d'opérer sur les différentes
communes du canton de Vouzailles... A Assais ont été égorgés
quatre patriotes..." |
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AV, L 450 |
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" Le 23 prairial an 4 (11 juin 1796) |
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Je reçois de toute part,
citoyens, des plaintes sur les dévastations qui se commettent...
Qui ne voit que, de cette |
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licence, de ce brigandage... naîtrait
bientôt le découragement de 1'agriculture." |
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" Le 8 fructidor an 4 (25 août 1796) |
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.. des particuliers, revêtus de costumes
militaires, commettent le vol, le pillage et des assassinats..." |
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" Le 5 germinal an 5 (25 mars 1797) |
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.. vous trouverez ci-joint, citoyens, copie
de la lettre... qui exige que vous preniez toutes les mesures pour l'arrestation
des
individus qui y sont désignés. La surveillance la plus active
doit être assurée..." |
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AV, L 449 |
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" 1er jour complémentaire an 5 (17 septembre
1797) |
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Après lecture de l'article 21 de la loi du 25
septembre 1792. |
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L'administration municipale, considérant les malversations, abus,
usurpations qui eurent lieu l'an dernier |
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lors de la visite des vignes : |
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- il est expressément défendu
à tout citoyen propriétaire de vignes d'aller vendanger avant
les jours déterminés |
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par les bans de vendange, conformément
aux usages du pays. |
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- il est défendu aux grappilleurs d'aller
dans les vignes avant l'enlèvement des fruits." |
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Le 5 thermidor an 2 (23 juillet 1794), Etienne
Goutière, maire de Vouzailles, signale qu'il va recevoir 50 hommes
d'infanterie : |
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"pour nous aider à faire des
patrouilles pour empêcher les brigands de la Vendée de prendre
asile dans |
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notre territoire." |
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- Récupérer les cloches, faire
recueillir le salpêtre |
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" Poitiers le 21 pluviôse an
8 (10 février 1800) |
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Citoyens, |
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Les lois sur la descente des cloches n'ont
point été généralement exécutées.
Il en reste encore, outre celle qui |
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était réservée dans
chaque commune, plusieurs qui sont disponibles..." |
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En 1793, la Convention a décidé
qu'il ne serait laissé qu'une seule cloche par paroisse. Les armées
ont besoin de cuivre et |
de poudre pour fabriquer et faire tonner les
canons. Le salpêtre est récupéré en lessivant
les murs humides. On nomme un salpêtrier responsable dans chaque commune. |
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En 1'an 2, François Desgris de Montgauguier
se plaint que, dans le bois de saules qu'on lui a enlevé pour faire
du charbon |
propre à fabriquer la poudre (mélange
de salpêtre et de charbon de bois), il y avait de belles perches utilisables
et réclame 50 F d'indemnités |
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(d'après AV, L 305). |
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- Organiser les colonnes mobiles |
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" Poitiers le 22 fructidor an 7 (8
septembre 1799) Citoyens, Le salut de la France exige le déploiement
de |
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toute sa force et de toute sa puissance...
Efforçons-nous de dissiper les cohortes impies du royalisme et de
la chouannerie... Vous organiserez sur le champ des colonnes mobiles destinées
à maintenir la tranquillité publique... Tenez vos colonnes
prêtes à marcher vers les points du départements de
l'ouest qui vous seront désignés..." |
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AV, L 449 |
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Le travail a sans doute été négligé,
car : |
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" Poitiers le 1er prairial an 8 (21
mai 1800) |
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Citoyens |
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Nous venons de recevoir la certitude que,
de tous les citoyens que vous aviez désignés pour faire partie
de la |
|
colonne mobile, aucun n'est arrivé.
Nous vous prévenons en conséquence que nous allons diriger
sur votre canton la force armée en même nombre que le contingent
fixé; vous les répartirez dans les domiciles de chacun (des
citoyens) qui les nourriront et les paieront en outre 75 centimes par jour...
Si au bout de deux jours, cette mesure ne fait pas d'effet, nous ferons
doubler, tripler et même quadrupler la force armée, et nous
verrons si enfin nous viendrons à bout de leur résistance." |
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AV, L 449 |
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Le 28 brumaire (19 novembre 1799), on établit
un poste militaire de 100 hommes à Vouzailles. Les communes du canton
|
doivent pourvoir à leur subsistance. |
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- Organiser les fêtes révolutionnaires |
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Les fêtes chrétiennes disparaissent au profit des fêtes
patriotiques célébrées le décadi. Celui-ci remplace
le dimanche et, |
comme son nom l'indique, ne revient que tous
les dix jours. |
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En effet, la Révolution a créé
en 1793 le calendrier républicain qui remplace le calendrier grégorien
que nous connaissons, |
avec effet rétroactif au 22 septembre
1792, date de l'établissement de la République, qui devient
le premier jour de l'année. Celle-ci est partagée en 12 mois
de 30 jours chacun : |
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automne : vendémiaire, brumaire, frimaire |
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hiver : nivôse, pluviôse, ventôse |
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printemps : germinal, floréal, prairial |
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été : messidor, thermidor, fructidor |
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(noms inventés par Fabre d'Eglantine,
député, mais plus connu comme l'auteur de la célèbre
chanson "Il pleut, il pleut |
bergère" et qui sera guillotiné
en 1794) |
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Il reste donc 5 ou 6 jours, dits "jours
complémentaires" ou "sans-culottides", qui doivent
être consacrés à des fêtes |
républicaines (fêtes de la Vertu,
du Génie, du Travail, des Récompenses, de l'Opinion). |
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Le mois est divisé en 3 décades.
Voici les noms des jours : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi,
septidi, octidi, |
nonidi, décadi. |
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Il n'y a que trois jours de repos dans le mois,
mais on se rattrape avec les jours complémentaires. On pourchasse
dans les |
champs les paysans qui travaillent le décadi. |
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Ce calendrier, expurgé des noms de saints,
est mal accepté par la population, en particulier par les catholiques
qui veulent |
respecter le repos du dimanche, ce qu'on leur
interdit. Il sera supprimé par Napoléon 1er et l'on reviendra
au calendrier grégorien le 1er janvier 1806. |
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Les fêtes se déroulent souvent
sous forme de procession, comme les fêtes religieuses sous l'Ancien
Régime, la garde |
nationale encadrant le cortège. |
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" Poitiers le 26 nivôse an 6
[15 janvier 1798] Nous rappelons à votre attention l'arrêté...
concernant |
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l'anniversaire de la juste punition du dernier
roi des Français, qui doit être célébré
le 2 pluviôse de chaque année, correspondant au 21 janvier.
Nous ne doutons pas, citoyens, que les sentiments inébranlables de
haine à la royauté et d'attachement à la République
ne germent assez fortement dans vos coeurs pour être persuadés..." |
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AV L 449 |
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On fête ainsi la mort de Louis XVI guillotiné
le 21 janvier 1793. C'est une des quatre grandes fêtes républicaines,
les |
autres étant célébrées
le 31 mai, le 14 juillet et le 10 août. |
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" Poitiers le 1er floréal an
6 [20 avril 1798] Il doit être célébré le 10
floréal une fête des époux... Vous ferez |
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rechercher des personnes mariées
qui... auront mérité de servir d'exemples à leurs concitoyens.
Vous les proclamerez publiquement, le jour de la fête, et leur distribuerez,
au nom de la patrie, des couronnes civiques." |
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AV, L 449 |
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Le 10 prairial de chaque année, on célèbre
la fête de la reconnaissance. Les blessés et mutilés
de guerre y sont |
particulièrement honorés. |
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Robespierre a instauré, le 20 prairial an 2 (8 juin 1794), la fête
de l'Etre suprême (dieu qui remplace celui de la Raison). A |
Vouzailles, l'église est aussitôt
consacrée à ce nouveau dieu : |
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"Aujourd'hui 4 messidor an 2 [22 juin
1794], le conseil général de Vouzailles, après avoir
fait avertir le matin, |
|
au son de la caisse, tous les citoyens de
la commune, s'est transporté vers les trois heures de l'après-midi,
dans le temple dédié à l'Etre suprême." |
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AV, L 450 |
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Il existe aussi le 10 fructidor la fête
de la vieillesse et du malheur (pauvres, infirmes et malades au premier
rang), celle de la |
jeunesse le 10 germinal et celle de l'agriculture
le 10 messidor. Ces fêtes ont donc lieu le 1er décadi de chaque
mois. |
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- Répartir les impôts |
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Le 19 nivôse an 4 (9 janvier 1796), le
département envoie à Vouzailles quatre chasseurs du 7ème
régiment, accompagnés |
d'un commissaire civil. Ils resteront, nourris
par les habitants, jusqu'à ce que toutes les communes aient fourni
leurs rôles pour pouvoir répartir l'emprunt forcé sur
chacune d'elles. |
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La Convention avait déjà, en
1793, décrété la création d'un emprunt forcé
d'un montant d'un milliard, établi surtout pour |
éponger l'énorme quantité
d'assignats en circulation. Mais les émissions ayant repris et la
valeur du papier-monnaie continuant à dégringoler, le Directoire,
en décembre 1795, décide un nouvel emprunt forcé de
600 millions, et nous voyons que les conseils municipaux du canton ne s'empressent
guère d'en faire établir les rôles, craignant sûrement,
à juste titre, la colère de leurs administrés. |
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C'est à la suite de ce deuxième
emprunt que l'on décide de casser la planche à assignats (ce
qui est vraiment fait à Paris, |
place Vendôme, en public), ces derniers
étant remplacés par les "mandats territoriaux". |
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Le 5 thermidor an 5 (23 juillet 1797), les
administrateurs de Vouzailles transmettent à Poitiers la lettre suivante,
|
contresignée pour Montgauguier par Pierre
Simon : |
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"Vous exposent les administrateurs
de Vouzailles que... sur la répartition à faire dans les différents
cantons |
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de la somme de 1 633 000 F, le leur y est
compris pour 45 544 F... Le plus fort de leurs revenus consiste en vignes,
lesquelles ont perdu beaucoup par les hivers derniers et. . . ont été
abîmées par la grêle le 11 messidor dernier... Ils vous
prient donc, citoyens, de vouloir bien réduire la somme qui leur
est assignée." |
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AV, L 449 |
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A la séance du 12 thermidor an 5 (30
juillet 1797), la répartit sur les communes municipalité du
canton de Vouzailles |
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cote personnelle |
2 162 1 |
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cote mobilière et somptuaire |
4 234 1 |
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contribution additionnelle |
1 599 1 |
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soit |
7 995 1 |
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La part de Montgauguier est de :
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cote personnelle |
160 1 |
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cote mobilière et somptuaire |
319 1 1 s 8 d |
|
pour les 25 centimes additionnels |
120 1 |
|
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|
soit |
599 1 1 s 8 d |
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L'Assemblée Constituante a remplacé les
impôts de l'Ancien Régime par des "contributions"
acquittées par chacun en
|
fonction de ses ressources. Ce nouveau terme
se veut moins contraignant ("contribuer" sous-entend plus de liberté
qu'"imposer"), mais le résultat est le même, il faut
toujours payer. |
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Les contributions foncières s'appliquent sur le
revenu de chaque propriété. Pour en faire la répartition
sur les cantons, le
|
département se fait aider par une commission
de citoyens désignés par les différentes municipalités.
Ensuite une autre commission est chargée de ventiler sur les habitants
la somme fixée pour chaque commune. |
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La contribution personnelle somptuaire et mobilière
est constituée d'une taxe mobilière et d'une autre sur ce
que nous
|
appelons maintenant "les signes extérieurs
de richesse" : voitures, chevaux, domestiques... Et pour la répartir,
on crée, en 1797, les "jurys d'équité", composés
de quelques citoyens imposés (remarquons qu'il existe toujours aujourd'hui
dans chaque commune une commission chargée d'aider le contrôleur
à établir les impôts fonciers et mobiliers). |
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Le 18 thermidor an 7 (5 août 1799), on
met des garnisaires chez les répartiteurs d'impôts des communes
du canton de |
Vouzailles dont les travaux sur les matrices
des rôles sont en retard. De même, on en place chez les débiteurs
récalcitrants qui les nourrissent à leurs frais jusqu'à
ce qu'ils aient acquitté leurs dettes. Cet usage vexatoire, déjà
utilisé un siècle plus tôt contre les protestants (dragonnades),
ne sera officiellement supprimé qu'en 1877. |
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- Surveiller et aider les percepteurs |
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" Thénezay le 13 ventôse
an 4 [3 mars 1796] Le commissaire du directoire exécutif de Thénezay
à |
|
l'administration de Vouzailles : Je vous
invite à prendre des mesures pour que les percepteurs des communes
de votre canton ne se permettent plus de refuser ce que les contribuables
leur doivent." |
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AV, L 449 |
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Ce curieux rappel à l'ordre peut s'expliquer
ainsi : des habitants de Thénezay, propriétaires dans des
communes du |
canton de Vouzailles dont Montgauguier, veulent
payer leur contribution foncière en assignats dévalués,
comme, semble-t-il, la loi le leur permet, et des percepteurs renâclent,
préférant une monnaie plus consistante. |
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Il faut dire que les percepteurs ne sont pas des fonctionnaires comme aujourd'hui
mais, soit des volontaires qui se sont |
fait adjuger la charge moyennant rétribution,
soit, à défaut, des citoyens ayant été nommés
d'office par les conseils municipaux. Le percepteur est responsable sur
sa propre fortune de la bonne rentrée des contributions et quelquefois,
il est obligé de demander à un parent ou ami de lui servir
de caution. Il dispose de moyens de contrainte allant jusqu'à la
saisie des biens du contribuable, mais il arrive aussi quelquefois que l'administration
du département lui adresse un garnisaire lorsqu'il manque d'efficacité
dans son action. |
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Chaque commune a son percepteur. En 1799, celui
de Montgauguier s'appelle Métayer et réside à Maisonneuve. |
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Le 19 brumaire an 6 (9 novembre 1797), le percepteur
de Vouzailles, qui ne peut faire rentrer les contributions, demande |
qu'on lui accorde un garnisaire. On nomme Claude
Thibault. Le 28 frimaire an 6 (18 décembre 1797), il en réclame
deux autres. Cette situation de garnisaire n'est pas une sinécure,
comme le montre le passage suivant du registre de Vouzailles : |
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"Aujourd'hui 11 nivôse an 6 [31
décembre 1797] de la République française, par devant
nous, |
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administrateurs de Vouzailles, a comparu
Jean Hertu, garnisaire par nous autorisé à exercer dans le
canton, lequel a dit qu'ayant reçu mandement du citoyen Chauveau,
percepteur à Vouzailles, pour le citoyen Antoine Mineau demeurant
au hameau de la Rondelle, commune de Frozes, il s'est transporté
chez ledit Mineau. Celui-ci a répondu que c'était un autre
Mineau. Le citoyen Hertu s'est transporté chez le deuxième...
mais c'était bien chez le premier chez qui il était allé
d'abord... Y étant retourné, celui-ci a convenu que c'était
lui qui devait payer, mais qu'il ne le voulait pas et qu'il pouvait aller
se faire foutre... Hertu lui a demandé de respecter les lois et ceux
qui les faisaient exécuter... A quoi ledit Mineau a répondu
par mille injures..." |
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AV, L 450 |
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Mais il est toujours aussi difficile de faire
rentrer les impôts : |
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Vouzailles le 22 floréal an 6 [11
mai 1798] Le commissaire du directoire exécutif et agent des contributions
aux citoyens agents des communes du canton : Citoyens, J'ai reçu.o.
un nombre suffisant de contraintes... contre les contribuables arriérés
du canton. J'ose les retarder jusqu'à ce que vous ayez le temps d'en
prévenir vos administrés. Je vous prie donc... de leur déclarer
que je ne puis retarder plus de trois jours à poursuivre les réfractaires.
Je me plais à croire... que les contraintes ci-dessus demeureront
sans effets, et que l'égoïsme et la désobéissance
aux lois seront pour toujours bannis et expulsés de ce sol.
Salut et fraternité." |
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AV, L 450 |
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" 26 fructidor an 6 [12 septembre 1798] |
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A Montgauguier, les personnes suivantes
n'ont pas pris de patente pour 1'an 5 : |
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Louis Métayer, boulanger (n'a commencé
à travailler qu'en floréal an 5) |
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Pierre Guillon, tisserand (infirme de la
main gauche, ne peut travailler depuis deux ans) |
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Jean Boussiquet, maçon (travaille
peu)." |
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AV, L 450 |
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Gabriel Ridouard et Pierre Guillon (le tisserand
ci-dessus) de Maisonneuve sont nommés garnisaires, le 4 messidor
an 6 |
(22juin 1798) pour les communes de Montgauguier,
Frozes, Maillé et Chalandray. |
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- Opérer les réquisitions
pour le compte de l'armée |
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L'armée a de gros besoins et les réquisitions
se succèdent auprès des paysans qui font souvent la sourde
oreille. |
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En 1793, le recensement des bestiaux de la
commune de Montgauguier donne les résultats suivants : |
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6 chevaux, 9 juments, 3.poulains, 96 ânes,
34 mulets, 14 boeufs, 2 vaches, 212 moutons, 513 brebis, 7 béliers,
202 |
agneaux, 26 chèvres, 24 porcs, 0 taureau,
0 génisse, 0 veau. |
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L'état des ressources établi
par le maire Clave comporte 184 quintaux de foin, 747 quintaux de paille,
589 quintaux de |
fourrage, 10 quintaux d'avoine, 18 quintaux
de vesce, pas de luzerne ni de trèfle. |
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D'après AV, L 181 |
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Fin 1793, le canton de Vouzailles est imposé
de 60 quintaux de baillarge et 2 500 quintaux de paille; la quote-part de
|
Montgauguier est de 30 boisseaux de baillarge
et 636 bottes de paille. |
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Le 7 nivôse an 2 (27 décembre
1793), Louis Clave, alors maire de Montgauguier, est chargé de parcourir
le district pour |
requérir, au nom de la loi, 4 000 boisseaux
de froment. Malgré ses récriminations, notre commune est imposée
de 50 boisseaux de froment et 50 de baillarge. |
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Un mois plus tard le bureau des subsistances
de Poitiers donne l'ordre à Clave de réquisitionnner 1 700
boisseaux de |
froment dans le canton de Mirebeau et 1 500
autres dans celui de Vouzailles. |
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Nouvelles réquisitions le 1er sans-culottide
an 2 (17 septembre 1794). |
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Louis Clave s'active beaucoup et déclare
à Mirebeau qu'il craint de grands malheurs si les approvisionnements
des |
armées sont retardés. |
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Le 14 brumaire an 3 (4 novembre 1794), les
officiers municipaux du canton observent que les impositions ne sont |
payées que difficilement, que les contribuables
font preuve de beaucoup d'insouciance et que les réquisitions ne
s'effectuent pas. Un mois plus tard, le 20 frimaire an 3 (10 décembre
1794), l'administration envoie à Vouzailles deux chasseurs à
cheval jusqu'à ce que soient livrés 600 boisseaux de blé.
Ils sont placés chez le plus récalcitrant des paysans : Jean
Mestais. |
|
|
|
Le comité de surveillance et révolutionnaire
décide de faire emprisonner neuf cultivateurs de Maillé qui
ont refusé d'obéir |
aux réquisitions du vin. Les gendarmes
sont renvoyés par le maire Sauzeau et un agent municipal Guillon
qui seront arrêtés plus tard à la place de leurs administrés
puis relâchés ensuite. |
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Le commissaire enquêteur Guyonnet, qui
a été désigné par l'administration du district
de Poitiers, vient enquêter à |
Vouzailles le 10 ventôse an 3 (28 février
1795), mais ne peut y trouver les 82 quintaux de foin et 12 de paille dont
cette commune reste débitrice, et doit se contenter des 10 quintaux
de paille qu'il a réussi à dénicher, et qui, d'ailleurs,
ne pourront pas être livrés aussitôt, le chemin de Poitiers
étant impraticable pour les charrettes. |
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Il y avait peu de chevaux dans le canton, les
travaux des champs se faisant avec des boeufs et surtout des ânes
et des |
mulets. Le canton de Vouzailles avait fourni
7 chevaux en 1794, payés de 350 à 600 1. Mais on en réclame
d'autres : |
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" Poitiers, le 27 pluviôse an
8 [16 février 1800] Vous deviez fournir 4 chevaux, juments, mules
et mulets, et |
|
vous n'en avez fourni aucun. Ceux que vous
avez présentés ont été rejetés. Vous
voudrez bien vous acquitter de votre continqent... ou me certifier, sous
votre responsabilité, qu'il n'en existe aucun..." |
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AV, L 449 |
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|
On récupère aussi les armes,
les selles, les brides, les faux, les faucilles. Notre région fournit
du vin et des céréales aux |
troupes de l'Ouest et à la marine de
Rochefort. A partir de janvier 1794, le commerce du blé est réglementé
et soumis à une autorisation administrative, cela afin d'empêcher
ce que l'on appellera beaucoup plus tard "le marché noir". |
|
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Lorsqu'un paysan est en retard pour ses récoltes,
quelle qu'en soit la raison (maladie, fils tiré au sort pour l'armée),
on |
réquisitionne les autres paysans, et
même les artisans, pour l'aider. |
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- Surveiller les émigrés |
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Le 9 novembre 1793, Louis Clave affirme devant
le directoire exécutif de Poitiers qu'il n'y a pas d'émigrés
à |
Montgauguier. Plus tard le maire reçoit
la circulaire suivante : |
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" Poitiers le 1er prairial an 6 [20
mai 1798] La loi nous fait un devoir impérieux de surveiller les
|
|
émigrés... Vous voudrez bien
employer tous les soins pour empêcher qu'il ne s'en introduise aucun
sur votre territoire, et pour faire arrêter sur le champ ceux qui
tenteraient de s'y présenter..." |
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AV, L 449 |
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Justement, on en a trouvé un à
Montgauguier : |
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"Au quartier général
de Poitiers le 19 prairial an 7 [7 juin 1799], André Mouret, général
de division, |
|
commandant la 21ème division militaire.
Le nommé François, Jérôme, Charles, Toussaint
Grandmaison, se disant de la commune de Montgauguier... est détenu
dans cette commune comme prévenu d'émigration et de contravention
à la loi du 19 fructidor an 5. Je désirerais avoir sur le
prévenu tous les renseignements propres à éclairer
la commission militaire...
Salut et fraternité" |
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Mais bientôt l'affaire se dégonfle
: |
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"... Vu l'interrogatoire subi par François...
Grandmaison, le 12 messidor an 7 [30 juin 1799] Vu le |
|
certificat... duquel il résulte que,
lors de la Révolution, se voyant sans état... il prit le parti
d'aller mendier... Considérant que ledit Grandmaison doit plutôt
être considéré comme menant une vie vagabonde que comme
émigré, le. nommé Grandmaison sera remis en liberté.
Il lui sera remis un faire-part pour se rendre à Montgauguier...
Le 19 nivôse an 8 [9 janvier 1800]" |
|
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AV, L 285 |
|
Ce Grandmaison, descendant de l'officier des armées
de Louis XIV venu s'installer au Bourg-Bernard un siècle plus tôt,
|
n'était donc qu'un clochard et non le
dangereux émigré que, sans doute, une dénonciation
avait envoyé en prison. |
|
|
|
Il faut dire que les premières années
de la Révolution, l'un rivalise avec l'autre pour dénoncer
son voisin. Voir à ce sujet |
les documents n°14 et 14 bis reproduisant
une très longue lettre envoyée le 4 septembre 1791 par le
conseil municipal de Montgauguier à la "Société
des Amis de la Constitution" qui s'est formée à Poitiers,
comme dans toutes les villes de France, pour défendre la République
contre les "Aristocrates". Ces assemblées sont des émanations
du Club des Jacobins de Paris et on en a dénombré jusqu'à
406 en 1791. A la bibliothèque municipale de Poitiers, une liasse
contenant un grand nombre de lettres adressées à cette société,
venant de toutes les régions de France, témoigne du véritable
délire de la dénonciation qui atteint les Français
pendant quelques années. Et les habitants de Montgauguier, en particulier
les édiles qui savent écrire, n'échappent pas à
cette déplorable manie. |
|
|
|
Deux semaines après l'envoi de la lettre
citée ci-dessus, la municipalité en adresse une autre, bien
plus violente, à la |
Société. Elle comporte 4 pages
dont nous tirons les passages suivants : |
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|
"Municipalité de Montgauguier,
canton de Vouzailles... le 21 septembre 1791 |
|
|
|
Frères et amis, |
|
|
Nous ne sommes pas surpris de la parole
qu'a portée le sieur Clave, en votre assemblée... au sujet
du |
|
prêtre que nous vous demandons...[Nous
ne pouvons] laisser le scandale que porte la langue infernale du ci-devant
chevalier Maillard, aristocrate... On vous dira que cette troupe d'aristocrates
déchaînés contre nous n'a pas tort, parce qu'on veut
leur faire payer les impositions auxquelles ils sont asujettis... Ils n'ont
pas d'autre but que de tendre à notre désunion, ce qui n'arrivera
pas, et toute notre populace les a rebutés. |
|
|
Il est vrai que le sieur Clave a un intérêt
particulier à soutenir cette partie... C'est que ledit Clave, |
|
Maillard, Brault, Martin, Garnier et le
ci-devant curé Bersange et un autre curé pensionnaire chez
ledit Bersange, honnêtes gens en apparence, avaient cabale ensemble
et de commun accord, il était décidé entre eux que
des sieurs Clave, l'un ou l'autre serait maire, le chevalier Maillard et
Brault seraient officiers et que le nommé Martin serait greffier.
En conséquence, cela aurait été une municipalité
bien composée pour écraser la populace d'impôts. |
|
|
La municipalité ayant rassemblé
o tout le peuple... pour reconnaître leurs terrains... il se trouva
dans la |
|
déclaration des sieurs Clave, 150
boisselées d'erreurs qu'ils avaient cachées, en celle de Brault
58, en celle de Maillard dans le peu qu'il peut avoir 20 et ainsi de suite
des autres... Jugez donc, chers frères, de l'état où
tout le pauvre monde aurait été plongé si on n'eût
pas vaincu tous les aristocrates cabaleurs... |
|
|
Il est vrai que c'est un grand mal de coeur
pour ces messieurs, de n'être pas admis à cette place comme
|
|
étant, disent-ils, les principaux
de la paroisse. Cette place est trop honorable pour aucun d'eux et principalement
pour les sieurs Clave... S'ils veulent en disconvenir, on vous fera passer
le relevé du registre sur lequel sont inscrits leurs 'fragandélits'
[flagrants délits]. |
|
|
Vous ne trouverez en nous que coeurs remplis
d'union et de charité, toujours prêts à nous comporter
en |
|
véritables frères pour le
soutien de la Constitution. |
|
|
Jamin, Maire Recouppé Delafond Guiot
Déméocq Ridouard Mestais Aymereau, greffier" |
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|
|
BMP, S19 |
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|
La Révolution avait chargé les
municipalités de répartir les impôts, remplaçant
en cela les assemblées des habitants de |
l'Ancien Régime. |
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|
L'un des frères Clave se défendra
en écrivant lui aussi à la Société : |
|
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" Le 2 décembre 1791 |
|
|
Ayant appris que la municipalité
de Montgauguier vous avait informés que nous avions cherché
à les |
|
induire en erreur, en ne déclarant
pas la quantité des terres de notre domaine, je crois qu'il est de
notre intérêt et de notre honneur de nous justifier... Il est
malheureux pour nous que nous soyons inculpés dans cette affaire
par des êtres qui ne se piquent pas de dire la vérité...
Votre sagacité, monsieur, me rassure et comme vous ne voyez jamais
les objets avec le microscope de la prévention, j'espère que
vous voudrez bien faire droit à ma demande.
Clave, fermier de Montgauguier" |
|
|
|
BMP, S19 |
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Que sont devenus tous ces gens dénoncés
comme mauvais républicains ? Ont-ils au moins été frappés
par les foudres |
de la justice ? |
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Louis Clave sera officier municipal un an plus
tard, puis maire ensuite pendant 2 ans. |
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|
Louis Martin deviendra adjoint au maire Jean
Roy quelques années après. |
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|
René Maillard avait été
commandant de la garde nationale l'année précédente,
élu par le peuple avec la bénédiction de la |
municipalité. Nous ne savons pas ce
qu'il est devenu, mais sa famille avait alors perdu son importance du siècle
passé. Nous avons vu qu'il possédait peu de terres et qu'un
de ses parents était clochard. |
|
|
|
Jacques Brault était le fermier des
domaines de la Guyardière et du Chêne. Il ne semble pas avoir
joué un rôle actif |
pendant la Révolution; son fils Pierre
sera propriétaire de La Guyardière en 1813, lors de l'établissement
de la première matrice cadastrale. Marié à une fille
Maillard (ex de Grand-Maison), il ira ensuite habiter Cuhon et deviendra
maire de cette commune. |
|
|
|
Et Jacques Aymereau qui a signé la lettre
du 21 septembre 1791, accusé par ses adversaires d'être "un
banqueroutier, un |
affronteur et un perturbateur de l'ordre public",
deviendra en 1797 agent municipal de Montgauguier auprès de la municipalité
de Vouzailles. |
|
|
|
Quant au curé Bersange, il a déjà,
à cette date, prêté serment à la Constitution,
puis s'est rétracté, il jurera à nouveau en |
septembre 1792. Il donnera toute satisfaction
à ses paroissiens qui feront une pétition pour le conserver
et sera jusqu'à sa mort en 1804 un précieux auxiliaire de
la municipalité. |
|
|
|
Celle-ci se distingue d'ailleurs particulièrement
dans la délation, car elle dénonce même un de ses membres,
Jean Roy, f |
utur maire. Début ventôse an 3,
elle envoie au district de Poitiers une lettre pour prévenir que
celui-ci : |
|
|
|
|
"... a refusé d'obéir
aux réquisitions et a usé de voies de fait envers un chasseur
[soldat] qui avait été |
|
établi chez lui jusqu'à ce
qu'il eût obéi à la réquisition, de l'avoir chassé
de chez lui en lui fermant sa porte, enfin de se soustraire aux ordres qui
lui avaient été donnés en vertu de la loi" |
|
|
|
AV, registre L82 |
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Le district transmet la lettre au Comité
de surveillance et révolutionnaire qui décide le 6 ventôse
de faire comparaître Jean |
Roy devant lui manu militari, et le 8 nivôse
: |
|
|
|
|
"Sont comparus au Comité les
citoyens Lhéritier et Bally, gendarmes à la résidence
de Latillé, lesquels nous |
|
ont amené par-devant nous le citoyen
Jean Roy, notaire public et cultivateur de la commune de Montgauguier, en
vertu du mandat d'amener décerné contre lui le 6 du mois,
provenant de désobéissance à la loi en se refusant
d'obéir à la réquisition de paille pour les armées.
Après avoir été entendu sur les faits dont il est prévenu,
desquels il s'est trouvé convaincu, il a été arrêté
que, par mesure de sûreté, il sera sur le champ conduit à
la maison d'arrêt du dépôt pour y rester en détention
jusqu'à nouvel ordre." |
|
|
|
AV, registre L82 |
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Le comité écrit à la municipalité
de Montgauguier le 11 nivôse pour |
|
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"... la prier de nous envoyer le recensement
de foin et paille à mélange que peut avoir le nommé
Roy arrêté ici |
|
sur leur dénonciation..." |
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Les conseillers municipaux se rendent alors
peut-être compte de leur infamie, car ils répondent le 14 nivôse
que Jean Roy |
n'a pas de foin, qu'il ne peut fournir que
de la paille, et demandent qu'il soit remis en liberté |
|
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"... pour le besoin qu'il a d'être chez lui
pour vaquer à son affaire, sa soeur étant seule et incapable
de pouvoir |
|
rien faire..." |
|
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|
Le Comité libère Jean Roy après
6 jours de détention. |
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Les dénonciations pleuvent aussi dans
les communes proches. Ainsi à Cherves, les frères Barault
sont incarcérés le 22 |
frimaire an 3 (12 décembre 1794) pour
"avoir communiqué avec les brigands de Vendée et avoir
volé dans les environs de Saint-Loup". Ils sont innocentés
27 et 42 jours plus tard, le 19 nivôse pour l'un et le 14 pluviôse
pour l'autre. De même Bourgnon, maire de Liaigues, est emprisonné
pour "avoir tenu des propos antirépublicains". Les maires
de Mirebeau et Champigny témoignent en sa faveur et il est remis
en liberté. Le maire d'Amberre subira lui aussi le même sort. |
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|
|
- Organiser la conscription |
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|
Une des tâches les plus importantes du
Directoire exécutif et des municipalités de canton est d'effectuer
le tirage au sort |
des conscrits qui vont défendre le pays
et surtout de préparer leur départ vers leurs cantonnements.
Ce n'est pas facile, les malheureux désignés y mettant beaucoup
de mauvaise volonté. Car les volontaires du temps de "la Patrie
en danger" se font rapidement très rares et, à partir
de 1793, leur nombre insuffisant oblige à réaliser une levée
obligatoire pour les armées. Voici comment s'effectue ce tirage au
siège du canton de Vouzailles : |
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" 4 prairial an 7 [23 mai 1799] |
|
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Les billets portant les noms, roulés
dans des étuis de bois, sont disposés au fur et à mesure
de l'appel dans |
|
une roue de fortune en verre clair et transparent...
La roue ayant été tournée à plusieurs reprises...
un jeune enfant tire un des étuis de la roue... Les citoyens dont
les noms sortent sont proclamés conscrits de deuxième et troisième
classes..." |
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AV, L 155 |
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Sur un tableau datant du 17 floréal
an 7 (6 mai 1799), comprenant 55 conscrits de 3ème classe du canton,
voici quelle est |
leur origine : Ayron : 9, Chalandray : 1, Cherves
: 9, Cramard : 2, Frozes : 24, Jarzay : 0, Maillé : 1, Montgauguier
: 4, Villiers : 2, Vouzailles : 3. |
|
|
|
Le sort semble bien injuste en n'ayant désigné
aucun soldat à Jarzay, mais 24 à Frozes. Il faut relativiser
ces nombres en |
tenant compte de l'effectif de la population
de chaque commune, très différent de celui d'aujourd'hui.
Voici en effet les résultats du recensement de 1792 : |
|
|
|
Ayron : 753, Chalandray : 196, Cherves : 986,
Cramard : 345, Frozes : 1243, Jarzay : 172, Maillé : 321, Montgauguier
: |
534, Villiers : 308, Vouzailles : 548. |
|
|
|
Certains de ces nombres étonnent celui
qui connaît ces villages aujourd'hui, et méritent une explication.
En 1790, la |
plupart des communes sont créées
à partir des paroisses, sans aucune modification territoriale. C'est
le cas de Montgauguier, mis à part Les Saules, les hameaux de Pauillé,
La Mothe-Bureau étant intégrés plus tard. Par contre,
Ayron reçoit, à sa formation, Angenay, Nouzières et
Rigommier, pourtant parties de la paroisse de Vouzailles, avant la Révolution.
Ces trois villages ne seront rattachés à cette dernière
commune qu'en 1817. Il semble qu'on ne puisse expliquer que par une opération
inverse le nombre si élevé d'habitants de Frozes en 1792.
Sans doute la commune d'alors comprenait-elle des hameaux qui en ont été
détachés ensuite (c'est le cas de celui de La Rondelle, maintenant
dans la commune de Champigny). La faible population de Chalandray s'explique
parfaitement, puisque Cramard était alors autonome. Cherves perdra
quelques années plus tard la soixantaine d'habitants de Pauillé. |
|
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|
Le plus grand des futurs soldats désignés
à Vouzailles en 1799, mesure 1,65 m. Chacun d'eux reçoit
un viatique de 35 F
|
son départ. |
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|
Un autre état comprend, sur 33 conscrits
de 2ème classe, 11 infirmes "reconnus valables", atteints
de cécité, épilepsie |
boiterie, soit un sur trois, pourcentage énorme.
De nombreux jeunes gens essaient d'éviter la conscription en déposant
un dossier médical et en produisant plusieurs témoignages
en leur faveur, mais le contrôle est sévère, car l'armée
a besoin de recrues, aussi bien aux frontières qu'en Vendée. |
|
|
|
Certains jeunes, pour échapper à
la levée en masse, s'en vont travailler dans les ateliers de salpêtre
comme celui célèbre, |
de l'abbé Champion, installé
dans le presbytère et l'église Saint-André de Mirebeau.
D'autres, s'ils en ont les moyens, paient un remplaçant (ce qui est
légal). Ainsi, le prairial an 7 (26 mai 1799), Louis Meunier de Montgauguier
prend comme suppléant Pierre Monory de Thénezay, qui est accepté
par le médecin militaire. |
|
|
|
En 1804, on taxe les conscrits réformés
d'une contribution de guerre d'un maximum de 1 2 00 F, mais bon nombre |
d'entre eux ne peuvent la payer. |
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|
En 1799, le directoire exécutif de Poitiers adresse
au canton de Vouzailles la lettre suivante :
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" Poitiers, le 6 germinal an 7 [26
mars 1799] Nous sommes instruits que 4 conscrits de la première classe
|
|
de votre canton se cachent dans les bois
pour se dispenser d'obéir à la loi... Leurs parents feront
très bien d'aller les chercher... Ces jeunes gens ont été
se joindre aux fendeurs de bois de La Ferrière." |
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AV, L 449 |
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|
|
Car c'est après le tirage au sort que les difficultés
commencent pour les municipalités, et cela, dès le début
de la
|
Révolution |
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|
|
"L'arrêté du département...
nous enjoint de faire rejoindre dans les plus brefs délais, les jeunes
gens de |
|
notre commune qui sont requis, c'est à dire
de 18 a 25 ans... Nous avons fait tout ce que nous avons pu... La majeure
partie se détermina à partir samedi dernier... Il n'en restait
que 2 ou 3... que nous nous attendions à vous dénoncer...
Mais ils sont de retour d'hier de manière qu'il n'y en a pas trois
qui ne soit au pays. De tels abus deviennent dangereux... Nous attendons
vos ordres à ce sujet.Salut et fraternité.
Maisonneuve de Montgauguier, le 20 frimaire an 2 [10 décembre 1793]
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Clave maire, Mitault procureur" |
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AV, L 140 |
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On fait rechercher les déserteurs par
la troupe : |
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" Séance du 12 ventôse
an 8 [2 mars 1800] En réponse à la lettre du général
Mouret, commandant la |
|
21ème division à Poitiers,
en date du 4 ventôse an 8, portant que 50 hommes de la garde nationale
seront désignés pour seconder, le 18 de ce mois, la gendarmerie
pour arrêter et saisir les conscrits fuyards et déserteurs,
l'administration nomme à cet effet : à Montgauguier :
Gabriel Roy, garçon demeurant aux Saules François Roy, garçon,
demeurant à Maisonneuve |
|
François Ayrault, domestique chez
la veuve Morin, demeurant à
Maisonneuve |
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AV, L 450 |
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" Séance du 22 ventôse
an 8 [12 mars 1800] S'est présenté le citoyen Morelle, gendarme,
lequel a dit qu'ayant fini hier de faire rechercher avec la colonne mobile
du canton de Vouzailles, des conscrits déserteurs... conformément
aux ordres reçus, il nous invite à dresser procès-verbal... |
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le 21 dudit mois, il s'est rendu dans la
commune de Montgauguier; arrivé à Maisonneuve, il s'est présenté
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chez Pierre Girault et on lui a répondu
qu'il était parti à Poitiers... et qu'on ne l'avait pas vu
depuis; ensuite chez René Roy, même réponse; chez Louis
Challeau, n'y a trouvé personne; la force armée a fait injonction
aux voisins de faire connaître son transport audit conscrit et à
ses parents; chez Jacques Guillon, sa mère a répondu qu'il
était parti pour Poitiers; René Boulin, même réponse;
François Gorin, même réponse; Louis Delafond, même
réponse; chez François Dribault, il n'a trouvé personne..." |
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AV, L 450 |
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Le gendarme s'est présenté aussi,
sans plus de succès à Ayron, dans cinq familles, à
Chalandray dans une, à Cramard |
dans deux, à Cherves dans neuf, à
Maillé dans quatre, à Vouzailles dans sept. |
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Alors le directoire exécutif prend de
dures sanctions. En effet, une loi du 2 frimaire an 2 (22 novembre 1793),
assimile |
les déserteurs et les insoumis aux émigrés,
et leurs parents aux parents d'émigrés : |
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9 prairial an 7 [28 mai 1799] |
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Le citoyen André Jaulin, dit Charonet,
de Montgauguier, père de conscrit déserteur de première
classe, a |
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reçu chez lui la garnison et n'en
a pas payé les frais...
L'administration municipale... charge le commissaire de poursuivre..." |
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Mais ces contraintes sur les parents ne donnent
guère de résultats, d'où cette lettre de la municipalité
du canton de |
Vouzailles au directoire exécutif de
Poitiers : |
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"Le détachement des vétérans...
pour faire rejoindre les lâches conscrits... est dans le canton depuis
12 |
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jours. Les recherches, les menaces, la garnison,
rien ne peut faire paraître ceux qui se sont retirés dans les
bois à cinq ou six lieues entre La Ferrière et Parthenay où
ils ont trouvé asile... sous la sauvegarde des bûcherons, fendeurs
et autres. Les parents de ces conscrits sont presque ruinés par les
frais qu'occasionne la garnison... Je vous prie de vouloir bien me dire
quelle conduite je dois tenir." |
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AV, L 155 |
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Et, après de nouvelles injonctions de
l'administration, le commissaire répond, désabusé : |
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"La proclamation, pour leur entrée
en caserne, a été affichée partout... Chaque agent
municipal les a |
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avertis vocalement... et pour que personne
n'en prétendît cause d'ignorance, on a, ou sonné les
cloches, ou battu la caisse, et je suis fâché de le dire, tous
les parents sont restés sourds..." |
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AV, L 155 |
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Tout ce travail nécessite beaucoup de
paperasse, des états de toutes sortes en plusieurs exemplaires. Alors
les agents |
municipaux succombent sous la tâche et
les observations, puis les reproches, et enfin les menaces pleuvent sur
eux. Voici trois lettres reçues à quelques jours d'intervalle
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" Poitiers, le 4 thermidor an 5 [23
juillet 1797] Je vous ai demandé... Je vous ai depuis renouvelé
cette |
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demande... Je vous préviens que si...
je ne pourrai me dispenser d'en informer le ministre..." |
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" Poitiers, le 17 thermidor an 5 [5
août 1797] Vous ne me paraissez pas avoir appelé à votre
travail toute |
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l'attention... des formalités que
vous n'avez aucunement remplies..." |
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" Poitiers le 29 thermidor an 5 [17
août 1797] Voici plusieurs plaintes, citoyens, qui me sont portées
contre |
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vous à cause de votre insouciance...
Plusieurs communes de votre canton, notamment celle de Montgauguier, n'ont
pas fourni le rôle des impositions de l'an 5. Nous ne devons pas vous
dissimuler que nous allons prendre et autoriser les mesures les plus sévères
pour contraindre les percepteurs... Et s'ils justifient en avoir été
empêchés par votre fait ou votre négligence, vous devez
vous attendre à des désagréments que vous aurez bien
mérités." |
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AV, L 449 |
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Pendant la fameuse nuit du 4 août 1789,
l'Assemblée Constituante a voté l'abolition des privilèges
de la Noblesse et du |
Clergé. Mais, contrairement à
ce que croyaient certains paysans, ne sont supprimés que les corvées
et servitudes personnelles dont les banalités quand elles existaient
encore, les droits de chasse et de colombier, plus, il est vrai un peu plus
tard, la dîme qui représentait une redevance importante. Les
autres droits seigneuriaux (cens, terrages, rentes diverses...) sont maintenus,
mais rachetables à un taux assez bas de 3,3 % du prix du bien sur
lequel ils s'appliquent (dit au "denier 30"). Des émeutes
contre cette décision éclatent dans certaines régions,
les paysans refusant d'effectuer le rachat, et l'Assemblée législative,
puis la Convention, finissent par supprimer ces droits sans indemnités
le 25 août 1792 et le 17 juillet 1793 (documents n°13 et 13 bis).
Par le fait de cette abolition gratuite, les fermiers, comme Louis Martin
à Pauillé ou les Clave à Montgauguier perdent une partie
de leurs revenus. Ils demandent donc tout naturellement au directoire exécutif
de Poitiers, la réduction du montant de leur bail. |
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